Rêves cruels
Rhoda Broughton
L'arbre vengeur, 2014.
Ne traitez plus de folle cette amie qui vous supplie de croire que son dernier rêve, qui vous prédisait de sombres jours, était prémonitoire : même s'il y a de fortes chances qu'elle débloque, on ne sait jamais... Rhoda Broughton, pléthorique aventurière des Lettres qui triompha en Angleterre au tournant du XXe siècle, ne démordit jamais de cette idée qui lui inspira ses nouvelles les plus enlevées, les plus inquiétantes mais aussi les plus drôles, car la dame indigne savait se moquer comme personne des petits délires dont les hommes encombrent leur psyché. En trois histoires perfides jamais lues en français, elle raconte ici quelques rêves cruels et menaçants, les meilleurs comme on le sait, ceux que l'on se plaît à colporter en souriant et avec ce léger frisson qui nous rappelle que le monde de la nuit est celui de toutes les peurs et de toutes les idées les plus invraisemblables... Parfait avant d'éteindre la lumière.
C'est grâce à Lou que j'ai découvert ce texte de Rhoda Broughton. Gardé au chaud pour la période d'Halloween, je l'ai enfin lu.
Trois contes composent ce recueil. Nos héroïnes (puisqu'il ne s'agit que de femmes) se retrouvent mêlées à de sordides histoires. Rêves prémonitoires, nuits sombres, crimes sanglants, tous les ingrédients du roman gothique sont présents. J'ai trouvé ces nouvelles assez réjouissantes. J'ai préféré la première, plus longue et subtile que les deux autres. Rhoda Broughton sait créer l'ambiance angoissante et lourde, nécessaire à ce genre d'histoires. Ces contes ne sont pas franchement terrifiants, mais l'atmosphère y est savoureuse.
Rhoda Broughton est très moderne. Ces héroïnes prennent des décisions, désobéissent à leur famille, bravent les interdits. Elle se moque également de façon très fine des superstitions de ses contemporains.
Ces Rêves cruels sont une lecture plaisante et agréable. Rien de révolutionnaire ni bouleversant, mais un bon moment littéraire en cette période de l'année.
" Ce disant, je passai ma main sur le front, car j'avais les tempes battantes, et je me rendis à la fenêtre. Un gel noir, mordant cruellement, de longs parterres nus encerclés de fer, où il semblait impossible que les gracieux crocus pussent passer leur tête jaune d'or ... un rouge-gorge triste, un pinson, et trois moineaux, tous affamés, évidemment silencieux et cherchant sur les graviers de l'allée ce qui restait des quelques miettes jetées au petit déjeuner. Il n'y avait assurément rien, dans le monde extérieur, pour me remonter le moral. "(Mrs Smith de Longmains in Rêves cruels de Rhoda Broughton, L'arbre vengeur, 2014, p15)(Source image : Northanger abbey, fr.academic.ru)
2 commentaires:
Je ne connaissais pas du tout, mais ça me tente bien. Je le note !
Comme Shelbylee, je ne connaissais pas du tout mais je m'empresse de le noter !
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