samedi 8 novembre 2014

Cœur simple

Marie-Claire
Marguerite Audoux

 Livre de poche, 1968.

Marie-Claire est orpheline de mère. Son père l'abandonne ainsi que sa sœur. Nous suivons son enfance dans un orphelinat tenu par des religieuses, puis son adolescence comme bergère. 

Marie-Claire est un roman très modeste, très humble. Composé de chapitres courts racontant chacun une anecdote tantôt touchante et tendre, parfois grave, le roman de Marguerite Audoux est un petit cocon où l'on se sent bien. Conseillé par ma mère qui l'avait croisé par hasard, j'y ai trouvé beaucoup d'authenticité. Des mots simples, une écriture pure et dénuée d'artifices, Marie-Claire est à la fois doux et cruel. La vie difficile mais pleine de vie de l'héroïne est à la frontière du conte pastoral et du roman réaliste. C'est un texte que l'on peut lire très jeune tant il est simple dans sa forme. Mais on y trouve aussi une profondeur, une nostalgie qui peuvent toucher les adultes que nous sommes. Octave Mirbeau dans sa préface affirme que Marie-Claire est "une oeuvre d'un grand goût. a simplicité, sa vérité, son élégance d'esprit, sa profondeur, sa nouveauté sont impressionnantes. Tout y est à sa place, les choses, les paysages, les gens. Ils sont marqués, dessinés d'un trait, du trait qu'il faut pour les rendre vivants et inoubliables. On n'en souhaite jamais un autre, tant celui-ci est juste, pittoresque, coloré, à son plan". Je préfère le citer plutôt que paraphraser ses mots sans parvenir à en retrouver la justesse. 
Il existe trois autres romans racontant la vie de Marguerite Audoux, cachée derrière le personnage de Marie-Claire. J'essaierai de les chiner quelque part afin de poursuivre les aventures de cette héroïne touchante et vraie. 

" Le jour où je les montai au grenier, je furetai pour voir si je n'en découvrais pas d'autres. Je ne trouvai qu'un petit livre sans couverture, dont les feuillets étaient roulés aux coins comme si on l'avait longtemps porté dans la poche. Les deux premières pages manquaient, et la troisième était salie au point que les caractères en étaient tout effacés. Je m'approchai de la lucarne pour avoir pls de clarté et, à l'en-tête des pages, je vis que c'étaient les aventures de Télémaque. 
Je l'ouvris au hasard et les quelques lignes que je lus me le rendirent si intéressant que je le mis tout de suite dans ma poche. 
Comme j'allais descendre du grenier, il me vint à l'idée que c'était Eugène qui l'avait mis là, et qu'il pouvait venir le reprendre d'un moment à l'autre; alors je le remis sur la solive noire où il était. Chaque fois que j'avais l'occasion d'aller au grenier, je m'assurais qu'il était toujours à sa place, et j'en lisais autant que je pouvais. "
(Marie-Claire, M. Audoux, Livre de poche, 1968, pages 150/151)

(Source image : G.P.F.L Laugée, La jeune bergère)

vendredi 7 novembre 2014

Un livre ... Un lieu

Je vous propose un petit tag (ça fait longtemps). 
Parlons de ces lectures qui seront toujours associées à un lieu particulier. 

L'endroit où on découvre un roman, où on le lit et où on l'aime reste longtemps gravé en nous. 
Faisons-les revivre ... durant quelques secondes.


  • La terre de Zola dévoré en 2 jours dans la campagne brumeuse de Normandie.
  • Anna Karenine sur le quai d'une gare pleine de courant d'air.
  • La chaîne d'amour de Du Maurier sur une plage au mois d'octobre. Une mer agitée.
  • Notre Dame de Paris. Un ancien travail profondément barbant et une longue pause le matin de 9h à 11h Trop éloignée de chez moi, je m'installais au bord d'un ruisseau. Ces 1ers jours de printemps étaient délicieux.
  • Eugénie Grandet durant un hiver froid. La lumière du train pour me rendre à la fac'. L'oubli des passagers, de leur présence et leurs bruits.
  • La princesse de Clèves et les couloirs de mon université.


  • La mère de Pearl Buck durant des vacances dans l'Hérault.
  • Raison et sentiments et un TGV se dirigeant vers un week-end à la campagne
  • Secrets de famille de Louisa May Alcott que j'ai terminé en marchant dans les rues de ma ville. Je devais me rendre au travail. 
  • Aurélien d'Aragon ... près de la fenêtre dans le salon. Le bruit de maman dans la cuisine.
  • Northanger abbey. Mon lit. Des journées fatigantes, le réconfort de ma couette et de la plume de Jane Austen.
  • Le comte de Monte Cristo sur les bords du Mékong.
  • Près d'un feu de cheminée ... Le pays du dauphin vert.


  • L'histoire sans fin et un village de Casamance ... Des enfants agglutinés autour de moi.
  • Un trek en montagne et Madame Bovary glissé dans mon sac à dos.
  • Un bus à 5h30 du matin pour aller au travail, un hiver noir et glacé et moi, plongée dans Autant en emporte le vent. Et le soir sous ma couette, fatiguée de la journée mais ravie de retrouver cette peste de Scarlett.
  • Les dames du lac dans ma chambre d'adolescente.
  • La chartreuse de Parme sous une tente à un tournant de ma vie.
  • La reine Margot ... Ses dernières pages dévorées sur mon bureau ... où j'étais censée faire des maths.
  • Du bout des doigts de Waters dans un train de banlieue direction le Salon du livre de Paris.
  • Alice au pays des merveilles et le CDI du collège.

Et j'en oublie tant d'autres .... 
Je nomme (si elles acceptent) Miss Léo, Shelbylee, Titine, Unlivre Unthé, Eliza et Lou
Faites tourner si ça vous tente.