samedi 23 janvier 2010

Qu'elle était verte la campagne!

Du côté de Castle Rock
Alice Munro

Edition de l'olivier, 2009.

Alice Munro retrace le destin de ses ancêtres, partis d'Ecosse au XVIIIe siècle pour rejoindre la terre de toutes les promesses : l'Amérique. Menant l'enquête dans le passé familial, elle découvre des hommes et des femmes avides de liberté, qui ont tenté de se soustraire aux contraintes de leur époque. Mais Du côté de Castle Rock n'est pas un livre de mémoires. C'est avant tout le portrait intime d'une jeune fille qui s'évade dans la lecture et se prend au jeu de la fiction au point d'en faire son métier. Alice Munro nous raconte des histoires, tout en livrant leur part autobiographique au pouvoir de l'imaginaire. Elle pose sur ces vies minuscules ou légendaires son regard sensible d'écrivain, sans jamais perdre sa férocité.


J'ai eu beaucoup de mal à entrer dans ce livre. Alice Munro nous parle de ces ancêtres mais également d'elle-même sous forme de nouvelles. La première de ces nouvelles m'a ennuyée. Je n'arrivais pas à comprendre toutes ces réflexions généalogiques, qui était qui, etc ... Je n'ai pas du tout était prise par le livre. La seconde nouvelle heureusement fut délicieuse. Les ancêtres d'Alice quitte l'Ecosse pour l'Amérique. Elle nous retrace leur périple en mer. J'étais accrochée, je voulais continuer. Mais mon attention est redescendue encore une fois lors des deux nouvelles suivantes. Je lisais sans lire, je m'ennuyais. Mon intérêt est revenue à partir de Travailler pour gagner sa vie et cette fois est restée stable jusqu'à la fin. Vous l'aurez compris, ce fut une lecture en dents de scie. Alice Munro a une écriture magnifique et sensible. Ses descriptions de paysages m'ont bouleversée comme si je les avais sous les yeux. Elle est brillante. C'est une véritable écrivain. Elle m'a offert des moments de lecture sublime : la traversée en bateau, son premier amour, les pères de ses voisines, sa première profession, sa nostalgie, ses questionnements, ses regrets, ses espoirs, son amour des livres. J'ai aimé ce texte et il mérite réellement d'être lu. Mais c'est vrai que certaines nouvelles ne m'ont pas captivé, surtout les premières. Il faut faire confiance à Alice Munro, poursuivre sa lecture et la laisser nous compter son histoire avec passion.

Un beau livre à lire donc malgré des moments un peu ennuyants!

" Je ne sais pas quel livre j'avais choisi. Je les avais déjà tous lus, tous les romans de cette bibliothèque. Il n'y en avait pas beaucoup. Sous l'éclat du soleil. Autant en emporte le vent. La tunique. Sleep and peace. Mon fils, mon fils. Les Hauts de Hurlevent. Les derniers jours de Pompéi. Les titres sélectionnés ne reflétaient aucun goût particulier et, de fait, dans plus d'un cas, mes parents n'auraient pu dire comment tel livre se trouvait là - avait-il été acheté, emprunté ou laissé pa quelqu'un.

Cela devait pourtant signifier quelque chose qu'à ce tournant de ma vie je me jette sur un livre. Parce que ce fut dans les livres que j'allais, pendant les quelques années qui suivirent, trouver mes amoureux. Des hommes, pas des gamins. Pleins de sang-froid, avec quelque chose de sardonique et une bonne dose de férocité en eux, des réserves de mélancolie. Ni Edgar Linton, ni Ashley Wilkes. Ni bons ni faciles à vivre. "

(Du côté de Castle Rock, Alice Munro, 2009, p 226)

(Source image : scotthaefner.com)

vendredi 15 janvier 2010

L'art d'avoir toujours réponse à tout!

Archives sur Sherlock Holmes
Le vampire du Sussex (et autres enquêtes)
Sir Arthur Conan Doyle

Livre de poche, 2006.

