dimanche 2 septembre 2012

L'importance de la ligne

Le rêve Botticelli
Sophie Chauveau
Challenge L'art dans tous ses états

Folio, 2008.

Florence, quinzième siècle. Sous le règne de Laurent le Magnifique, jamais le sang, la beauté, la mort et la passion ne se sont autant mêlés dans la capitale toscane. Le plus doué des élèves de Fra Filippo Lippi, un certain Sandro Filipepi surnommé depuis l'enfance " botticello - le petit tonneau " va mener à son apogée la peinture de la Renaissance. Maître d'œuvre de la chapelle Sixtine, créateur bouleversant d'un Printemps inouï, il ressent intimement et annonce les soubresauts de son époque. Pendant que Savonarole enflamme la ville par ses prophéties apocalyptiques, il continue à peindre avec fougue. Il entretient alors avec Léonard de Vinci une relation faite de rivalité farouche et d'amitié profonde. Adulé puis oublié de tous, aussi secret que Florence est flamboyante, Botticelli habite un rêve connu de lui seul.


Le rêve Botticelli fait parti, avec La passion Lippi et L'obsession Vinci, du "Siècle de Florence" de Sophie Chauveau. Il s'agit ici du second tome, le 1er parlant de Lippi et le 3ème de Vinci. Même si les trois romans forment un tout, ils peuvent se lire séparément. Commencer par le second tome ne m'a donc pas dérangée. Même si cela m'a donnée envie de lire le 1er tome et même le dernier de cet intéressant "Siècle de Florence". 
Malgré des défauts certains, Le rêve Botticelli m'a fait passer de bons moments. Sandro Botticelli est un peintre que j'ai toujours beaucoup aimé. Principalement ses oeuvres païennes. Pourtant, je ne connaissais rien à sa vie. J'ai donc beaucoup appris en lisant ce roman. J'ai aimé l'ambiance Renaissance de Florence, son faste, son vice, ses excès. C'est un roman très intéressant, qui se lit vite, les pages défilent, Sophie Chauveau nous embarque dans son histoire d'art, d'amour, de violence, de haine et de jalousie. J'ai aimé me perdre dans les rues de Florence, poser devant les yeux passionnés de Botticelli, suivre ses espoirs et surtout ses doutes, ses craintes, ses tourments. Rechercher sur internet tous les tableaux évoqués dans le roman fut agréable et prenant. 
Lippi était le maître de Botticelli, il y a plusieurs allusions à lui dans ce tome. J'ai envie de connaître la vie de ce peintre que je ne connais absolument pas et suivre les premières années de Botticelli en lisant La passion Lippi. Dans le tome que je vous présente, Botticelli a déjà 27 ans. Ses débuts sont narrés dans La passion Lippi. Tout comme l'on croise Leonard de Vinci dans Le rêve Botticelli avant de le retrouver déjà âgé dans L'obsession Vinci. Les trois peintres s'influencent, s'aiment, se jalousent. Ils ont trois existences différentes, mais ils sont liés. Vinci terminera ce qu'a commencé Lippi et Botticelli. 
Bien que Le rêve Botticelli soit un roman agréable et intéressant, je dois reconnaître que la plume de Sophie Chauveau est parfois maladroite. J'ai buté plusieurs fois sur des tournures de phrases lourdes et sur des expressions totalement anachroniques, décalées. Parfois il y aussi une envie d'utiliser un vocabulaire pointu, mais malheureusement, ça ne passe pas, trop surfait : " Sitôt qu'elle sait la trahison, la ville s'ébroue. Des foules en colère se massent autour du palais où se terre Piero. C'est l'émeute. Si la seigneurie le destitue légalement, la foule le chasse sans ménagement. Et c'est un euphémisme. Il fuit la ville, nuitamment, sans emporter le tiers de ses biens. " (p339). Le roman de Sophie Chauveau est écrit dans un style simple et agréable, mais ces apparitions brusques de mots pédants coupent le rythme, ne font pas naturelles. Les ellipses narratives m'ont parfois gênée également parce que trop fréquentes et assez malvenues. On commence un nouveau chapitre et on apprend brusquement au bout de 2 pages que l'action se passe 3 ans après le chapitre précédent. 
Malgré ses défauts dans le style et la forme, Le rêve Botticelli est un roman que j'ai apprécié et qui me donne envie de connaître la genèse et le dénouement du "Siècle de Florence" en lisant le 1er et le dernier tome de cette trilogie. 
A suivre!

" Botticelli voit alors s'animer les vases grecs. S'envoler littéralement ces fameux personnages nus ou drapés, devant qui chacun s'extasie quand on les exhume, et qui l'ont toujours ennuyé. Là, elles exécutent ce qui est gravé sur les poteries antiques. Les vases grecs n'ont jamais représenté autre chose qu'une danse de printemps.
Enlacées, elles dansent. Elles glissent. Elles ondulent, ondoient comme la brise sur les airs mystérieux de Léonard. Le regard de Simonetta se perd vers les collines comme si elle cherchait à imiter les flexions souples des oliviers, la fragilité des fleurs de cosmos, que la brise caresse, l'élégance des cyprès qui ont l'air de s'incliner eux aussi devant tant de beauté. "
(Le rêve Botticelli, Sophie Chauveau, Folio, 2008, p 71-72)

(Source image : La naissance de Vénus, Sandro Botticelli. Wikipedia.org)

1 commentaire:

Shelbylee a dit…

Je suis bien heureuse que le livre t'ait plu, malgré effectivement quelques petits défauts.
J'avais adoré la Passion Lippi et quand je suis allée à Florence, j'ai suivi en partie ces pas et ceux de son fils ce qui m'a permis de tomber sur des merveilles...Je ne connaissais pas non plus Lippi avant ce livre et il est devenu depuis l'un de mes peintres préférés !