Tsubame
Le poids des secrets Tome 3
Aki Shimazaki
Babel, 2008.
Lors du tremblement de terre de 1923, les japonais profitent de la confusion pour exterminer les ressortissants coréens. Enfant illégitime, Yonhi n'a que douze ans à cette époque et se voit confiée à un prêtre, à l'abri de la tourmente. Sa mère ne reviendra jamais, pas plus que son oncle, et la petite devra désormais porter un nom japonais, Mariko. Coupée de son histoire familiale, l'ayant toute sa vie cachée à son propre fils, à ses petits-enfants et même à son défunt mari, elle en élucide un élément fondamental, l'identité de son père, en rencontrant une dame qui traduit pour elle le journal laissé par sa mère.
Nouveau tome, nouveau narrateur. Cette fois-ci, c'est Mariko qui prend la parole. Il s'agit du personnage qui me touche le plus. Mariko est un personnage très beau, tragique et humble. Malmenée par l'Histoire, les catastrophes naturelles, la ségrégation, la passion des hommes, elle tente de trouver le bonheur et la paix. C'est une nouvelle fois, un beau texte que nous offre Aki Shimazaki. Le ton minimaliste me berce désormais et ne me dérange plus du tout. Le poids des secrets est une histoire de famille qui nous est confiée tel un murmure. Le narrateur de chaque tome vient nous conter sa vie au creux de l'oreille. Yukio, Yukiko, Mariko. Nous les écoutons avec respect sans chercher de vérités, d'erreurs ou de regrets.
Chaque tome nous livre une parcelle de vie, des émotions, des sensations, sans jamais analyser ou commenter. Les choses sont ainsi. Elles ont été dites ou tues, mais elles demeurent comme elles étaient, comme elles seront toujours. On pourrait penser qu'Aki Shimazaki a une vision très fataliste, très pessimiste de la vie. Pourtant, il n'en est rien. Derrière les catastrophes, la guerre, la faim, la haine se cachent toujours de l'amour et de l'espoir. Un camélia (Tsubaki) en fleurs, un coquillage (Hamaguri) cachant un doux secret ou une hirondelle (Tsubame) porteuse de lumière et de joie.
" Je pense au journal de ma mère. J'entre dans la maison le chercher et l'apporte devant le feu. Je caresse la couverture jaunie et le met sur les branches à moitié allumées. Les coins du cahier prennent feu en se retournant. Les papiers noircis s'élèvent et se balancent dans l'air. J'entends ma mère dire : "Rien n'est plus précieux que la liberté." Mes larmes tombent. Je me dis : "Adieu, maman !" Au même moment, Tsubaki crie :- Regarde ! Tsu-ba-me !Elle désigne le toit. Là, je vois une hirondelle sur le bord du nid sec. "
(Tsubame, Aki Shimazaki, Babel, 2008, p113)(Source image : charlottepeint.canalblog.com)
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