mardi 27 novembre 2007

De l'utilité des comptines

Les dix petits nègres
Agatha Christie


Hachette jeunesse, 2007.



Il se passe quelque chose d'anormal. Les dix personnes conviées sur l'île du Nègre en ont la certitude. Pourquoi leur hôte est-il absent ? Soudain, une voix s'élève, accusant d'un crime chaqueinvité. Commence alors une ronde mortelle, rythmée par les couplets d'une étrange comptine...

Oh! Quel machiavélisme madame Christie ... J'ai vraiment adoré. Quel bonheur de se plonger dans un roman de cette grande dame anglaise. C'est court, passionnant, simple, intelligent. C'est tout simplement un superbe moment.
J'aime cette ambiance de l'ancienne Angleterre, huis clos inquiétants et personnages au passé trouble. Au lieu de nous faire peur avec des meurtres sadiques et sanguinolants au possible comme dans les thrillers d'aujourd'hui, notre grande dame du crime mise sur la vie antérieure des protagonistes, sur les méthodes, les mobiles, la mise en scène, l'ambiance étrange et c'est vraiment mieux selon moi.
Un roman qui m'a captivée du début à la fin. L'écriture est toujours aussi parfaite et l'énigme autant introuvable. J'ai adoré ce jeu avec la comptine. Terrifiant!
J'ai mis très longtemps avant de commencer l'oeuvre d'Agatha Christie, mais mon attente est largement récompensée.

"Elle frissonna au souvenir de la face convulsée d'Anthony Marston.Comme elle passait devant la cheminée, elle regarda les vers de Milton encadrés de métal chromé : "Dix petits Nègres s'en allèrent dîner. L'un d'eux s'étrangla et il n'en resta plus que neuf." En elle-même, elle se dit : "C'est épouvantable! Exactement ce qui s'est passé ce soir !" Pourquoi Anthony Marston s'était-il suicidé? Véra n'avait nulle intention d'attenter à ses jours. Elle repoussait de tout son être l'idée de sa mort... mourir... C'était bon pour les autres."

(Dix petits nègres, Livre de poche, p 96)


(Source de l'image : abcmaths.free.fr)

lundi 26 novembre 2007

Au bûcher!

C'est ainsi que les hommes vivent
Pierre Pelot



Le livre de poche , 2006.



Automne 1999. Lazare Grosdemange, journaliste et grand voyageur, revient sur les lieux de son enfance. Un accident lui a fait perdre la mémoire dans des circonstances troublantes qu'il cherche de toutes ses forces à éclaircir.
Au début du XVIIe siècle, dans cette partie des Vosges, Dolat, fils d'une paysanne brûlée pour sorcellerie, apprend qu'il a été recueilli par les religieuses de Remiremont et adopté par une demoiselle de haut lignage. Il se retrouve impliqué avec Apolline, sa " marraine " devenue sa maîtresse, dans les intrigues qui secouent le duché de Lorraine, et doit s'enfuir vers la Bourgogne voisine. La guerre de Trente Ans qui dévaste la Lorraine atteint bientôt ces régions sauvages et sépare les deux amants. Par des voies secrètes et souterraines, la quête de Lazare Grosdemange va croiser, au-delà des siècles, les aventures de Dolat, " fils du diable ". Fresque hallucinée de la guerre de Trente Ans et roman contemporain, C'est ainsi que les hommes vivent est une immense aventure du langage et de la mémoire.

J'ai terminé ce livre bien plus tard que prévu. Il est vrai que c'est un monument! Cette lecture n'est pas de tout repos : violence, sexe, trahison, haine, passion, ... Tout tourne à une vitesse impressionnante. De plus, L'auteur a une écriture très savante. Ce roman demande beaucoup d'attention.
Pour revenir à l'histoire elle-même. Elle m'a beaucoup plu. Les précisions sur les us et moeurs de l'époque sont parfaitement bien décrites. On s'y croirait. Certaines scènes donnent la chair de poule (la scène du coffre sur les seins par exemple et bien d'autres vraiment écoeurantes).
Par contre, j'ai mis du temps à m'attacher à Apolline. Cette jeune fille un peu glaciale dans la première partie du roman a réussi à obtenir mon amitié qu'à partir de sa fuite avec Dolat. Pas avant. Au début de l'histoire, je ne comprenais pas les sentiments d'Apolline pour Dolat : intérêt, véritable amour, ... ça m'énervait un peu! Mais la fin éclaire tout pour notre plus grand plaisir. J'ai beaucoup aimé la fin de l'histoire du XVIIème siècle mais moins celle du XXème ... Cette dernière m'a paru un peu soudaine!
Le personnage que j'ai préféré et que je ne suis pas prête d'oublier est Clauda, la mère de Dolat. Magnifique!