Une mère vampire s'attaquant à son propre enfant : qui voudrait croire à une telle horreur ? Tel est pourtant bien, en apparence, le drame que Sherlock Holmes et son inséparable Watson doivent tenter d'éclaircir. Le détective de Baker Street en fera surgir une vérité bien différente, et accablante.
Cinq autres énigmes sont résolues ici, révélant la diversité d'inspiration de Conan Doyle : faux monnayage dans L'Aventure des trois Garrideb , scandale mondain des Trois pignons , perversité amoureuse du baron Gruner d' Un client célèbre , exotisme colonial du Soldat blanchi, disparition dans La pierre de Mazarin.
Avec la plus impeccable rigueur logique et un sens aigu de la mise en scène, Conan Doyle nous emmène en quelques pages aux frontières du fantastique et de l'épouvante. Respectant un immuable protocole en trois temps - l'énigme, l'enquête, la solution-, chacun de ses récits lève le voile sur un univers d'ombres, de violences, de secrets.

Ces nouvelles sont tirées du recueil intitulé Les archives de Sherlock Holmes. La collection du Livre de poche a fragmenté ce livre en deux pour nous offrir de belles petites éditions composés de 6 nouvelles chacunes. Le premier livre est celui que je vous présente et qui a pour titre principal Le vampire du Sussex. Le second porte le nom de sa première nouvelle : La pensionnaire voilée.
Je connais peu Sherlock Holmes. A dire vrai, je n'ai lu que Le chien des Baskerville. Je l'avais d'ailleurs beaucoup aimé. Grâce à ce petit recueil de nouvelles tout simplement délicieux, j'ai pu faire plus ample connaissance avec le célèbre détective. Les six nouvelles sont passionnantes. Il n'y a rien à jeter. Le vampire du Sussex est magnifique d'imagination, Le client célèbre révoltante, L'aventure du soldat blanchi émouvante, La pierre de Mazarin brillante du géni de Holmes, Les trois pignons machiavélique et L'aventure des trois Garrieb m'a tenue en haleine jusqu'au bout. Cette dernière nouvelle m'a presque faire verser une larme. Il y a une scène magnifique, bouleversante, tragique entre Sherlock Holmes et Watson qui m'a réellement secouée. Conan Doyle n'en dit pas trop, tout est dans les regards, l'angoisse, l'émotion. Une sublime scène d'amitié.
Sherlock Holmes est brillant, intelligent, sublime. Le Dr Watson est là pour apporter la touche d'humanité, de sensibilité, ce qui manque à notre Sherlock Holmes (en apparence???).
Prendre ces nouvelles, c'est rentrer dans des petites histoires simples, palpitantes, intelligentes, menées à la perfection. ça détend, ça repose, on sourit, on tremble, on s'émerveille. Un pur régal!
Je pense que ces petits textes sur Sherlock Holmes vont venir remplir ma bibliothèque. En plus, je trouve les couvertures vraiment bien faites.
Une belle découverte!

" Je crois qu'aucune de mes aventures avec M. Sherlock Holmes n'a débuté d'une manière aussi brusque ou aussi dramatique que celle des Trois pignons. Je n'avais pas vu Holmes depuis plusieurs jours, et je n'avais aucune idée de la direction où se déployaient ses activités. Mais ce matin-là il était d'humeur bavarde; il venait de m'installer sur le fauteuil bas dans un angle de la cheminée et, pipe au bec, il s'était recroquevillé sur le siège en vis-à-vis, quand notre visiteur survint. Si j'avais dit : "un taureau enragé survint", j'aurais traduit plus exactement l'impression provoquée par son entrée."
(Archives sur Sherlock Holmes, Les trois pignons, Conan Doyle, Livre de poche, 2006, p112)

(Source image : jesuiscultive.com)

mardi 12 janvier 2010

Petit challenge!!!

Je viens de découvrir une très belle idée sur le blog de notre Fashion : Le challenge lunettes noires sur pages blanches.
Le principe est simple : Lire un roman et voir l'adaptation cinématographique ou télévisuelle. Et ce juqu'au 31 décembre 2010!

