mardi 18 mars 2008

Comment se faire piéger par l'émotion en 439 pages?

Le Dieu des Petits Riens
Arundhati Roy

Folio, 2007.

Rahel et Estha Kochamma, deux jumeaux de huit ans, vivent en Inde, entourés de leur grand-mère, Mammachi, qui fabrique des confitures trop sucrées, de l'oncle Chacko, un coureur de jupons invétéré, esprit romantique converti au marxisme pour les besoins de son portefeuille, de la grand-tante Baby Kochamma, qui nourrit un amour mystique pour un prêtre irlandais, et de leur mère Ammu, désertée par son mari, qui aime secrètement Velutha, un Intouchable. Un drame va ébranler leur existence et les séparer. Comment réagir quand, à huit ans, on vous somme de savoir " qui aimer, comment et jusqu'où " ? Comment survivre quand, après un événement affreux dont on a été témoin, on vous demande de trahir la vérité pour l'amour d'une mère ?



Cela faisait bien longtemps qu'un roman ne m'avait pas autant remuée.
Ce livre est un piège. J'ai été tout de suite attirée par la quatrième de couverture : littérature asiatique, histoire de famille, secret, ... Je m'attendais à passer un bon moment comme beaucoup de livres de ce genre peuvent présager. Je n'imaginais pas un quart de secondes de ce que pouvait contenir ce livre.
Il a certains romans, quand on les ferme, on a la sensation d'être incapable de reprendre notre vie comme avant. On a envie de rien, on est loin de tout et de tout le monde. C'est ce qui m'est arrivée en fermant ce roman ce matin. Je devais aller travailler. Cela me semblait improbable. Mes collègues m'ont demandée plusieurs fois pourquoi j'avais l'air si triste, pourquoi j'avais ce regard si voilée. Comment leur expliquer que je venais d'être anéantie par l'un des plus bouleversant livre que j'ai pu lire?
Durant toute la lecture du Dieu des Petits Riens, j'ai ressenti la présence d'une boule d'émotion dans la poitrine. Quelque chose d'incontrôlable. Cette histoire m'a chamboullée. Que dire, mon dieu? C'est indescriptible, je n'arrive pas à trouver mes mots.
Effectivement, je pourrai vous dire que ce livre à une construction magistrale. Un roman en forme de puzzle où les pièces s'emboitent pour nous dévoiler progressivement LE drame qui va ébranler nos protagonistes. Un roman où le passé, le présent, le futur se mêlent pour donner au lecteur une sensation d'impuissance face à cette fatalité qui s'annonce. Je pourrai vous dire que chaques visages de ces pages resteront gravés dans mon coeur et ma mémoire longtemps. Qu'ils m'ont tous émue, bouleversée. Je pourrai aussi dire que le message humain que lance Arundhati Roy est l'un des plus beaux que j'ai jamais lu. Je pourrai vous dire ... Je pourrai vous dire ... Je pourrai ...
Mais non ... je préfére me taire. Mes joues sont, au moment où j'écris, trempées de larmes. Je n'arrive pas à me remettre de cette lecture. Je préfére m'arrêter là. Je me suis faite piégée par ce livre ... à vous de vous faire attraper!

"Les jumeaux étaient des lecteurs précoces. Ils avaient déjà avalé "Old Dog Tom", "Janet et John" et épuisé leur manuel "Ronald Ridout". Le soir, Ammu leur lisait "Le livre de la jungle".

"Chi le Milan conduit les pas de la nuit que Mang le Vampire délivre ..."

Le duvet, tout blond dans la clarté de la lampe de chevet, se hérissait sur leurs bras. La voix d'Ammu pouvait se faire rauque comme celle de Shere Khan. Ou plaintive comme celle de Tabaqui."
(Le Dieu des Petits Riens, Folio, page 90)


(Source de l'image : ephemere.midiblogs.com)

6 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonjour, ton discours es touchant et me donne envie de découvrir ce livre. Je prends note ! Merci

Anonyme a dit…

est*

Anonyme a dit…

Eh bien, effectivement, ton commentaire donne vraiment envie...
Je le note à coup sûr!

Anonyme a dit…

Et bien, là tu m'intrigues et j'ai très envie de me faire prendre à son piège !

Praline a dit…

il est sur ma pal... mais je n'avias pas eu de très bons échos alors il attendait... je vais devoir le remonter !

Anonyme a dit…

Et que pourrais-je dire suite à la lecture de ton billet sur ce roman si intense, sinon : Merci !