lundi 14 décembre 2009

Car tout a une fin ...

A la recherche du temps perdu tome 7
Le temps retrouvé
Marcel Proust

Livre de poche, 2008.

Le séjour à Tansonville qu'évoquait la fin d'Albertine disparue s'achève, et le narrateur regagne Paris en 1916. Assuré que la littérature ne peut plus lui apporter de joies, il décide un jour de ne pas se priver des frivoles plaisirs du monde, et accepte une invitation de la princesse de Guermantes. Or, en entrant dans la cour de l'hôtel, il suffit que son pied butte contre les pavés assez mal équarris pour que lui revienne le souvenir de deux dalles inégales de Venise, et qu'une nécessité s'impose à lui : faire sortir de la pénombre ce qu'il a ressenti afin qu'en naisse une oeuvre d'art.
C'est en effet cette illumination qui importe surtout dans Le temps retrouvé paru en 1927, cinq ans après la mort de Proust, et l'assurance que "la vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent pleinement vécue, c'est la littérature" : au moment où A la recherche du temps perdu se referme, son narrateur peut devenir écrivain.


ça y est! Je viens de tourner la dernière page de La recherche du temps perdu de Marcel Proust. Qu'est ce qu'on ressent? Pour ma part, un mélange de tristesse et de soulagement. De tristesse car je viens de passer une année entière au rythme de Proust, que j'ai partagé ses émotions et ses souffrances, mais aussi un peu de soulagement, car cette oeuvre reste complexe et que l'on est content et satisfait d'arriver jusqu'à la fin. Je ressens aussi un vide ... et oui, cette année proustienne est terminée et même si cet auteur m'accompagnera longtemps, ma première découverte de Marcel Proust est finie. Une page se tourne.

Revenons à ce dernier tome (mon avis final arrivera après)! C'est un tome mûr, réfléchi. Le narrateur commence à s'occuper d'autre chose que de lui. Il s'interroge sur la guerre, la mort, la relation qu'il entretient avec les gens. Cela fait du bien de voir Proust se poser des questions sur autres choses que les problèmes mondains, même s'ils restent prédominants. Le temps retrouvé contient de magnifique passage sur la littérature, l'écriture et la lecture, ainsi que bien entendu sur le temps qui passe, la mort et la maladie. C'est un homme mourant qui écrit ce texte, qui prend du recul face à lui-même et à la vie. Le narrateur n'est plus un dandy mais un homme d'âge mûr, voire un vieil homme, sur la fin de sa vie, intéressé aux questions existentielles et vraies. Le changement de ton est flagrant.

Un très beau tome mais comme les précédents qu'il faut lire en prenant son temps et en étant serein d'esprit.

" Toute la journée, dans cette demeure un peu trop campagne qui n'avait l'air que d'un lieu de sieste entre deux promenades ou pendant l'averse, une de ces demeures où chaque salon a l'air d'un cabinet de verdure, et où sur la tenture des chambres les roses du jardin dans l'une, les oiseaux des arbres dans l'autre, vous ont rejoints et vous tiennent compagnie - isolés du moins -car c'étaient de vieilles tentures où chaque rose était assez séparée pour qu'on eût pu si elle avait été vivante la cueillir, chaque oiseau le mettre en cage et l'apprivoiser, sans rien de ces grandes décorations des chambres d'aujourd'hui où sur un fond d'argent, tous les pommiers de Normandie sont venus se profiler en style japonais pour halluciner les heures que vous passez au lit ; toute la journée, je la passais dans ma chambre qui donnait sur les belles verdures du parc et les lilas de l'entrée, les feuilles vertes des grands arbres au bord de l'eau, étincelants de soleil, et la forêt de Méséglise. "

(Le temps retrouvé, Marcel Proust, 2008, p39)




(Source image : Gustave Caillebotte, Une rue de Paris par temps de pluie en 1877. artliste.com)

1 commentaire:

Lilly a dit…

Je suis impressionnée, vraiment. J'ai lu quelques pages du tome 1 pour l'instant, et j'aime, mais je ne parviens pas encore à aller au-delà.