Vu que je participe déjà a deux challenges cette année (Une année en Russie et J'aime les classiques! Sans compter le Matilda's contest qui n'a pas de limites de temps) et dans lesquelles je me suis imposée des titres à lire, je vais pour ce challenge Cinéma et Littérature ne rien prévoir du tout. Je vais lire ce que j'ai envie de lire (dans ma PAL ou non) et si je peux dénicher l'adaptation, j'en ferai un billet. Vu que j'ai déjà l'habitude de chercher les films tirés de mes lectures, ce challenge ne bouleversera pas vraiment mes habitudes.


Liste Lunettes noires sur pages blanches

  • La passe dangereuse de Somerset Maugham et Le voiles des illusions de John Curran : Ici.



Le tout dernier tag de Noël!

Lou m'a taguée! Même si la période de Noël est terminée, je vais répondre à ce petit questionnaire avec joie.

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Nous sommes le 24, il fait froid, il pleut, il vente, il neige. Vous êtes dans les transports, sur le point d'arriver chez vous après une dure journée de courses de dernière minute. Enfer et damnation ! Vous vous apercevez du fait que vous avez complètement oublié le plat principal et le livre collector en édition ultra limitée dont vous rêviez depuis des mois et qui est sur le point d'être épuisé. L'ennui, c'est qu'il ne vous reste qu'une heure pour préparer le réveillon et que vous aurez tout juste le temps de faire l'une des deux courses. D'ailleurs, rien n'est moins sûr ! Et puis, il faut avouer que votre journée vous a achevé(e). Que faites-vous ?

Bon! Tout d'abord, je déprime! Je me lamente, me déteste d'être si tête en l'air ... Après, c'est la panique! Comment vais-je faire? Puisque je n'ai pas le temps de faire les deux, je pense que je vais privilégier le plat principal de mon réveillon. La littérature est presque tout dans ma vie. Mais j'aime faire plaisir aux gens, j'aime recevoir et chouchouter les gens que j'aime ... alors, oui! Je sacrifie ce roman pour ma famille et file chercher la fin de mon repas ... On ne rigole pas avec Noël!

Vous voilà enfin chez vous ou chez les personnes chez qui vous réveillonnez. Cette année vous avez décidé que l'oncle Fred ferait le Père Noël. Malheureusement, il vient d'appeler pour vous dire qu'il avait rencontré l'amour de sa vie à 80 ans et partait en Indonésie pour sa lune de miel, avec une dulcinée connue deux mois auparavant à son entrée en maison de retraite. Heureusement, vous connaissez des gens célèbres, acteurs, chanteurs, sportifs ou autres (morts ou vivants) qui se couperaient en quatre par amitié pour vous. Qui choisissez-vous pour jouer Santa Claus ?

Hum ... Hum ... Très bonne question! Je dirai Sean Connery! Parce qu'un sexy Santa Claus, ça doit valoir le coup!

C'est l'heure de distribuer les crackers, je me demande ce qui est inscrit sur le vôtre...

"La bibliothèque de La belle et la bête est à toi!"

Les enfants sont enfin couchés ! Après avoir bien bu et bien mangé, vous décidez de finir la soirée en beauté en faisant une petite séance de spiritisme. Vous commencez en riant bien, mais soudain le tonnerre gronde, la lumière s'éteint, une lueur bleue vaporeuse s'élève au dessus de la table et vous sentez quelque chose de froid et mou se poser sur votre épaule. Que faites-vous ?

Bon ... C'est sûr que j'ai peur et que je hurle! Mais mon côté Catherine Morland, passionnée de littérature gothique me laissera à ma place, avide de sensations. Et le lendemain, j'en parlerai avec délice ... et quelques frissons aussi quand même!

Et au fait, on pourrait connaître l'identité du fantôme, vrai ou farceur ?

Une femme assassinée, une mariée abandonnée, une sombre histoire de famille, de mensonges et de mystères ...

Qui a dit que je lisais trop de romans?

Enfin vous voilà le 25 au matin et vous allez déballer les cadeaux qui vous attendent depuis quelques heures sous le sapin. Quel est le cadeau inespéré que vous ne pensiez jamais recevoir et qui est là, devant vos yeux ébahis ?

