mardi 3 décembre 2013

Une vie bien remplie

Des femmes remarquables
Barbara Pym

10/18, 1996.

Des femmes remarquables passe, en Angleterre, pour l'un des meilleurs crus, et à juste titre. Mildred Lathbury, qui s'épuise elle-même par son excès de vertu et contemple avec consternation les reflets gris et ternes que lui renvoient les miroirs du presbytère trop assidûment fréquenté, est l'un des personnages paradoxalement les plus réussis de Barbara Pym. Son drame ? Etre une chic fille qui sait prêter aux autres une oreille trop aisément compatissante et qui a toujours une bouilloire sur le feu pour le thé quand on sonne à sa porte. 

Voilà un petit roman frais, agréable et au charme délicat ... Je n'avais jamais ouvert de romans de Barbara Pym, plume britannique considérée soit comme talentueuse soit comme complètement ennuyeuse. C'est chose faite et j'ai été conquise. J'ai trouvé ça "douillet", drôle, tendre et fin. Ceux qui désirent des aventures rocambolesques, des meurtres, du sang et du sexe, passez votre chemin. Ici, on parle de thé, de tricot et de ragots. J'étais très confortablement installée dans le petit monde de Pym cette semaine, et ce fut une jolie expérience. Mildred est un personnage qui m'a énormément faite rire. Ses répliques, ses réflexions, son autodérision sont excellentes : "Nos plateaux s'entrechoquant défilaient à une vitesse vertigineuse, si bien que je finis par me retrouver nantie d'un assortiment de mets que je n'aurais jamais choisis si j'avais eu une minute de réflexion " (p100) ; "Je songeai, non sans tristesse, que c'était excatement le genre de lingerie susceptible d'appartenir à une femme de mon genre, aussi se passe t-elle de description" (p 110) ; "Bien des histoires d'amour ont dû être étouffées dans l'oeuf par le spectacle d'un vis-à-vis affairé à manger des spaghettis. " (p124). Outre son humour, Mildred m'a émue. Je n'ai pas senti qu'elle était triste d'être célibataire. Elle revendique le droit à l'indépendance et aime le petit monde solitaire qu'elle a crée. Par contre, j'ai ressenti le poids de la société autour d'elle, ces gens qui sont en permanence en train de lui chercher un mari ou qui la plaignent d'être dans une situation si peu enviable. Le manque de choix de la femme se ressent douloureusement : se marier ou être considérée toute sa vie comme une vieille fille un peu inutile. 
Un roman que j'ai ouvert toujours avec le sourire. Simple, doux, sans prises de tête, mais intelligent et profond. Une ambiance anglaise tout simplement succulente. Je n'en ai pas fini avec Mrs Pym ... C'est sûr! J'ai déjà hâte d'ouvrir un autre de ses textes. Une belle découverte! 

" Je me dis qu'après tout, la vie se réduisait, pour la plupart d'entre nous, à des détails de cet ordre : les petits désagréments plus que les grandes tragédies, les dérisoires petites envie plus que les grands renoncements et les tragiques passions amoureuses de l'histoire ou des romans. "
(Des femmes remarquables, Barbara Pym, 10/18, 1996)

(Source image : portrait of Dolly Stiles sur en.wahooart.com))

3 commentaires:

Titine a dit…

J'en ai déjà eu plusieurs dont j'apprécie l'ambiance cosy et so english ! Je note celui-ci que je ne connaissais pas.

Lili a dit…

Ouhhh un roman typiquement anglais semble-t-il, avec papotage et tasse de thé ^^ Je note l'auteur ! Ca semble être un livre adéquat à lire en ce moment, avec un plaid et un mug bien chaud ^^

Romanza a dit…

Titine : Je te le conseille! De mon côté, j'ai Quatuor d'automne et Une question purement académique dans ma bibliothèque!

Lili : Oh oui, je te le conseille!