mercredi 29 juillet 2009

Une belle rencontre

La dame aux œillets
A-J Cronin

Le livre de poche, 1966.

Au début des années 30, en Angleterre, Catherine Lorimer, antiquaire de 35 ans, achète lors d'une vente aux enchères une miniature du célèbre peintre Holbein La dame aux oeillets. Malgré ces difficultés financières, elle désire cette œuvre qui la touche profondément et qui peut-être, en la revendant, l'aidera à se sortir de cette mauvaise passe. Catherine a sacrifié sa vie privée pour sa vie professionnelle et sent, plus que jamais, la solitude qui règne dans son existence. De son côté, Nancy, sa nièce, qui espère devenir un jour une célèbre actrice, vit une belle histoire d'amour avec Chris, son fiancé, un américain simple et spontané.

Il y a des livres que l'on croise par hasard et qu'on s'offre sur un coup de cœur. On ne connaît ni l'histoire, ni l'auteur. Mais c'est une attirance qui nous prend au ventre sans vraiment savoir pourquoi. On le voit ... quelque chose nous plaît ... on l'achète.
J'ai croisé il y a un mois à un vide-grenier le roman que je vous présente ici. Aucun résumé. Je ne connaissais donc rien du sujet. L'auteur, quant à lui, je le connaissais uniquement de nom et je n'en pensais pas grand chose. Mais il y avait ce titre, La dame aux œillets, si poétique et envoûtant qui me rappelait un roman inoubliable, La dame aux camélias. Et puis, il y avait aussi cette femme sur la couverture. Cette dame au cou interminable m'a faite penser aux œuvres de Modigliani. J'étais intriguée. Je l'ai acheté.
A-J Cronin fait parti de ces auteurs adulés au milieu du XXème siècle et presque oubliés aujourd'hui. Je ne sais pas si je croiserais de nouveau le chemin d'A-J Cronin dans ma vie de lectrice, mais par contre, une chose est certaine., je me souviendrai longtemps de la magnifique histoire que je viens de lire. Bien que ce roman ne fasse que 200 pages, je ne m'attendais pas à le lire en une journée.
C'est un texte d'une sensibilité et d'une justesse incroyables. Bien qu'A-J Cronin ne possède pas un style qui change la vision littéraire de ses lecteurs, il a une plume ravissante, douce et prenante. J'ai embarqué totalement dans cette belle histoire contant les émotions de l'âme humaine, ses doutes, ses peurs et ses joies. A-J Cronin a le don d'aller à l'essentiel tout en prenant son temps et en créant une atmosphère délicate et sublime.
Je garderai longtemps en mémoire ce si beau personnage qu'est Catherine Lorimer. Cette jeune femme dynamique, en quête de bonheurs simples et vrais, est très touchante. Je me suis totalement identifiée à elle. Catherine avait toute ma sympathie, tout mon amour, alors que Nancy, elle, m'a exaspérée durant les 3/4 du roman. Cette jeune fille prétentieuse, égoïste et superficielle a une bien triste figure face à sa tante si humaine et spontanée. Heureusement, elle est remontée dans mon estime juste avant le dénouement. Quant à Chris, j'en suis tombée amoureuse. Cet homme sensible et passionné est simplement superbe.
J'ai adoré les chapitres se passant dans la maison d'enfance de Chris. Cette description des petits bonheurs simples de la vie est merveilleuse. Tout comme Catherine, on y trouve une paix, une sérénité qui fait du bien. Les scènes du patinage, de la soirée autour du feu, ainsi que de l'opposition permanente de Catherine et Nancy sont sublimes. Sublimes dans leur simplicité.
J'ai lu ce roman sans savoir ce qu'il contenait et ce fut un ravissement. J'ai lu ce roman comme si je le vivais, prise dans mon destin, comme Catherine, sans savoir de quoi demain sera fait.
Un roman élégant, fin et délicat qu'il faut lire. C'est beau, c'est simple. Une magnifique histoire sur la vie que je ne suis pas prête d'oublier.