Un carnet de plusieurs allers et retours pour mes romans préférés! Une nouvelle invention appelée Lost in ... qui nous permet de voyager dans nos livres ... Vous connaissez?

lundi 11 janvier 2010

" Vous aimez mieux piétonner toujours à la même place ... "

Le survenant
Germaine Guèvremont


Bibliothèque québécoise, 1990.


Le Survenant est un grand roman d'amour et de liberté. Cette œuvre, qui a été adaptée pour la télévision où elle a connu un véritable triomphe, a valu à son auteur une audience internationale. Germaine Guèvremont compte parmi les figures majeures de la littérature québécoise du XXe siècle. De génération en génération ses lecteurs continuent de se multiplier.


Le survenant arrive un jour dans la maison de la famille Beauchemin. Didace, veuf, y vit avec son fils Amable et sa belle-fille, Alphonsine. Cet homme, beau, puissant, mystérieux, va bouleverser la vie de la famille et du village.
Le survenant est un vrai roman à ambiance. En ouvrant ce livre, on plonge dans la nature québécoise, ses forêts, ses lacs, ses hameaux. L'intrigue est mince mais belle. Il ne se passe pas grand chose dans ce texte. Ce qui fait de ce moment de lecture une pure détente, un moment de paix, de poésie, de communion avec la nature. Germaine Guèvremont a une plume sensible et douce. Elle a un réel talent pour décrire les paysages qui lui sont chers. Certains passages de ce roman sont de véritables poèmes en prose : "Dans le matin bleu, de rares étoiles brillaient encore par brefs sursauts. A droite l'espace blanc s'allongeait, moelleux et monotone, coupé seulement par la silhouette sévère des phares et des bris-glace ; mais à gauche, des colonnes de fumée révélaient la présence des maisons effacées dans la neige comme des perdrix tapies dans la savane. " (p94). 90% du roman est sur ce ton doux et poétique. Il faut donc apprécier ce genre de texte à ambiance pour plonger pleinement dans ce livre.
Le personnage du survenant est complexe. Il est difficile de saisir son caractère car on ignore tout de lui. On ne sait ni d'où il vient, ni où il va, ni qui il est. Pourtant, il nous trouble. Comme il trouble les autres personnages du roman, le veuf Didace, le passif et jaloux Amable, Alphonsine l'étourdie et surtout, Angélina. Angélina, l'infirme, Angélina, la passionnée. Un très beau personnage. L'image du survenant et d'Angélina est inoubliable.
Ce roman renforce mon amour de la littérature québécoise, toute en humanité, en sensibilité. Un monde où la vie est dure, mais où le coeur est doux, chaud et acceuillant.
Pour nous, français, il faut quelques pages pour se familiariser avec les dialogues, avec les répliques des personnages. Le parler québécois est extrêmement proche du nôtre, mais a, naturellement, ses expressions, son histoire, ses origines propres. Mais je vous rassure, on s'y habitue sans s'en rendre compte ... en plongeant dans le roman. On aime très vite le parler de nos chers cousins.
Marie-Didace est la suite du Survenant. Je compte bien me le procurer et le lire.
J'ai préféré Les chroniques du Plateau Mont Royal de Michel Tremblay ainsi que Bonheur d'occasion de ma chère Gabrielle Roy mais Le survenant est un beau classique de la littérature québécoise à découvrir.

L'avis de Karine.

" Bien qu'elle aimât à lire, elle ne l'aurait jamais osé un jour de semaine, la lecture étant dans son idée une occupation purement dominicale, et trop noble aussi pour s'y adonner en habits de travail.
Toutefois le dimanche après-midi, revêtue de sa bonne robe sur laquelle elle passait un tablier blanc, frais lavé, fleurant encore le grand air et le vent, là elle pouvait sortir ses livres. A la vérité elle n'en possédait que deux : son missel et un prix de classe : Geneviève de Brabant. Elle alternait, lisant dans l'un, un dimanche, et le dimanche suivant, dans l'autre, sans jamais déroger."
(Le survenant, QB, 1990, p54)


(Source image : linternaute.com)

samedi 9 janvier 2010

Il n'est jamais trop tard!