Donc, un livre que j'ai aimé mais qui parfois m'a paru un peu long ... Certaines scènes sont majestueuses d'autres un peu fastidieuses ... En tout cas, un roman à lire, passionnant et enrichissant ... malgré de grosses difficultés!

"Elle se leva. Elle tremblait de tout son corps et gardait les mains croisées sur ses seins. Les méches dénouées par le tirage de la robe et retombant de part et d'autre sur sa figure. Le mouvement de redressement fouetta et aviva autour d'elle l'odeur qu'elle portait sur la peau. Elle se tint droite, soufflant profondément et baissant les bras le long du corps, montrée telle qu'elle était et comme si par cela elle eût espéré quelque impensable changement dans l'ordonnement des choses écrites, passées comme à venir, comme si elle eût pensé par cette attitude attirer vers elle le regard même de Dieu."

(C'est ainsi que les hommes vivent, Livre de poche, p 93)


(Source de l'image : pagesperso-orange.fr)

mardi 20 novembre 2007

Moment passionné ...

Un livre ... Un banc ... Une histoire ...

(Source : yoda.zoy.org/2004/0429-Ebisu_Meguro/01-Livre_....)

dimanche 18 novembre 2007

Pause BD

Tintin et l'île noire
7

Hergé, Casterman, 2006.



Tintin aperçoit un avion en difficulté. En allant voir les pilotes pour leur demander s'ils ont besoin de quelques choses, l'un deux lui tire dessus. Tintin se retrouve à l'hôpital et comprend qu'un mystère se joue. Ses aventures l'emméneront jusqu'en Ecosse où la terrible île noire l'attend ...

Encore un très bon petit Tintin. Toujours aussi efficace, dynamique et entraînant.Une petite préférence pour la dernière partie du livre lorsque Tintin est sur l'île noire. Dommage que ce passage soit si court.Des Dupond et Dupont toujours aussi gauches et drôles.
Une bonne BD!

Bulle de douceur

Kiki la petite sorcière

Film d'animation japonais
Hayao Miyazaki




Un petit bijou de film. Je l'ai vu dans un tout petit cinéma de campagne et j'en garde un magnifique souvenir.
Une histoire simple sur les petites joies de la vie qui m'a mis le coeur en fête pendant des semaines.
Tout est douceur et tendresse dans ce film. L'on a envie de sourire à la vie, de prendre le temps de vivre et de déguster chaque seconde ...
La BO est aussi un pur plaisir de bonne humeur ...
Une atmosphère sereine et simple. Un bonheur!



Dans la famille de Kiki, on est sorcière de mère en fille. Mais pour avoir droit à ce titre, il faut partir faire son apprentissage dans une ville inconnue durant un an.
Un soir, accompagnée de son chat Jiji, après avoir embrassé ses parents, Kiki enfourche le vieux balai de sa mère et met le cap vers le sud "pour voir la mer" ... Commence alors l'apprentissage de notre jeune et espiègle Kiki, qui décroche un emploi de livreuse chez une sympathique boulangère ...


(source : buta-connection)

vendredi 9 novembre 2007

Laissez-moi vous parler de ...

Pearl Buck



Je tenais à vous parler de Pearl Buck ... Ecrivaine connue ... et pourtant, progressivement oubliée.

Pearl Buck est née en 1892 au Etats-Unis. Elle a trois mois lorsque ses parents missionnaires partent vivre en Chine où elle grandira en apprenant le chinois avant sa langue maternelle. En 1923 paraît le premier de ses romans inspirés par l'Asie : Vent d'est, Vent d'ouest . Le prix Pulitzer (1932) couronne La terre chinoise, que prolongent deux volumes: Les fils de Wang Lu et La famille dispersée.

Lauréate du prix Nobel en 1938, Pearl Buck a crée par la suite en Pennsylvannie une maison pour les enfants abandonnés. Elle est décédée en 1973.

C'est une véritable découverte, une histoire d'amour ... Pearl Buck m'a envoûtée avec sa simplicité et son amour de la vie.Je l'ai découverte par hasard dans une bibliothéque, les illustrations sur les couvertures de ses romans m'ont attirée; des visages doux, courageux, des paysages calligraphiés et féériques,... Le premier que j'ai ouvert a été La mère ... J'en suis encore totalement bouleversée. Cette vieille édition de poche tombant en lambeaux m'a accompagnée partout durant sa lecture.Pearl Buck est, à elle toute seule, un hymne à la vie. Malgré la vie écrassante de ses personnages, la vie passe avant tout. Ce que j'admire aussi chez elle, c'est la façon qu'elle a de décrire les paysages, on respire, on sent, on touche, on goûte, on voit ... on vit!!! Ses romans sont pleins d'odeurs et de couleurs. Prendre un roman de Pearl Buck, c'est se ressourcer, se rendre compte que la vie est faite de merveilles même dans la plus cruelle réalité.Merci à cette grande dame pour ces heures de lectures inoubliables ...

