Madame Jenny Treibel
Theodor Fontane
L'imaginaire gallimard, 2011.
Madame Jenny Treibel est le triomphe de Fontane. Effi Briest et d'autres romans sont plus connus, en Allemagne comme en France, mais c'est à Jenny Treibel qu'on revient lorsqu'on veut illustrer la manière et le style de l'auteur. Ce court roman est un des mieux réussis, comme si l'auteur s'était senti particulièrement à l'aise dans ce sujet. L'intrigue est légère, un projet de mariage entre deux jeunes gens que les contraintes sociales feront échouer. Le livre se présente plutôt comme une suite de tableaux de moeurs et d'études de caractères, dans une Allemagne écartelée entre les rigueurs de la tradition prussienne et les élans de modernisme d'une société en plein bouleversement idéologique. C'est là justement où l'art de Theodor Fontane se révèle avec éclat.
Autant j'avais adoré Effi Briest, autant la lecture de Madame Jenny Treibel fut plus laborieuse.
Je suis une inculte en littérature allemande. Je n'ai jamais étudié cette langue et je ne connais rien à ce pays à part les magnifiques paysages de Bavière que l'on aperçoit dans les films Sissi. Autant dire que ma culture allemande est nulle, absente, inexistante. Et je pense que ça n'a pas aidé ma lecture de Madame Jenny Treibel. Lors de ma découverte d'Effi Briest, je n'ai pas ressenti ça. Il s'agissait d'une triste histoire, du destin d'une jeune fille qui aurait pu habiter dans n'importe quel pays. Pour Madame Jenny Treibel, le contexte historique a de l'importance, les bouleversements que l’Allemagne subit aussi, et malheureusement, je n'avais pas toutes les clefs en main pour comprendre certains propos de Fontane. C'est le premier, et principal point, qui a gêné ma lecture. Certains longs débats, tenus par plusieurs personnages, sont ardus et j'avais beaucoup de mal à suivre. Heureusement que le roman ne fait qu'à peine 300 pages. Je me suis que légèrement ennuyée. S'il en avait fait 1000, j'aurai abandonné. Malgré ces lourds passages, Theodor Fontane nous offre de belles pages entre poésie et satire. Quelques personnages m'ont faite sourire, d'autres m'ont énervée. C'est une belle galerie de personnages que nous offre l'auteur (Jenny Treibel est particulièrement réussie, mais il y a aussi Hélène, Mr. Treibel, ...). Peut-être même plus riche qu'Effi Briest. Mais malheureusement, son propos m'a moins intéressée, sa plume moins conquise. Theodor Fontane reste cependant pour moi un auteur talentueux, complexe et profondément humain (il nous écrit de belles pages très critiques sur la condition de la femme entre autre) qui me donne envie de découvrir davantage la littérature allemande.
" De mon côté je ne me souviens plus de rien et Jenny Triebel a le talent d'oublier tout ce qu'elle veut oublier. C'est une personne dangereuse, d'autant plus qu'elle ne le sait pas et se figure sincérement qu'elle a un coeur très sentimental et surtout "le sens du sublime". En fait, elle n'a de sens que pour ce qui se pèse, pour tout ce qui grossit le tas et produit des revenus et son léopold, elle ne le donnera pas pour moins d'un demi-million."
(Madame Jenny Treibel, T. Fontane, L'imaginaire Gallimard, 2011, p 128)
1 commentaire:
Je suis un peu dans le même cas que toi : je connais quasiment rien sur l'Allemagne et ses auteurs. En plus, j'ai beaucoup aimé aimé briest.
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