Psychose

Film américain d'Alfred Hitchcock. 1960


Marion Crane en a assez de ne pouvoir mener sa vie comme elle l'entend. Son travail ne la passionne plus, son amant ne peut l'épouser car il doit verser une énorme pension alimentaire le laissant sans le sou... Mais un beau jour, son patron lui demande de déposer 40 000 dollars à la banque. La tentation est trop grande, et Marion s'enfuit avec l'argent.

Aussi étrange que cela puisse paraître, je n'avais encore jamais vu de film d'Alfred Hitchcock. Ce n'était pas l'envie qui me manquait, non! C'était davantage les occasions. Il y a quelques temps, j'ai enfin réussi à mettre la main sur un film de Hitchcock. Et pas n'importe lequel : le grand Psychose et sa si célèbre scène de la douche.
Je veux désormais tout voir de ce réalisateur. Quelle merveille! Ce vieux film des années 60 en noir et blanc et en VO (c'est tellement meilleur) a réussi à me tenir captivée jusqu'à la fin. Un grand moment de cinéma!

Il y a d'abord cette angoisse, cette sueur froide qui dégouline le long du dos. On est dans la voiture avec Marion Crane, on tremble avec elle. Ses regards, ses gestes, ses moments de panique, tout est joué et travaillé à la perfection. On a envie de lui dire de faire marche arrière, de ne pas gâcher sa vie, de retrouver la raison. Mais on est là, impuissants, simples spectateurs passifs.
Et puis, il y a aussi Norman Bates. Quel talent d'acteur! Anthony Perkins arrive à jongler avec la peur, la schyzophrénie et la gentillesse, la sensibilité, l'humanité. Un personnage inoubliable.
Ce film fait réellement peur. Un scénario parfaitement ficellé, une musique qui fait dresser les cheveux sur la tête, des scènes vraiment terrifiantes. Avec Psychose, nous ne sommes pas dans le voyeurisme, la violence gratuite et crue. Psychose n'est pas un film sanglant. Tout est basé sur la psychologie des personnages, des méchants commes des gentils. Certes, certaines scènes font peur, mais ce sont les années 60 donc rien n'est "trash". J'ai retrouvé dans ce film, tout ce que j'aime dans les vieux romans policiers d'Agatha Christie ou de Conan Doyle. Une ambiance anglosaxone doucement désuète, complexe et intelligente.
C'est vrai que j'ai trouvé rapidemment le fin mot de l'histoire mais ça n'enlève rien à ce petit bijou. On est tout de même scotché au moment clef du film!

J'ai réussi à trouver Les oiseaux que je compte bien visionner rapidemment! J'ai envie de voir tous les Hitchcock ... 2010 est l'année de ma découverte de ce génallissime réalisateur!
Il n'est jamais trop tard!

(Sources images et résumé du film : Allocine.fr)

mardi 5 janvier 2010

Des différentes raisons qui font d'un roman un vrai navet!

Danse avec la vie
Zoé Valdès

Gallimard, 2009.

Une romancière cubaine en panne d'inspiration est poussée par son éditeur à s'essayer à l'écriture d'un roman érotique. Elle trouvera finalement le sujet de son livre en même temps qu'un nouvel amant, l'homme d'affaires Richard Soler : ce sera l'aventure d'un triangle amoureux formé de deux danseurs, Canela et Juan, et d'un photographe, Peter, en pleine déprime. Si la Cubaine Canela et l'Andalou Juan ont d'abord du mal à s'accorder et à surmonter des sensibilités artistiques assez opposées, la danse finira par les unir, mais aussi par mettre en danger de mort Canela, dont le ténébreux mari est jaloux. Heureusement, l'éditeur change d'avis et la romancière doit tout reprendre de zéro... Zoé Valdés entremêle habilement plusieurs histoires, enchâssées les unes dans les autres, et déploie son imagination débridée et sa sensualité dans une trame romanesque des plus originales. La vie de l'écrivain fait ainsi irruption dans l'existence des personnages, et les deux mondes finissent par se mélanger. Cette manière très insolite d'entraîner le lecteur dans son univers haut en couleur constitue une nouvelle preuve de son grand talent.

Aaah! C'est très rare qu'un roman me déplaise sur tous les points, mais quand ça arrive, ça arrive vraiment ... et pas qu'à moitié ...

