mercredi 16 janvier 2008

Comme tu es belle!

De la beauté
Zadie Smith



Editions Gallimard, 2007.



Rien ne va plus pour le très britannique Howard Belsey, spécialiste de Rembrandt et gauchiste convaincu, qui végète en fin de carrière dans la petite université de Wellington, près de Boston : son épouse vénérée, l'Afro-Américaine Kiki, lui bat froid depuis qu'elle le sait coupable d'infidélité. Leur fils aîné, Jerome, s'est réfugié chez Monty Kipps, l'ennemi juré de Howard, un intellectuel anglo-antillais ultra-conservateur. Enfin, voilà que Monty lui-même débarque à Wellington comme professeur invité. Il est accompagné de sa famille et notamment de sa troublante fille Victoria. Le chassé-croisé sentimental va commencer. Tandis que fait rage un débat sur la discrimination positive, les épouses des deux rivaux se lient d'amitié, Zora Belsey s'entiche d'un jeune slammeur du ghetto, son frère Levi d'un groupe de réfugiés haïtiens...
Zadie Smith aborde ici de front les enjeux les plus brûlants du XXIe siècle : le métissage culturel, l'héritage colonial, les rapports de classes, l'opposition entre Europe et Amérique. Mais cette fresque foisonnante et tragi-comique, d'une invention verbale sans cesse renouvelée, offre aussi une méditation tendrement ironique sur ce qui unit les êtres et donne un sens à leur vie : la quête de la beauté, l'effort pour s'ouvrir à l'autre, les liens affectifs en tous genres. Car De la beauté pourrait tout aussi bien s'intituler De l'amour.

Un roman très intelligent et très riche que j'ai vraiment apprécié. L'histoire de cette famille tenaillée entre ces deux cultures, américaine et africaine, m'a vraiment intéressée. Les personnages prennent vie, s'agitent, s'aiment, se détruisent, se mentent. Des caractères auxquels on s'attache très vite malgré leurs défauts. Mais leur humanité n'en est que plus grande.
Une analyse, un questionnement sur la beauté. Comment se définit-elle? Notre vie, notre parcours, notre état d'esprit du moment influencent-ils notre vision de la beauté?
Un père, universitaire reconnu, bataillé entre l'amour fou, mais différent du premier jour, qu'il porte à sa femme et l'envie de toucher des corps plus jeunes et plus "beaux"(?) ; Une mère voulant se libérer du mal que provoque l'infidélité de son mari ; Un fils aîné, élevé dans une famille athée, découvrant la religion ; Une fille n'assumant pas son corps qui tombe amoureuse d'un jeune homme exceptionnellement beau et un petit dernier qui cherche ses origines africaines.
Toutes ces figures m'ont émue, bousculée, bouleversée ... si bien qu'une petite larme est venue se perdre sur ma joue lors du magnifique dénouement de ce roman ...

"Elle riait avec jubilation, et Kiki fut émerveillée de voir à quel point cela éclairait ses yeux et détendait sa peau. Elle semblait plus jeune, et mieux portante. Elles rirent ensemble pendant un moment, de choses tout à fait différentes, pensa Kiki. Finalement, l'allégresse retomba des deux côtés, et elles en virent à une conversation plus conventionnelle. Ces petites réflexions mutuelles leur rappelaient tout ce qu'elles avaient en commun, et cela leur permit de discuter en toute liberté, évitant tout ce qui pouvait constituer un obstacle à leur liberté d'expression."

(De la beauté, Gallimard, p 224)


(Source de l'image : daniel.trinkwell.en.site.voila.fr)

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Tiens, je suis tentée. J'ai adoré lire sur les familles qui comportent deux cultures dans "le temps où nous chantions"... j'ai bien envie de récidiver!

Romanza a dit…

Vas-y fonce!
J'ai beaucoup aimé ce roman, mais si tu veux, son premier roman "Sourires de loup" (sur le même théme) a eu plus de succés ... Peut-être est-il mieux? En tout cas, je pense le lire un jour!

Anonyme a dit…

http://dlivresetdchamps.canalblog.com/archives/romans_etrangers/p10-0.html
Je l'ai acheté pour la bibli et même si je reconnais la qualité du livre je n'ai pas trop aimé le style.

Anonyme a dit…

j'hésitais à le lire mais maintenant je garderai ton avis positif à l'esprit quand j'aurai l'occasion de le feuilleter.