samedi 26 décembre 2015

Pourquoi tant de haine?

Moby Dick
Herman Melville

Lecture commune avec Unlivre Unthé

Folio, 2014.

Considérez le cannibalisme universel de la mer, dont toutes les créatures s'entre-dévorent, se faisant une guerre éternelle depuis que le monde a commencé.

Considérez tout ceci, puis tournez vos regards vers cette verte, douce et très solide terre ; ne trouvez-vous pas une étrange analogie avec quelque chose de vous-même ? Car, de même que cet océan effrayant entoure la terre verdoyante, ainsi dans l'âme de l'homme se trouve une Tahiti pleine de paix et de joie, mais cernée de toutes parts par toutes les horreurs à demi connues de la vie. Ne poussez pas au large de cette île, vous n'y pourriez jamais retourner.


Je l'ai fait! J'ai lu Moby Dick, LE monstre de la littérature. Je dois confesser que ce fut rude.
Les 100 premières pages de ce roman sont excellentes. J'ai aimé l'ambiance lourde et sombre des bars de marins et cet appel du large qui prend aux tripes. L'écriture de Melville n'étant pas dénuée d'humour, j'ai souvent souri durant les premiers chapitres. La rencontre entre Ishmaël et Queequeg est quant à elle très émouvante. J'ai attendu avec impatience le moment du départ et finalement c'est une fois que le navire prend la mer que le rythme s’essouffle considérablement. A partir de ce moment, ce n'est plus un roman que l'on lit mais un ouvrage de sciences naturelles ou une thèse sur l'histoire des baleiniers. Je reconnais l'écriture rigoureuse et travaillée de Melville, son ton léger et sa minutie, mais ces 400 pages sur l'histoire de la baleine ont été trop difficiles pour moi (surtout en cette période de fêtes et de cadeaux). J'ai tellement regretté de ne pas suivre les aventures des marins du Péquod, de retrouver le lien d'amitié entre Queequeg et le narrateur, de connaître la vie, les émotions des personnages, ... On ne sait rien sur Ishmaël qui ne se livre jamais, ne se confesse pas. Durant toute ma lecture, il m'a été impossible de m'attacher à un personnage car ils ne sont jamais mis en avant, voire presque inexistants. Le fameux capitaine Achab ressemble presque à un fantôme tant sa présence, ses paroles, son aspect restent énigmatiques. L'image de la baleine blanche Moby Dick plane sur tout le roman pour la voir apparaître finalement très brièvement 50 pages à peine avant la fin. Le roman reprend un peu de rythme à l'apparition du cachalot, mais tellement épuisée par les centaines de pages précédentes, je n'ai pas réussi à m'y plonger. 
L'intrigue de Moby Dick fait à peine 150 pages. Je le savais mais je m'attendais à de grandes envolées lyriques et à beaucoup de poésie. Je m'étais préparée à un long poème métaphorique comme Le vieil homme et la mer. Je ne m'attendais pas du tout à un texte si concret, scientifique et pratique. 
Je ne peux véritablement critiquer un texte de cette ampleur car je n'ai sûrement pas saisi toutes les références, les paraboles, les métaphores. L'écriture mérite qu'on s'y attarde et les premiers chapitres sont passionnants. Je reconnais aussi avoir beaucoup appris et je n'ai pu m'empêcher de rechercher sur internet d'autres informations sur les cachalots et les baleiniers. Mais il faut se préparer à une lecture comme celle-ci. Il faut avoir du temps devant soi et l'esprit disponible. 
Bref ... J'ai lu Moby Dick.  

" Le vent commençait à hurler, les vagues entrechoquaient leurs boucliers ; le grain rugissait, sautait, craquait autour de nous comme un feu blanc sur la prairie, un feu dans lequel nous brûlions sans être consumés, immortels dans la gueule même de la mort ! Nous appelions en vain les autres canots. Autant valait hurler dans la cheminée d’une fournaise que de héler les bateaux dans un tel orage. Cependant les nuages volants, l’écume et le brouillard devenaient encore plus noirs avec la nuit qui tombait ; il n’y avait aucun indice du vaisseau. La mer rageuse empêchait tous les essais que nous faisions pour écoper. "
(Moby Dick, H. Melville, Folio, 2014)


(Source image : avidly.lareviewofbooks.org)

2 commentaires:

Genevieve a dit…

Une de mes lectures prévues pour 2016. Il est grand temps que je m'y mette!

Lilly a dit…

J'ai tellement peur de m'ennuyer avec ce livre que je repousse sans cesse sa lecture. J'avoue que tu ne me motives pas beaucoup en plus ;)