mercredi 22 juin 2011

Quand les sites de rencontres n'existaient pas ... et bien, il y avait Emma!

Emma

Jane Austen

10/18, 1996.

Emma est la plus française des héroïnes de Jane Austen (1775-1817), qui, à juste titre, craignait que personne ne puisse l'aimer. Elle est en effet aussi peu anglaise qu'une jeune fille intelligente, élégante, ironique et soucieuse des formes peut se permettre d'être. Emma aime l'intrigue et ignore la passion, elle est romanesque. Mais, à la différence de Marianne ou de Catherine, héroïnes respectives de Raison et sentiments et de Northanger Abbey, elle est romanesque intellectuellement et non émotivement. Et c'est en cela qu'elle est la rivale de son auteur.

Un seul mot : Délicieux!

Comme toujours, j'ai retrouvé Jane Austen avec un infini bonheur, un plaisir sans nom, un pur délice. Comment vous décrire réellement ce que je ressens en ouvrant un de ses romans? Emma est le cinquième roman de Jane Austen que je lis. Après avoir adoré Raison et sentiments, Orgueil et préjugés, Northanger Abbey et Persuasion, j'ai fondu pour Emma. Plus je lis cette grande dame de la littérature, plus je l'aime. C'est à chaque fois le même bonheur de plonger dans cet univers si délicat, envoûtant, drôle et intelligent.

Je dois pourtant avouer avoir eu une peu d'appréhension en ouvrant ce roman. Bien que commencer un livre de Jane Austen reste un geste sûr et fiable, j'ai entendu beaucoup de janéites avouer ne pas être fan d'Emma ainsi que de Mansfield park (le dernier roman achevé d'Austen qui me reste à lire). Tous ses romans sont considérés comme superbes par les amoureux de Jane Austen, mais Emma et Mansfield park ne sont jamais classés dans le peloton de tête. Et c'est en ça que résidait mon appréhension. J'avais entendu que le personnage d'Emma était très difficile à aimer ce qui rendait le roman moins passionnant que les autres. J'ai été agréablement surprise! Je n'ai pas trouvé Emma si antipathique, je l'ai même beaucoup aimé. Certes, j'ai moins d'affinité avec elle qu'avec Lizzie ou Catherine, mais elle m'a fait rire, m'a émue, m'a séduite. Je pensais rencontrer une jeune fille insupportable et impossible à aimer et pourtant, je l'ai prise en amitié rapidement ... malgré ses défauts. Elle est sûre d'elle, pourrie gâtée et égoïste mais elle est drôle, intelligente, gaie et elle possède un réel bon fond. Mais surtout elle est franche et reconnaît des qualités à tout le monde, même à ses ennemis. J'ai embarqué tout de suite dans ses aventures. Elle m'a prise par la main et je l'ai suivie. Comment peut-on dire qu'il ne se passe rien dans les romans de Jane Austen? Je trouve les intrigues palpitantes, les chapitres dynamiques, les rebondissements nombreux et efficaces. De vrais romans palpitants malgré leur apparente simplicité.

J'ai tout de suite deviné avec qui Emma allait se marier à la fin. Mais ça ne m'a pas gênée. Au contraire, je me suis amusée à observer ces deux protagonistes, leur jalousie, leur réaction face à certaines situations, leur aveuglement, ... J'ai aimé qu'ils soient amis avant de devenir amants. J'aime ces histoires d'amour commençant par une tendre amitié, une estime acquise sans sous-entendus.

J'ai adoré le personnage de Mr.Knightley. Quel homme! Quel charisme! Peut-être le plus séduisant gentleman austenien après Mr Darcy. J'ai aimé sa jalousie envers Franck Churchill, son sens de l'honneur, ses traits d'humour, sa franchise envers Emma, ... L'homme idéal, je vous dis!

Hormis les deux personnages principaux de cette histoire, nous faisons la connaissance de plusieurs figures croustillantes. A part l'horrible Mrs Elton (la scène de la poste avec Jane Fairfax m'a énervée au plus haut point), tous les personnages d'Emma sont attachants, parfois drôles, souvent émouvants. On retrouve les scènes cocasses dont Jane Austen est si friande, on rit de bon coeur, mais parfois aussi, une larme perle au coin de notre oeil tant elle est douée pour les instants littéraires pleins de grâce et de poésie.