" Puis, de même que l'automne resplendit d'un chaud simulacre d'été avant de mourir pour faire place à l'hiver, ainsi en fut-il de l'amour subit que Wang Lung avait eu pour Fleur-de-poirier. Sa brève ardeur déclina et s'évanouit; il continuait de la chérir, mais sans passion.Quand la flamme se fut éteinte en lui, il se sentit soudain vieux et glacé par l'âge. Néanmoins, il la chérissait, et c'était un bonheur pour lui de l'avoir dans sa demeure. Elle le servait fidèlement et avec patience au-dessus de son âge, et il était toujours avec elle d'une parfaite bonté, et son amour devenait de plus en plus celui d'un père pour sa fille."
La terre chinoise, P.Buck, Livre de Poche, Paris, 1964.

De Pearl Buck, j'ai lu :
- La mère
- Pavillon de femmes
- Pivoine
- Vent d'Est, vent d'Ouest
- La terre chinoise
- L'exilée

J'ai dans ma bibliothèque , mais je ne les ai pas encore lus :
- Terre coréenne
- Les fils de Wang lung
- La famille dispersée
- L'ange combattant
- Fils du dragon
- Promesse
- Impératrice de Chine
- Mandala
- Le patriote
- Le sari vert
- La vie n'attend pas

Ce sont toutes de vieilles éditions trouvées dans des brocantes, vide-greniers, ...
De magnifiques heures de lecture et de voyage à venir ...

(Source image : orlok.com)


mercredi 7 novembre 2007

Pause BD

Tintin et l'oreille cassée
6


Hergé, Casterman, 2006.


Un fétiche d'une tribu sud américaine d'une grande valeur a été volé dans un musée. Tintin enquête ...

Un petit Tintin que j'aime beaucoup. La civilisation sud américaine m'a toujours beaucoup intéressée et je prends plaisir à lire cette BD de temps en temps ... On voit notre ami reporter passer de la guerre civile moderne à une ancienne tribu amazonienne, vainqueur ou vaincu, ... Un bon cru.
Une bonne intrigue, un bon humour. Encore un Tintin passionnant!

lundi 5 novembre 2007

Laissez-moi vous parler de ...

Marion Zimmer Bradley



... J'ai découvert cet auteur par hasard. Un passage dans une brocante. Une couverture enchantresse. Un titre envoûtant ... Les dames du lac. Je l'ai pris et je suis tombée en amour pour cette grande dame.

La légende Arthurienne a toujours été pour moi source de rêveries, de passions, ... Cette dernière mêlée à l'écriture si fabuleuse et subtile de Marion Zimmer Bradley crée un bijou, un joyau unique.

Mes années lycées ont été jalonnées par cette auteur. J'ai lu la trilogie des Dames du lac, puis La colline du dernier adieu et La princesse de la nuit. Depuis, je n'ai plus rien lu et pourtant ... le souvenir demeure ... parfait, semblable, fort!


Je ne sais pourquoi il y a quelques jours ma main est venue se perdre vers mes livres de Marion Zimmer Bradley. J'en ai ouvert certains, puis tous. Comme une immense bourrasque, j'ai senti mille sensations m'envahir, mille images, mille bonheurs ... Je me suis demandée pourquoi j'avais si longtemps laissé cet écrivain magnifique de côté. J'ai voulu relire un livre d'elle, me saouler de ses mots, m'envelopper de son univers, ...


Cette année sera ma redécouverte, mes retrouvailles avec Marion Zimmer Bradley. J'ai dans ma bibliothèque La trahison des dieux que je vais lire très prochainement. Je compte finir le cycle sur Avalon et me lancer également dans La romance de Ténébreuse formée de plusieurs romans racontant l'histoire d'une planète imaginaire. Je ne suis pas une très grande amatrice de Science-fiction (je n'ai lu que Le meilleur des mondes), mais venant de Marion Zimmer Bradley, je suis sûre d'aimer ...

J'aime un nombre incalculable d'écrivains, mais il y en certains qui rien qu'à l'évocation de leur nom précipitent mon esprit dans un tourbillon de sensations, de souvenirs, d'images ... Marion Zimmer Bradley fait partie de ceux-là, tout comme Pearl Buck ou Elisabeth Goudge et depuis peu Andrée Chédid ... Même si j'adore plein d'auteurs et pleins de romans, ces noms là sont comme ancrés en moi, comme une partie de moi. Je lis un Pearl Buck de temps en temps comme si c'était vital, une ressource nécessaire, ... Je viens de me rendre compte que j'avais laissé Marion Zimmer Bradley trop longtemps de côté, j'ai un besoin pressant de me replonger dans cette écriture.

