jeudi 7 février 2013

" Double casse-tête "

Les filles
Lori Lansens

 Archipoche, 2001.


Dans le comté de Baldoon, au Canada, Rose et Ruby mènent une vie hors du commun - siamoises, elles sont reliées par la tête - et tout ce qu'il y a de plus ordinaire, entourées de leurs parents adoptifs et de leurs nombreux collègues et amis. Ni monstres, ni merveilles, ni phénomènes de foire, Rose et Ruby sont tout simplement « les filles ».

Au fil de réflexions graves et drôles, se dessinent deux destins unis par la fatalité, mais aussi par un amour inconditionnel, plus grand que soi.


Je ne connaissais pas du tout Lori Lansens, auteure canadienne de langue anglaise, jusqu'à ce que j'en entende parler il y a à peine 1 mois. Je suis tombée par hasard sur Les filles il y a quelques jours. Je l'ai embarquée. Après le très prenant Idiot de Dostoïevski, le roman de Madame Lansens est tombé à pic.
J'ai eu peur du sujet pour tout vous avouer. Les filles n'était pas le roman de Lori Lansens qui m'attirait le plus. Une histoire de jumelles craniopages, siamoises liées par la tête (donc mon choix d'image pour ce billet est faux puisque la petite poupée représente des jumelles bicéphales ... mais bon, elle est chou, non?), m'a tout de suite fait penser à un témoignage larmoyant et pathétique. Mais il n'en est rien. Lori Lansens a imaginé une histoire drôle, touchante, universelle. Un vrai roman plein d'imagination et extrêmement profond et humain. Le but de l'auteur n'est pas du tout de témoigner de la situation de deux siamoises, mais de raconter avec simplicité la vie de deux soeurs qui malgré leur différences vivent avec des doutes, des peurs, des joies, des espoirs ... comme tout le monde. On oublie le handicap de Rose et Ruby pour ne voir en elles que deux femmes. Ce sont les mémoires des soeurs que nous lisons, elles nous parlent de leurs pensées les plus intimes, leurs amours, leurs hontes. L'histoire de deux femmes à part entière, dépendantes l'une de l'autre mais très différentes. On s'attache à Rose et Ruby. Je me suis naturellement identifiée à elles. J'ai aimé leurs péripéties (parfois un peu trop farfelues ... mais bon, je leur pardonne), leurs mésaventures, leurs beaux souvenirs d'enfance. On les suit avec joie et émotion. 
Le point fort de ce roman, outre les attachantes soeurs craniopages, c'est pour moi Tante Lovey et Oncle Stach, les parents adoptifs des jumelles. De merveilleux personnages, profondément humains, drôles, touchants. Des petits bijoux. Sans hésitation, ils sont le gros point positif de ce roman. Lori Lansens a crée deux personnalités inoubliables. Leur relation, leur amour, leurs disputes, leurs tirades. Un bonheur de lecture. Il FAUT connaître Lovey et Stach. 
Ce roman a un accent d'ancien temps totalement délicieux. Il est fourré de petites anecdotes un brin nostalgiques qu'on imaginerait bien dans les années 50. Un amour des grands espaces, un hommage à l'enfance, aux jeux, aux rêves. 
Sans être un chef d'oeuvre, Les filles est un roman "doudou" qui fait un bien fou. C'est simple, mais travaillé, profond, imaginatif. Certaines anecdotes de Rose, Ruby, Lovey et Stach résonneront encore longtemps au creux de mon oreille. Une très belle histoire. Un joli voyage.

" De temps en temps, je relis la scène de la mort de Beth dans Les quatre filles du docteur March et la dernière page des Raisins de la colère. Les derniers mots au sujet de sourire énigmatique de Rosasharn me font frissonner,. Lorsque je tiens des livres dans ma main, que je les soupèse j'éprouve pour eux un amour qui ne mourra jamais. Ils m'inspirent confiance, plus que mon ordinateur, dont je ne saurais pourtant me passer. Les livres sont faits de chair. Les livres font partie de ma chair. Qu'aurais-je fait pendant toutes ces années sans la bibliothèque de Leaford et ses trésors fabuleux? "
(Les filles, Lori Lansens, Editions France Loisirs, 2011, p 227/228)


(Source image : machinsbidules.canalblog.com)

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