Bref, j'ai dévoré ce roman. Comme chaque fois que j'ouvre un texte de Jane Austen, je me suis retrouvée dans une autre époque, dans un autre monde. Dès que j'ouvrais Emma, je trouvais le même bonheur, le même plaisir à parcourir les mots de dame Austen. Certes, la fin est très "bisounours" mais ça fait du bien. Tout est parfait ... un vrai délice!


"Belle, intelligente et riche, jouissant d'une confortable demeure et d'un heureux caractère, Emma Woodhouse semblait dotée des plus précieux avantages de l'existence : et depuis près de vingt et un ans qu'elle était sur cette terre, elle n'avait guère connu le chagrin ou la contrariété. Fille cadette d'un père excessivement affectueux et indulgent, elle avait très tôt tenu le rôle de maîtresse de maison, du fait du mariage de sa sœur. Sa mère était morte depuis trop longtemps pour qu'Emma pût conserver de ses caresses autre chose qu'un vague souvenir, et à Mrs. Woodhouse s'était substituée la gouvernant, une excellente femme dont l'affection était quasiment celle d'une mère."
(Emma, Jane Austen, 10/18, p 7)

(Source image : Mollands.net)

lundi 13 juin 2011

Souvenirs .... larmoyants!

La lecture de L'assassin royal m'a rappelée (même si je le savais déjà) à quel point les romans peuvent nous chambouler. Lorsque l'on a la sensation de vivre, de ressentir ce qui se passe à l'intérieur des personnages comme si on ne faisait qu'un. L'empathie fait partie des joyaux que nous offre la littérature.
En refermant La reine solitaire, je me suis rappelée tout ces moments littéraires qui m'ont bouleversée ... et ils sont nombreux.

- Dans Une vie de Maupassant, la scène où le curé écrase des petits chiots venant de naître et encore collés à leur mère. J'étais une toute jeune adolescente. J'ai relu 5 fois la scène de suite. N'y croyant pas!

- Pierre et Jean du même auteur. J'ai lu deux fois ce roman à la fac' et la fin m'a toujours bouleversée. Une tragédie silencieuse! Magnifique!

- Quand Scarlett parcourt la liste des personnes tués durant la guerre et que l'on voit tous les noms de ces jeunes gens insouciants qui la courtisaient quelques mois avant (Autant en emporte le vent).

- La fin de La pitié dangereuse de Zweig (et tous ses autres romans d'ailleurs).

- L'exécution de
De la Môle et Coconnas dans
La reine Margot de Dumas. Je ne voyais même plus les lignes de mon roman à force de pleurer. Cette scène aussi je l'ai relu un nombre incalculable de fois.
Et puis, tous les autres romans de Dumas qui possèdent leurs scènes tragiques auxquelles je ne résiste pas!

- La dame aux Camélias de Dumas fils, lorsqu'Armand, fou de jalousie, envoie de l'argent à Marguerite pour payer ses faveurs. J'ai ressenti ce coup de poignard comme s'il m'était adressée.

- Jane Eyre de Charlotte Brontë, presque tout le roman, mais la scène de la déclaration reste la plus sublime. Tout comme la scène du mariage, les retrouvailles de Jane et Rochester à la fin, ... et aussi ... bon OK, j'arrête!

- Rebecca de Du Maurier, la scène du bal costumé où l'héroïne descend avec la même robe que l'ex-femme défunte de son mari ... sans le savoir. J'en tremble encore!

- La petite cloche au son grêle de P. Vacca dans son intégralité.

- Le dieu des petits riens d'Arundhati Roy, les dernières pages. Crise de larmes incontrôlable.

- Pavillon de femmes de P.Buck lorsqu'elle apprend la mort de son fils. Et puis, tous les autres de Buck.

- La scène finale sur le vélo de Billie le bègue dans ça de Stephen King.

- Les dernières pages des Dames du lac de M.Z Bradley.

- Quand Harry Potter apprend que Sirius Black est son parrain. J'ai ressenti la chaleur de son coeur en apprenant la nouvelle. Enfin une famille.

- Dans Belle du seigneur lorsque le mari d'Ariane est sur le point de se suicider après la fuite de celle-ci avec Solal. Le génie de Cohen qui nous faire entrer dans la tête de ses personnages comme personne.

- La fin du Choix de Sophie, mais aussi la scène où elle évoque ce fameux choix, cette tragédie qui plane sur le roman.

- Roméo et Juliette. Et oui, que voulez-vous !!! Je suis sentimentale.

- La mort d'Esmeralda dans Notre-Dame de Paris et Quasimodo la suivant dans la tombe.