Comment rater un roman? Et bien, la réponse à cette question est comprise entre la page 15 et la page 278 (bref! toutes les pages) du roman de Zoé Valdès : Danse avec la vie.

- Premier point, choisir l'intrigue la plus bidon qui existe. Certains auteurs géniaux arrivent à te tenir en haleine rien qu'avec leur style, leur génie, leur magie des mots sans pourtant avoir une intrigue super méga cool. Là, ce n'est même pas que Zoé Valdès n'a pas d'intrigue, non. C'est tout simplement qu'elle a choisi le sujet le plus naze de l'histoire de la Littérature. On peut lui reconnaître que son titre est beau ... Mais alors il n'y a vraiment que ça. Ce roman tourne en rond, il ne s'y passe rien, c'est insipide, inodore et sans saveur. Une histoire d'amour (de cul, devrai-je dire!) qui n'a pas de conclusion, de suite, une enquête policière totalement nulle, qui n'en est même pas une, l'histoire d'une romancière qui écrit comme ses pieds et qui s'étonne de ne pas être publiée ... Naze, je vous dis!

- Second point très important, prendre les personnages les plus inintéressants possible, ne faisant que se regarder le nombril, pas attachants pour un sou ... bref, qui laissent totalement indifférents. La narratrice est totalement dénuée d'intérêt, Canela, exaspérante de nullité et les autres personnages sont plus ou moins calqués sur le même modèle.

- Troisième point : avoir le style le plus horrible du monde! Aucun talent dans les dialogues (j'en grince encore des dents), aucune finesse dans l'analyse, aucun goût dans les descriptions ... J'ai souvent pensé durant ma lecture (comment ai-je fait pour arriver au bout???) à mes chers auteurs chéris, à leur génie, leur sensibilité, leur maîtrise de la langue ... et je me suis dit qu'ils devaient vraiment avoir les poils qui se dressent en voyant ça.

- Quatrième point : être persuadé que mettre du cul à chaque page permettra au lecteur de rester accroché jusqu'au mot "fin". Le sexe en littérature ne me dérange pas le moins du monde, ni les mots crus ou la vulgarité si c'est bien employé (après tout, Le choix de Sophie est un des romans qui m'a le plus marquée de ma vie)! Mais alors là, mon dieu! Je crois que le but de Zoé Valdès est de nous dégoûter du sexe jusqu'à la fin de notre vie. Ses personnages ne pensent qu'à ça, tout le temps, en permanence. Quelqu'un leur dit bonjour quelque soit le sexe et hop, ça y est : des pensées salaces en veux-tu en voilà et des parties de jambes en l'air bestiales, dénuées d'humanité et de sentiments. Je ne sais pas si des personnes ressemblant aux personnages de Danse avec la vie existent réellement, mais je les plains sincérement. Je ne sais pas ce que Zoé Valdès a dans la tête, mais elle nous offre un roman malsain. Si encore il n'y a avait pas que ça. S'il y avait un intérêt autre, ça irait! Mais là, non. Aucun intérêt, un vilain roman érotique (pornographique plutôt!) ...

- Dernier point, commencer à parler de quelque chose d'intéressant seulement dans les dernières pages et juste en survolant. Ce roman parle dans les toutes dernières pages de la guerre, de ses horreurs, du déracinement, de la solitude, ... mais sans rentrer vraiment dans le sujet (apparemment les scènes de fion sont nettement plus intéressantes). Elle écrit de belles scènes finales, sans lien avec le reste, sans s'étaler. 200 pages sur les jouissances sexuelles d'insupportables oisifs et 70 pages enfin humaines qui pourraient être enrichissantes sans les 200 précédentes et sans le manque d'implication de l'auteur.

Ce qui m'a fait finir le roman? En toute honnêtété : le plaisir de pouvoir critiquer! C'est tellement rare ... et ça fait du bien!

En conclusion, passez votre chemin. Livre totalement inutile!

