La bête humaine
Emile Zola
Livre de poche, 2008.
Un mécanicien de locomotive, tourmenté par une lourde hérédité, et qui ne s'entend vraiment qu'avec sa machine... Une femme qui semble née pour faire le malheur de tous les hommes qui l'approchent... Un juge pétri de préjugés, prêt à renier la justice au profit de l'intérêt social ou politique... Tels sont les personnages de ce drame, un des plus sombres qu'ait imaginés le romancier des Rougon-Macquart. Vivante et précise comme un reportage, puissante comme une épopée, son évocation du monde des chemins de fer au moment de leur âge d'or va de pair avec la vision d'une humanité en proie à ses démons héréditaires et sociaux - l'alcoolisme, la misère -, et chez qui la jalousie et la convoitise charnelle portent le meurtre comme la nuée porte l'orage.
La bête humaine est mon 7 ème Rougon-Macquart. J'en ressors émue, un peu horrifiée aussi et plutôt heureuse de cette expérience littéraire. Je dois admettre qu'il ne m'a pas mise par terre comme La terre, ni passionnée comme L'assommoir ou même émue comme Au bonheur des dames. Mais c'est un très bon roman, un très bon Zola. Ce cher Emile ne me déçoit décidément jamais.
Il nous emmène cette fois si dans le milieu ferrovier. Ayant une peur prenante des trains et des rails depuis mon enfance, ce roman m'a angoissée par son atmosphère lugubre, sombre et brutale. Les trains sont décrits comme de véritables monstres sanguinaires ou même comme des êtres humains terribles, de véritables tueurs. Une ambiance, donc, assez étouffante, saisissante. Quant à l'histoire, bien qu'elle soit moins rebondissante à mon sens que d'autres Rougon-Macquart, elle est bien menée et passionnante. On se doute un peu à l'avance de certains événements, mais la plume de Zola parvient toujours à nous épater.
J'ai trouvé cette histoire vraiment dramatique, voire même tragique. On a la sensation durant tout le roman, que quoique décident les protagonistes, la fatalité les rattraperont toujours. Ils sont tous pris dans cette machine infernale : l'hérédité pour certains, le malheur pour d'autres, l'alcool, la corruption, la bêtise, ... et toutes ces autres choses qui nous empêchent de vivre, qui nous empêchent de trouver le bonheur.
Je suis heureuse de savoir ce que deviennent les enfants de ma chère Gervaise. Certes, leur vie n'est pas reluisante, mais au moins, j'ai de leurs nouvelles. Je connais leurs joies, leurs peurs et leurs rêves. Après avoir découvert l'existence de Anna (Nana) et celle de Jacques (La bête humaine), il me reste à lire Germinal pour connaître le destin d'Etienne ainsi que L'oeuvre pour retrouver Claude.
Un très bon roman à lire, une ambiance à découvrir, des scènes inoubliables et tragiques à parcourir.
...
"Le train, maintenant, roulait à toute vitesse, sur le plateau qui va de Bolbec à Sotteville. Il devait filer d'un trait à Paris, sans arrêt aucun, sauf aux points marqués pour prendre de l'eau. L'énorme masse, les dix-huit wagons, chargés, bondés de bétail humain, traversaient la campagne noire, dans un grondement continu. Et ces hommes qu'on charriait au massacre, chantaient, chantaient à tue-tête, d'une clameur si haute, qu'elle dominait le bruit des roues.Jacques, du pied, avait refermé la porte. Puis, manoeuvrant l'injecteur, se contenant encore :" Il y a trop de feu... Dormez, si vous êtes saoul. "
Immédiatement, Pecqueux rouvrit, s'acharna à remettre du charbon, comme s'il eût voulu faire sauter la machine. C'était la révolte, les ordres méconnus, la passion exaspérée qui ne tenait plus compte de toutes ces vies humaines."
(La bête humaine, livre de poche, 2008, 423/424)
(Source image : Monet, La gare St Lazare, 1877. paysages54.lecrivainpublic.net)
6 commentaires:
Pour ma part, j'en suis au 4ème Rougon : j'ai commencé avec "L'Assommoir" (j'ai adoré) et "Nana" (très bien), puis j'ai décidé de les lire dans l'ordre. Donc j'ai continué avec "La Fortune des Rougon" (j'ai moins aimé mais intéressant car nous présente l'aïeule Adelaïque Fouque et nous explique comment les Rougon se sont enrichis) et "La curée" (bien). J'ai hâte de lire "La Bête humaine" qui semble très intéressant !!! Les Rougon-Macquart, c'est formidable. Au point que j'en ai délaissé Marcel... ;-)
Hey Caro[line], ça fait plaisir de te lire! Tu vas bien??
Moi, j'ai lu "La curée" que j'avais beaucoup aimé ; "Le rêve" qui a une place de choix dans mes souvenirs littéraire ; "La terre", mon préféré ; "L'assommoir", un bijou ; "Au bonheur des dames", magnifique et enfin, "Nana" que j'ai bien aimé mais moins que les autres ...
je compte bien tous les lire aussi ...
Merci pour ton commentaire!
Oui oui, ça va très bien ! :-)
J'ai lu "Germinal" et "Au Bonheur des Dames" étant plus jeune, mais ça ne compte pas, c'était il y a trop longtemps ! Mais en tout cas, Zola est une très belle découverte pour moi, je me régale vraiment, son écriture est divine. :-)
Je les ai lus dans mon cursus scolaire , et j'avais adoré . Peut être devrais je les relire avec un regard nouveau d'adulte . mon préféré avait était l'assomoir puis ensuite au bonheur des dames ...
Sophie http://demainunautrejour.over-blog.com/
C'est mon premier Zola (j'étais en seconde) et celui que j'ai le moins aimé je crois (à part "Le Rêve"^^ mais tu me donnes envie de lui donner une deuxième chance car celui-ci je l'avais abandonné). Je me souviens tout de même de certaines scènes marquantes et de très belles descriptions.
J'aime beaucoup la couverture !
Et au passage, joyeux bloganniversaire :)
Le premier que j'ai lu de Zola ! Je n'en revenais pas de tant aimer un 'classique' (faut dire que j'avais 13 ans) et pour le coup je l'ai relu juste après l'avoir fini. Depuis Zola et moi c'est le grand amour, dés que j'ai la tête en vrac je le lis et ça rempart. C'est ainsi Thérèse Raquin (géniallissime) et Pot-Bouille (encore mieux si c'est possible) sont passées dans mes mains.
Enregistrer un commentaire