- Northanger Abbey quand Catherine croit qu'elle a perdu Henry Tilney pour toujours ... Lorsque Marianne se meurt dans Raison et sentiments, la lettre du capitaine dans Persuasion, la première déclaration de Darcy dans Orgueil et préjugés.

Merci à ces chers romans pour toutes ses émotions inoubliables ... Et savoir que d'autres m'attendent avec peut-être de tels moments en perspective, je suis aux anges.

dimanche 12 juin 2011

" Nous rêvons de sculpter notre propre dragon "

L'assassin royal Tome 6
La reine solitaire
Robin Hobb


France loisirs, Piment, 2001.

Dans les montagnes, Fitz, la reine Kettricken, le fou, Astérie la ménestrelle et la mystérieuse Caudron, poursuivis par le clan de Royal, cherchent désespérément Vérité. Est-il encore vivant? La contrée, habitée par d'étranges présences, est de plus en plus difficile à pénétrer. Et quelles sont ces statues gigantesques qui jalonnent leur route et paraissent vivantes?

ça y est! Je viens de tourner la dernière page de cette première partie de L'assassin royal. Je suis sur un nuage. Encore imprégnée d'Art et de Vif. Je suis encore auprès de Fitz rédigeant ses mémoires.
Quelle aventure! Que d'émotions! Je suis bouleversée par ce que je viens de vivre. Robin Hobb m'a emmenée dans un fabuleux voyage. Ces six tomes sont parfaits, rien n'est à changer. Il y a tout ce qu'il faut quand il faut et où il faut.
Ce sixième volume est, tout comme les autres, incroyable d'imagination, de poésie, de sensibilité, d'inventivité. La quête de Fitz et ses amis est devenue la mienne. J'ai vécu leurs doutes, leurs espoirs, leurs craintes comme s'il s'agissait des miens. Kettricken m'a émue, le fou m'a fait autant rire (qu'il est drôle, c'est dingue!) que parfois pleurer, Astérie est remontée dans mon estime et est devenue mon amie, Caudron m'a intriguée et Vérité, éblouie.
Une magnifique fin, à la fois grandiose et simple. Fitz est un héros parfait, profondément humain, possédant ses faiblesses et ses forces. La scène où il voit pour la dernière fois Molly et Burrich est tout simplement splendide. J'en ai eu le coeur retourné. Quelle noblesse dans sa décision!
Je suis heureuse de savoir que la série se poursuit. J'essaie d'imaginer ce qui se passera. Qui viendra déranger Fitz dans sa chaumière et sa nouvelle vie paisible? Pour quel motif? Reverra t-il Burrich, Molly, le fou et tous les autres? Même si je préfère faire une pause et ne pas poursuivre l'aventure tout de suite, je dois avouer avoir hâte de connaître les nouvelles aventures de Fitz. Pour le moment, je le laisse un peu tranquille, au calme (il l'a bien mérité quand même). Je reviendrai le chercher pour d'autres péripéties passionnantes dans quelques temps.

Une première partie qui se lit toute seule, passionnante, magnifique d'imagination et totalement addictive ... même si, comme moi, on n'est pas à la base une férue de fantasy.
A lire d'urgence!

"Évoquer ma propre mort me paraissait porteur de malchance, aussi ajoutai-je : "Naturellement, nous savons l'un comme l'autre que je survivrai. C'est prédit, non ?"

Il m'adressa un regard étrange. "Par qui ?".
Mon coeur se serra. " Par un quelconque Prophète blanc, du moins je l'espérais", marmonnai-je ; je m'aperçus que jamais je ne m'étais enquis auprès du fou d'une prédiction concernant ma survie. Tout le monde ne s'en sort pas indemne même quand on est victorieux. Je m'armai de courage. "Est-il prédit que le Catalyseur survivra ?"

(La reine solitaire, Robin Hobb, Piment, 2001)

(Source image : Amazon.fr. Rognage de la couverture de l'édition J'ai lu)

mercredi 8 juin 2011

Sur la route

L'assassin royal Tome 5
La voie magique
Robin Hobb

France loisirs, Piment, 2001.

Fitz, "l'assassin royal", a fini par échapper aux soldats du cruel prince Royal. Parvenu à Lac-bleu, il traverse le fleuve, mais est repris par ses poursuivants. Il réussit à s'évader et n'a plus qu'une idée en tête : retrouver son maître, le prince vérité, l'héritier légitime du trône.