(Source image : perso.orange.fr/bjornulfr/arthur)

dimanche 4 novembre 2007

La magie d'un manège

L'enfant multiple
Andrée Chédid

Librio, 2003.


Entre son père, musulman d'Egypte, et sa mère, chrétienne libanaise, Omar-Jo est un enfant heureux ! Aussi souvent qu'il peut, il va dans les montagnes, retrouver son grand-père, troubadour. Il a douze ans. La vie est belle ! Mais il habite Beyrouth. En 1987. Les hommes se font la guerre... Un beau dimanche ensoleillé, devant la porte de chez eux... " Papa ! Maman ! " L'explosion... Assourdissante, meurtrière, lui arrache plus que la vie ... Ses parents... Son bras ... L'exil. A Paris, le petit garçon aux prunelles d'Orient rencontre Maxime le forain... Son manège périclite ? Omar-Jo va le sauver! Sur la piste, au milieu des chevaux et des enfants rieurs, il caracole, chante et danse comme son grand-père au village. Il veut vivre ! Et sous les doigts magiques de son unique main, tout se transforme en or...

On m'a souvent parlée de la poésie de cette auteure, sa douceur, sa sensibilité ... On m'a souvent dit "Allez lis!" ou encore "Cette femme a le don de raconter plusieurs histoires dans une ... Magnifique!"
J'ai L'enfant multiple depuis un moment dans ma bibliothèque ... Je l'ai enfin ouvert! Je confirme. Cette femme a une écriture que je n'ai jamais lu avant ... unique. Quelle douceur, quelle poésie!
Cette histoire est simple, cruelle mais si belle! Une petit livre qui se lit vite, trop vite! Un bijou de tendresse et d'images inoubliables!Un vrai talent que cette auteure, grand-mère du chanteur français Mathieu Chédid, plus connu sous son nom de scène M ... On s'est d'où vient son don pour l'écriture!

Une vrai découverte, un vrai coup de foudre ... Je suis tombée en amour pour cette grande dame et je compte bien enrichir ma bibliothèque de ces oeuvres!

" Illettré, ne signant qu'avec son pouce maculé d'encre, le vieux Joseph était le meilleur conteur de la région. Durant les veillées d'hiver, ceux du voisinage se rassemblaient autour de lui. Pendant les longues soirées d'été, d'autres villageois traversaient les collines pour venir l'entendre. Il excellait aussi dans le chant, dans la danse. Pour les baptêmes, les mariages, les enterrements, on avait chaque fois recours à lui. Entièrement vêtu de blanc ou de noir, selon les circonstances, c'est lui qui précédait et conduisait le cortège."

(L'enfant multiple, Librio, p 49)

(Source de l'image : grainsetpixels.net)

Parce que tout est inquiétant ...

Les oiseaux et autres nouvelles
Daphné du Maurier

Livre de poche, 1995.


Au coeur de la nuit, le vent d'est cingle la falaise. Entre deux rafales, des nuées d'oiseaux cognent aux vitres. Mais ce n'est pas la peur qui les précipite avec une telle force vers le monde des hommes... On retrouvera ici - et pas moins terrifiant - le récit qui inspira son chef-d'oeuvre au maître de l'angoisse, Alfred Hitchcock. Dans les autres nouvelles de ce recueil, l'horreur se fait plus insidieuse, le fantastique à peine étranger au réel. Il suffit d'un pommier à forme étrangement humaine, ou d'une ouvreuse de cinéma qu'un jeune mécanicien a envie de suivre après la séance... Et la grande romancière anglaise, auteur de Rebecca et L'Auberge de la Jamaïque, nous entraîne vers le mystère à petits pas, à petites touches, au gré d'une écriture subtile, singulièrement moderne.

J'ai beaucoup aimé ce recueil de nouvelles. La plume de Daphné du Maurier m'a envoûtée. Les oiseaux m'ont faite frissonner, Le pommier aussi. J'ai été intriguée par le suicide de Mary Farren, j'ai partagé le désespoir de Mme Ellis, ... Beaucoup de sentiment à cette lecture : angoisse, tristesse, horreur, ... Du pur bonheur! Chaque nouvelle nous capte jusqu'à la fin ... Quelle imagination de la part de Daphné du Maurier, je suis vraiment épatée ... Bravo!

"Il y avait trois ans qu'elle était morte, lorsqu'il remarqua le pommier pour la première fois. Certes, il savait qu'il était là, au milieu des autres, sur la pelouse qui, devant la maison, montait vers les champs. Mais, jamais auparavant, il n'avait accordé d'attention particulière à cet arbre que rien de distinguait de ses compagnons, si ce n'est qu'il était le troisième de la rangée en partant de la gauche, très légèrement à l'écart des autres, et plus incliné vers la terrasse."

(Le pommier in Les oiseaux et autres nouvelles, Livre de poche, p 73)


(Source de l'image : devildead.com)