" Que puis-je faire contre "ça"? m'a demandé mon éditeur. "Ca", ce n'était rien de moins, ni rien de plus, que mon incapacité à trouver un sujet de roman convaincant à ses yeux. Et précisément "ça", à cet instant, signifiant tout pour moi. "Ecris un roman érotique, c'est la grande mode, il y a un public nombreux à s'y intéresser ... ", m'a t-il assuré, sans accorder beaucoup d'importance à mon évidente nervosité. "

(Danse avec la vie, Gallimard, 2009, p16)

(Source image : annagaloreleblog...)

dimanche 3 janvier 2010

" Aucune religion n'a la puissance de la littérature pour un enfant de cinq ans. "

Miss Charity
Marie-Aude Murail

L'école des loisirs, 2008.

Charity est une fille. Une petite fille. Elle est comme tous les enfants : débordante de curiosité, assoiffée de contacts humains, de paroles et d'échanges, impatiente de créer et de participer à la vie du monde. Mais voilà, une petite fille de la bonne société anglaise des années 1880, ça doit se taire et ne pas trop se montrer, sauf à l'église, à la rigueur. Les adultes qui l'entourent ne font pas attention à elle, ses petites sœurs sont mortes. Alors Charity se réfugie au troisième étage de sa maison en compagnie de Tabitha, sa bonne. Pour ne pas devenir folle d'ennui, ou folle tout court, elle élève des souris dans la nursery, dresse un lapin, étudie des champignons au microscope, apprend Shakespeare par cœur et dessine inlassablement des corbeaux par temps de neige, avec l'espoir qu'un jour quelque chose va lui arriver...

Première lecture 2010 et premier coup de cœur 2010. Un grand merci à Marie-Aude Murail pour ce pur moment de délice que je viens de passer. Merci pour cette histoire passionnante, touchante, tendre. Merci de m'avoir fait revivre en 550 pages toute ma jeunesse. Merci de m'avoir fait ressentir mes souvenirs de jeune lectrice avide. Grâce à vous, j'ai retrouvé toutes ces sensations naïves, simples, passionnées, toutes ces émotions que j'ai ressenties dans ma jeunesse après avoir découvert Les quatre filles du docteur March, les romans de la Comtesse de Ségur, ... Je me suis revue, jeune lectrice, engloutie dans mon roman, m'indentifiant naïvement et pleinement au personnage du roman, tombant amoureuse du héros, me trouvant laide, mais non dénuée d'intelligence, avide de liberté, passionnée et curieuse, explorant la vie et la nature ... J'étais Charity Tiddler.
Cette histoire est tout simplement magique. J'y ai retrouvé cette ambiance typiquement anglaise que j'aime tant, cet amour des mots, des livres, du théâtre, de la nature, du dessin, ... Miss Charity est un personnage terriblement attachant. Elle nous prend par la main et nous entraîne dans son monde rempli de lapins, de canards et autres bêtes fabulueuses. On étudie avec elle, on s'entraîne à l'aquarelle, on prie pour Blanche, on adore Herr Schmal, on tremble pour Tabitha, on tombe amoureuse de Kenneth .... On plonge physiquement dans ce monde géniallissime. Je suis devenue Charity comme je suis devenue Joe March, Sissi, Camille et Madeleine de Fleurville et toutes les autres héroïnes de mon enfance qui m'ont faites rêver comme jamais.
Les beaux dessins de Philippe Dumas participe au merveilleux de ce roman.
Quoi dire d'autre? Ouvrez-le ... c'est tout!
Une chose est sûre. Si un jour j'ai la chance d'avoir des enfants et que l'un d'eux est une fille, je lui glisserais entre les mains.

" Au soir de mon douzième anniversaire, j'ouvris solennellement la lettre que je m'étais écrite trois ans plus tôt. "Chère amie, Quand vous me lirez, vous serez une vraie savante ..." Je souris en m'apercevant de ma naïveté. Plus on apprend, plus on sait qu'on ne sait rien. Au dîner, papa m'avait offert Le livre des nouvelles merveilles. L'auteur m'y posait toutes sortes de questions, un peu comme un guide spirituel du jeune enfant, mais les réponses fournies me plongeaient dans le ravissement. "
(Miss Charity, L'école des loisirs, 2008, p70)

(Source image : brookeshelf.wordpress.com. Peter Rabbit, Beatrix Potter)