" C'était un chef d'oeuvre de délicatesse, et il en émanait une impression de subtile mélancolie. Lucie de Quercy se tenait debout à côté d'une table à deux plateaux, dont l'un, celui de dessus, était couvert d'un tapis de brocart rouge, tandis que celui de dessous supportait une mandoline et quelques livres. Elle était vêtue d'une robe d'un brun marron, réhaussée d'hermine; et sa main, négligemment posée sur le brocart, tenait un bouquet d'oeillets. Elle était très belle, d'une beauté pâle, frêle et pensive, d'où se dégageait un charme étrange, presque énigmatique. Ses yeux surtout, d'un brun foncé et profond, exprimaient une compréhension infinie. Elle semblait fixer Catherine avec l'insistance d'une personne vivante. Il y avait quelque chose de si intime et de si éloquent dans son regard que Catherine avait l'impression d'y lire une confidence qui, depuis des siècles, lui était spécialement destinée, et qui l'entraînait dans un lointain passé. Et elle se surprit en train de répondre au regard de Lucie de Quercy, comme si elle s'abandonnait à l'influence de cette femme, si mystérieusement belle dans sa songerie."
(La dame aux oeillets, A,J Cronin, 1966, p43)


(Source image : La femme au canapé, 1930. artinthepicture.com)

11 commentaires:

marie a dit…

Voilà un billet qui donne vraiment envie de lire Cronin sur le champ! Ma mère adorait cet auteur, qu'elle lisait dans les années 50, il était très populaire. Je me souviens avoir lu un gros roman "Trois amours", magnifique...
Dommage qu'il ne soit pas réédité..
Et bravo pour l'enthousiasme de tes billets, c'est un bonheur!

Romanza a dit…

Merci Marie! Ce que tu me dis me touche beaucoup ...

Lilly a dit…

Je n'ai jamais lu cet auteur, mais cela fait déjà un bon moment que je lui tourne autour. Je vais faire confiance à ton beau billet et essayer de dénicher celui-ci. Sinon, je vois que tu lis "Le coeur cousu". Je l'ai terminé il y a quinze jours, donc je me demande ce que tu en penseras.

Praline a dit…

C'est un livre que j'ai dévoré avec trois amours, le chapelier et son château, les clés du royaume... Mes parents étaient fans et j'ai hérité de cette bibliothèque avec joie. Il doit m'en rester quelques uns à lire mais j'avoue que ce fut un de mes bonheurs d'adolescente.

sylvie a dit…

ce livre se trouvait chez ma grand-mère. Je l'ai lu jeune adolescente , je l'ai choisi je pense à cause de sa couverture . j'en ai gardé un souvenir délicieux mais vraiment de trace d'intrigue. Quelques années plus tard je l'ai relu.
Ce soir , au cours d'une conversation ,il était question de films qui nous plaisent , qui ne sont pas forcément de grands films mais auquel on est attaché comme "la vie et rien d'autre " et j'ai pensé à ce livre. Dans le commentaire j'ai retrouvé l'ambiance du livre et je crois que je vais y revenir !

Anonyme a dit…

Dans quel musée se trouve exposée La Dame aux Oeillets, miniature de Holbein ?

Colchiques a dit…

J'ai lu ce livre à 15 ans. Et je l'ai tjours gardé en mémoire. Pourquoi ?

J'ai 48 ans, et maintenant je sais pourquoi. Pour les mêmes raison qui sont évoqué dans votre billet. Pour l'époque décrite.

Toute fois, il y a quelque chose qui n'est pas logique si on le lit avec attention. Chris est revenu de France il y 22 ans après la guerre. Donc 18 + 22 = 40.
On ne peut pas être en 1940, la guerre n'existe pas. Mais passons outre ce soucis d'addition.

Et passons outre également la vue parfaitement masculine de l'auteur sur le role des femmes à la maison !!! N'oubliez pas mesdames que le travail de la femme est de s'occuper de son foyer. Elle n'est pas faite pour travailler.

bizak a dit…

Voilà un autre roman qui m'a mis du baume au coeur! On rêve tellement qu'on se demande si on peut encore rencontrer au hasard d'une ruelle,sur un bateau,dans une vente aux enchères, au musée, au bureau, une femme aussi sublime que Catherine Lorimer!
Encore pour ce roman: J'ai lu ,relu et passé à d'autres... suis-je romantique?

Romanza a dit…

Bizak : Le romantisme a du bon!

Lucile a dit…

J'avais lu ce roman il y a plus de cinquante ans ,et il m'avait tellement plu que je l'avais relu plusieurs fois .Je vous recommande les années d'illusion qui est tout aussi touchant ainsi que le destin du Dr Shannon et la Citadelle

Titou a dit…

ado , sur les conseils de ma mère j'ai dévoré les Cronin. SI j'ai adoré les autres, celui ci, par dela les années me laisse une super souvenir!!!!!!!!!!!!!!!!