dimanche 18 août 2013

Mini partage




La bouquinerie de ma modeste ville a accueilli hier après-midi Delphine Cingal, Maître de conférence à Paris II et spécialiste de littérature policière. Elle est venue pour une petite "causerie" organisée par l'association du bouquiniste et ayant pour thème : Histoire et techniques du roman policier, ou l'assassinat considéré comme l'un des Beaux-Arts.

Aaah! Le bien que ça fait de replonger durant 2 petites heures dans une ambiance universitaire ... Et chapeau à Mme Cingal qui a du, en peu de temps, retracer l'Histoire d'une littérature qu'elle étudie depuis des années. Ces deux heures étaient passionnantes, bien trop courtes à mon goût et je suis partie avec plusieurs titres en poche bien décidée à y mettre le nez.

Je viens vous parler en deux mots de ce qui s'est dit lors de cette "causerie". Sachant que je n'ai pris aucune note, je vous annonce tout de suite que ce petit compte-rendu ne mettra pas du tout le travail de Delphine Cingal en valeur, reprendra à peine 10 % de ce qui a été dit et ne sera pas du tout digne d'une ex-étudiante en Lettres ...  Mea culpa. Mais bon, je tenais tout de même à vous donner quelques références données durant l'entretien et que j'ai noté avec intérêt. 
Delphine Cingal donne envie de lire ... et c'est une bien grande qualité pour un professeur de littérature.

Je ne suis pas, comme on dit, une amatrice de romans policiers. Je les ai découvert sur le tard. Mais j'aime énormément quelques auteurs que je lis très régulièrement, comme un rituel. J'aime les "vieux" policiers : Agatha Christie, Conan Doyle, Maurice Leblanc, ... Et très rarement, je me laisse tenter par des auteurs contemporains. Je n'aime pas le sanglant et le gore, j'aime les romans à énigmes, à secrets. Bref, j'étais assez contente de me rendre à la mini-conférence de Mme Cingal car je n'y connaissais rien en Histoire de la littérature policière et je n'ai pas du tout abordé le sujet en fac' de Lettres. Delphine Cingal nous a fait, cela va sans dire, un résumé de cette Histoire riche et passionnante, mais j'ai tout de même enrichi un peu ma culture et j'en suis ravie.

Delphine Cingal a commencé par remettre les choses au clair. Non, Sophocle n'écrit pas de policiers et le meurtre d'Abel dans la Bible n'est pas le début du roman à suspense. Le roman policier comme genre est bel et bien apparu au XIXème siècle ... pas avant. Etant professeur d'anglais également, Delphine Cingal a principalement parlé de littérature française et anglo-saxonne.
Le 1er roman policier est écrit par Edgar Allan Poe avec Double assassinat dans la rue Morgue. Un mystère doit être résolu, un enquêteur essaie de dénouer les nœuds, le genre est lancé. 
Les romans policiers anglais et français n'ont pas les mêmes héritages. Le style diffère. Les anglais sont influencés par la littérature gothique, ainsi notre cher W. Wilkie Collins devient réellement le 1er écrivain de roman policier anglais avec son célèbre Pierre de lune. En France, nous sommes des héritiers du naturalisme. Les romans sont plus réalistes. On peut citer Gaston Leroux par exemple. 
Mme Cingal a cité aussi Dickens qui, influencé par Wilkie Collins, a écrit (mais jamais fini) le célèbre Mystère d'Edwin Drood. Dans ces maîtres fondateurs, Delphine Cingal a également présenté une femme. Essentielle, selon elle, cette femme est quasi inconnue en France. Je pensais connaître de nom de la dame en question et non. Il s'agit d'Anna Katharine Green. Elle n'est pas traduite en France, ce qui est pour Mme Cingal, un scandale. A.K Green a énormément influencé Conan Doyle et offre des romans apparemment passionnants. Pour ceux qui lisent en anglais, on les trouve très facilement. Je vous envie. Elle m'a énormément donné envie de connaître cette plume. 
Plus tardivement, une autre femme mérite notre intérêt : Dorothy Sayers. Moderne, militante, cultivée, une dame de Lettres que j'ai très envie de découvrir. Un de ses romans a été traduit : Le coeur et la raison. Son meilleur paraît-il. 



Début du XXème siècle, le roman dit noir apparaît. Les règles établies du roman policier commencent à se briser. Le meilleur exemple est Le meurtre de Roger Ackroyd de Madame Agatha Christie. Delphine Cingal m'a révélé la fin de ce roman que je n'avais pas encore lu, mais tant pis, cet exemple montre bien la rupture avec les codes du roman policier traditionnel par le choix du narrateur. 
Le plus marquant en France selon Mme Cingal est Pierre Véry. Elle a un amour profond pour cet auteur et son enthousiasme est communicatif. Je ne connaissais pas cet auteur souvent adapté au cinéma. 
Chez les contemporains, les styles sont flous. Le roman noir empiète sur le roman à suspense. Les frontières s'effacent. 
Fred Vargas est l'une des meilleures plumes actuelles selon Delphine Cingal. Elle aime ausi la folie de Jasper Fforde. Et elle retient deux gros coups de coeur : L'enfant aux cailloux de Sophie Loubière et surtout L'angle mort d'Ingrid Astier.



Delphine Cingal ne cache pas sa préférence pour les romans policiers assez intellectuels faisant référence à d'autres textes ou le suspense et l'enquête sont subtiles et intelligents. Le gore ne lui plaît pas. 
Elle a fini par nous parler de P D James qui fut le sujet de sa thèse. Elle regrette néanmoins le dernier, La mort s'invite à Pemberley. Passionnée de Jane Austen et amoureuse de P.D James, elle trouve que les deux ensemble sont tout simplement incompatibles. 



Je ne voulais pas vous résumer la "causerie" de Delphine Cingal, je désirai juste vous donner quelques références qu'elle a su très bien vendre. C'est une personne passionnée et passionnante que j'ai eu plaisir à rencontrer. 
J'espère vous avoir permis de noter quelques titres ... 
Je regrette de ne pas avoir pris de notes ... J'aurai pu vous faire un "vrai" exposé de ce beau et intéressant moment. 

5 commentaires:

Lou a dit…

Je retrouve bien ton enthousiasme de dimanche, j' aurais vraiment aimé pouvoir venir aussi. Je note précieusement les références classiques. Pour les modernes c' est un peu moins ma tasse de thé mais je les garde en mémoire car il n' est pas facile de faire le tri dans toute la "production" actuelle. J' avoue avoir été terriblement déçue par mon seul Vargas et comme tu le sais j' attendais trop également de Fforde... que je compte en revanche relire avec le tome sur Austen. Merci beaucoup pour ce billet lu avec grand plaisir !

Lilly a dit…

Je trouve ton billet très clair et très intéressant. Le roman policier est un genre que je lis très peu, à mon grand regret parfois donc tes références vont être rapidement notées.

maggie a dit…

J'aime beaucoup ton billet qui nous donne quelques titres à noter et de quoi allonger notre PAL !

Lou a dit…

Anna Katherine Green n'est pas si éditée que ça en Angleterre, c'est fou ! Je pensais me commander son livre dans une jolie collection mais il n'y a que des livres académiques également...

Romanza a dit…

Lou : Je t'en prie!

Lilly : Merci! Et j'en suis ravie!

Maggie : Merci beaucoup!

Lou : Ah oui??? Dommage! Mais ça vaut vraiment le coup apparemment!