Folio, 2006.
A quinze ans, Michaël fait par hasard la connaissance, en rentrant du lycée, d'une femme de trente-cinq ans dont il devient l'amant. Pendant six mois, il la rejoint chez elle tous les jours, et l'un de leurs rites consiste à ce qu'il lui fasse la lecture à haute voix. Cette Hanna reste mystérieuse et imprévisible, elle disparaît du jour au lendemain. Sept ans plus tard, Michaël assiste, dans le cadre de des études de droit, au procès de cinq criminelles et reconnaît Hanna parmi elles. Accablée par ses coaccusées, elle se défend mal et est condamnée à la détention à perpétuité. Mais, sans lui parler, Michaël comprend soudain l'insoupçonnable secret qui, sans innocenter cette femme, éclaire sa destinée, et aussi cet étrange premier amour dont il ne se remettra jamais. Il la revoit une fois, bien des années plus tard. Il se met alors, pour comprendre, à écrire leur histoire, et son histoire à lui, dont il dit : "Comment pourrait-ce être un réconfort, que mon amour pour Hanna soit en quelque sorte le destin de ma génération que j'aurais moins bien su camoufler que les autres ? "
Ah! Quel beau roman que celui-là! L'histoire de Michaël est très émouvante.
Jeune, Mickaël va s'éprendre d'une femme de 20 ans son aînée, Hanna. Toute sa vie dépendra de cette relation. C'est un roman sur la tolérance. Hanna en devient le symbole. Certains passages sont même assez durs psychologiquement, car on pardonne sincérement Hanna pour ses fautes, mais tout en condamnant profondément ces actes. Ambivalence que le narrateur nous explique : "Je voulais à la fois comprendre et condamner le crime d'Hanna. Mais il était trop horrible pour cela. Lorsque je tentais de le comprendre, j'avais le sentiment de ne plus le condamner comme il le méritait effectivement de l'être. Lorsque je le condamnais comme il le méritait, il n'y avait plus de place pour la compréhension." (p177). Un livre anti-manichéisme qui nous montre que les choses sont beaucoup plus profondes qu'on le croit et que l'on n'a pas le droit de juger les gens sans savoir.
Même si j'ai, dés les premières pages, trouvé le secret d'Hanna, j'ai été touchée par son histoire. Cela ne m'a pas empêchée de plonger dans le récit.
Nous portons tous en nous des blessures, cette part de drame. Ces secrets tracent d'eux-même notre chemin dans la vie, décident presque pour nous.
Des scènes de lecture que j'ai adoré, un livre qui fait parti de ceux qui donnent envie de lire. Amour des mots, amour des gens. Un magnifique roman, humain et vrai, qui nous offre une belle leçon de tolérance ...
A lire absolument!
Les avis de Sybilline et Suzanne ....
"C'était une auditrice attentive. Son rire, ses soupirs de dédain et ses exclamations indignées ou enthousiastes ne laissaient aucun doute : elle suivait l'action avec passion, et considérait les deux héroïnes comme de petites dindes. L'impatience qu'elle mettait parfois à me demander de continuer tenait à ce qu'elle espérait que ces personnages allaient enfin, nécessairement, arrêter leurs bêtises. "Non, mais c'est pas possible!" Quelquefois, j'avais moi-même très envie de poursuivre la lecture."
(Le liseur, Folio, p 54-55)
(Source image : votre-biographie.info)
9 commentaires:
Me voilà obligée de le noter maintenant !!! ;-)
Karine : Et oui ... pas le choix!
Rarement, un livre m'aura permis de réfléchir aussi loin sur la culpabilité et la responsabilité, « Mais qu’est ce que vous auriez fait ? » demande l'accusée. Oui, qu'aurions-nous fait? Qu'aurais-je fait?
Et pourtant, je me dois parfois de condamner des actes que je peux comprendre, parce qu'ils nuisent à l'autre homme, et qu'il n'y a de pire mal au monde.
J'ai aimé aussi... la réflexion qu'il implique est intéressante. J'ai moins été touchée que toi par l'aspect "lecture" (même si j'avais aussi deviné le secret au début), par contre...
Deuxième blog avec avis enthousiaste ! Je l'ai cherché à la médiathèque : rien ! *triste*
Sybilline : Tu as tout à fait raison ... Ce livre bouscule! ça fait du bien!
Karine : Ce vrai que le secret se devine assez vite, mais que ça ne gâche rien au livre.
Keisha : Courage! Tu le trouveras!
Lilly l'a lu aussi récemment :) Vos deux critiques me donnent envie de le découvrir même si mon ami qui est allemand a un mal fou avec cet auteur, ce qui m'a pas mal fait hésiter.
désolée c'était moi, ça fait deux fois que les blogs marquent "victorian" dans mes commentaires depuis qu'on a lancé le victorian christmas swap... je comprends pas.
c'est vrai que ce roman donne réellement à réfléchir sur les sentiments contradictoires, la question du pardon. Je crois que tu l'écris très bien en disant que c'est un roman anti-manichéisme.
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