Ce tome est tout simplement palpitant. Pas une seconde de repos, de l'action, de l'aventure, de la magie, de la poésie, de l'amitié. Un régal! J'ai eu la gorge serrée et j'ai bien failli verser ma petite larme lors des retrouvailles du fou et de Fitz. Il m'avait tant manquée le fou. Quel superbe personnage! Et les scènes avec Umbre ou encore Kettricken, que d'émotions!
J'aime le personnage mystérieux de Caudron. Par contre, Astérie m'a vite énervée. Je l'ai bien aimé dans les premières lignes, sa personnalité franche et atypique était agréable (et puis, la scènes des doigts brisés nous la rend sympathique), mais très vite, son égoïsme la rend insupportable.
La quête de ses 5 (6 en comptant le loup) personnages est passionnante. Je me suis vite imaginée à leur côté dans la neige et le froid.
Un petit régal de lecture! Je me suis laissée prendre hier soir par ma lecture et j'ai retrouvé cette si agréable sensation de ne pas pouvoir s'arrêter de tourner les pages.
J'ai déjà ouvert le tome 6. J'ai hâte de connaître la fin.

"Demain, me dit-il d'un ton grave, nous serons de nouveau nous-mêmes : le fou et le bâtard, ou le Prophète Blanc et le Catalyseur, si tu préfères. Nous devons reprendre le cours de ces existences, même si nous ne les aimons pas, et accomplir tout ce que le destin nous impose. Mais en cet instant, ici, rien qu'entre nous, et pour le seul motif que je suis ce que je suis et que tu es ce que tu es, je te le dis : je suis heureux, heureux que tu sois vivant. Te voir respirer insuffle l'air dans mes poumons. Si mon sort doit être lié à celui de quelqu'un, je suis heureux que ce soit le tien."
(La voie magique, R. Hobb, Pimet,2001)

(Source image : Amazon.fr. Rognage de la couverture de l'édition Pygmalion)

dimanche 5 juin 2011

Devenir un homme?

L'assassin royal Tome 4
Le poison de la vengeance
Robin Hobb

France Loisirs, Piment, 2004.

Au royaume de Castelcerf, le prince Royal est parvenu à s'emparer du pouvoir, au détriment de l'héritier légitime, son frère aîné, le prince Vérité. Partagé entre des valeurs civilisatrices et la nature qu'incarne son vieux complice, le loup Oeil-de-nuit, Fitz décide de tuer l'usurpateurs. Mais au palais où il s'introduit, ses ennemies lui tendent un piège ...

Ce tome marque une rupture dans l'histoire de Fitz. Sa vie à Castelcerf prend fin. Il se retrouve seul à errer, face à ses souvenirs, ses questions, son destin.
Il y a certaines longueurs dans ce tome. Je suis toujours autant plongée dans l'histoire, mais c'est vrai que j'ai du m'habituer à ne plus voir Castelcerf et l'ancienne vie de Fitz. Malgré un rythme assez lent, j'ai aimé suivre Fitz dans son errance. Burrich me manque, ainsi qu'Umbre, le fou, Kettricken. Mais j'ai fait la connaissance d'autres personnages et je m'y attache progressivement. La fin de cette première partie de L'assassin royal approche et mon coeur se serre. Que va t-il se passer? J'ai hâte de retrouver Vérité.
Je vous laisse sur ce bref avis et je cours retrouver le tome 5 : La voie magique.

" J'allais m'asseoir sur la pierre d'âtre. Burrich ne me regardait pas : je me couchai sur le côté, puis roulai sur le dos et m'étirai. C'était bon. Je fermai les yeux et savourai la chaleur du feu sur mon flanc.
"Lève-toi et assieds-toi sur le tabouret, Fitz" dit Burrich.
Je soupirai mais j'obéis. Umbre ne me jeta pas un coup d'œil. Burrich se remit à parler.
"Je préfère lui éviter les chocs ; il a besoin de temps pour s'en sortir seul, c'est tout. Des souvenirs lui reviennent parfois, mais il les repousse ; je crois qu'il n'a pas envie de retrouver la mémoire, Umbre. Il n'a pas envie de redevenir Fitz Chevalerie ; peut-être a-t-il trop apprécié d'être un loup et ne reviendra-t-il jamais.
- Il faut qu'il revienne, murmura Umbre. nous avons besoin de lui."
(Le poison de la vengeance, Robin Hobb, Piment, 2004.)

(Source image : Amazon.fr. rognage de la couverture de l'édition J'ai lu!)