dimanche 11 août 2013

L'urgence de vivre

Ecoute la pluie
Michèle Lesbre

 Sabine Wespieser, 2013.

Avant que le vieil homme ne se jette sur la voie en lui adressant son dernier sourire, la narratrice partait rejoindre l’homme qu’elle aime à l’hôtel des Embruns. Le choc a fait tout basculer. Plutôt que d’aller à la gare, elle s’enfonce dans les rues de Paris pour une longue errance nocturne sous l’orage. Revenue chez elle au petit matin, toujours incapable d’expliquer à son amant pourquoi elle n’était pas au rendez-vous, elle murmure à son intention le récit de sa nuit blanche. Lui, le photographe pour qui les mots ne sont jamais à la hauteur, sera-t-il capable de comprendre ... 

ça y est! Enfin! Premier "vrai" plaisir littéraire depuis 1 mois
Je me suis posée hier soir avec le petit roman de Michèle Lesbre et je ne l'ai refermé qu'une fois fini. Et ça fait un bien fou après ces semaines à vide. 
J'ai découvert Michèle Lesbre l'année dernière avec son touchant Nina par hasard. J'avais été, sans m'y attendre, totalement transportée et émue aux larmes. J'avais découvert une plume sensible et délicate que j'avais bien l'intention de relire. 
J'ai eu une petite appréhension en ouvrant Ecoute la pluie. Quand on relit un auteur une seconde fois après un coup de coeur, on a toujours peur d'être déçu. Et puis, ces derniers jours, mes lectures me décevaient beaucoup et j'avais peur de passer encore à côté d'un roman. Et non. La magie a opéré dès les premières phrases. 
Il y a un petit côté Lettre d'une inconnue dans Ecoute la pluie. Et ceux qui connaissent mon profond amour pour Zweig comprendront que cette comparaison est, venant de moi, plus que flatteuse.  Le côté "confidence", l'écriture intime et profondément mélancolique m'a rappelé ce texte inoubliable de Zweig. L'intrigue, par contre, n'a rien avoir. Je l'ai trouvé extrêmement touchante. J'ai compris la narratrice, incapable de poursuivre sa vie normalement après avoir croisé le regard du vieil homme. J'ai aimé le message de Michèle Lesbre, la soif de vivre. Heureusement que les romans sont là pour, de temps en temps, nous faire une petite piqûre de rappel ... qu'il est bon de vivre!
Je ne saurai exactement comment expliquer ce qui me touche tant dans les romans de Michèle Lesbre. Peut-être suis-je comme l'amant de l'héroïne qui trouve toujours que les mots ne sont pas à la hauteur? Mais elle possède cette humanité, cette profonde compréhension de l'Homme, cette absence de jugement, cette poésie de l'écriture qui me fascinent tant à la lecture d'un roman. 
Je n'en ai décidément pas fini avec cette sublime plume. Moi, l'amoureuse des classiques, j'arrive parfois à trouver des petites perles dans la littérature contemporaine ... Et j'en suis ravie! 

« Puis le ronflement sourd de la rame qui s’approchait à grande vitesse a provoqué un frémissement parmi les rares voyageurs. Le vieil homme s’est tourné vers moi avec toujours ce sourire limpide, j’ai cru qu’il allait me demander quelque chose, mais il a sauté sur les rails comme un enfant qui enjambe un buisson, avec la même légèreté. »
(Ecoute la pluie, M. Lesbre, Sabine Wespieser, 2013, p 11)

(Source image : betsabeth.overblog.com)

3 commentaires:

Eimelle a dit…

il est dans ma LAL, j'aime bcp cette auteure également!

Lou a dit…

J'avais hésité à me le procurer en librairie pendant un petit tour littéraire ces vacances... je note en tout cas le titre pour les mois à venir, lorsque j'aurai un peu avancé dans mes multiples projets de lecture ce roman pourrait tout à fait me plaire.

Romanza a dit…

Eimelle : Une belle plume

Lou : J'espère qu'il te touchera autant que moi