Kenize Mourad
Défi Au délà des mots 2008/2009
«Ceci est l'histoire de ma mère, la princesse Selma, née dans un palais d'Istanbul … »Ce pourrait être le début d'un conte ; c'est une histoire authentique qui commence en 1918 à la cour du dernier sultan de l'Empire ottoman.Selma a sept ans quand elle voit s'écrouler cet empire. Condamnée à l'exil, la famille impériale s'installe au Liban. Selma, qui a perdu à la fois son pays et son père, y sera « la princesse aux bas reprisés ». Je ne vous mets pas toute la quatrième de couverture car elle en dit un peu trop.
Je crois que j'ai la main chanceuse en ce moment. De la part de la princesse morte est un merveilleux roman historique que vous devez lire d'urgence. Vous embarquerez dans un monde extraordinaire, vous croiserez des sultans et des Rajahs indiens, vous pleurerez, vous apprendrez beaucoup sur le monde, sur l'Islam, sur la Turquie et même sur la France. Vous ouvrirez un roman intelligent, beau et inoubliable. Le destin de Selma est tout simplement incroyable, bouleversant, à la fois terrible et sublime. Kenize Mourad étant la fille de Selma, l'héroïne du roman, le texte n'en devient que plus émouvant. Une écriture simple et touchante. Des émotions mises à nue, l'histoire d'une femme qui se livre, explique, cherche sa voie, son destin tout en étant prise, malgré elle, dans les tourments de l'Histoire. Selma n'est
pas déifiée. Elle est humaine. Parfois, elle nous agace, à d'autres moments, l'envie nous prend de la serrer dans nos bras. Selma est vivante près de nous, elle bouge, parle, se bat, pleure et rit quelques fois. Un roman qui chamboule nos émotions, les secoue.
On rentre dans cette Histoire comme si elle nous happait. On est totalement immergé par le texte, on ne veut plus en sortir. 600 pages qui se lisent en un rien de temps. Mais c'est aussi un roman intelligent. J'ai énormément appris en lisant ce texte : la lutte entre sunnites et chiites, la domination britannique en Inde, la religion musulmane, l'Empire Ottoman, la vie parisienne durant l'occupation, l'étiquette à la Cour d'un Rajah indien, ainsi que celle de mise dans les palais ottoman … Bref! Un roman très recherché, qui nous fait nous poser beaucoup de questions, nous bouscule. Un livre qui chamboule le cœur et l'esprit.
Et pourtant, un argument vient basculer cet avis élogieux et pas le moindre. C'est un aspect du roman qui m'a choquée, outrée. Kenize Mourad parle de la tolérance et de l'accueil des turques pour toutes les autres nationalités ou même religions, j'ignore si c'est vrai mais je reste idéaliste et y croit. Mais elle dit également que cette fraternité existe aussi pour tous les arméniens. Sachant que ce passage se situe dans les années 1910. Aurait-elle oublié le génocide?? Je me suis posée beaucoup de questions après avoir lu ça. Comment a t-elle pu faire un sublime roman sur la vie, la tolérance, l'amour, mais aussi sur les conséquences horribles de la guerre et de la haine et affirmer que les arméniens ont toujours été bien traités en Turquie? Je reste dans le flou et dans l'incompréhension totale. Au final, est-ce vraiment un roman historique? Je suis à la fois en colère, choquée, mais aussi persuadée que ce roman vaut le coup d'être lu. Dur dur!!
«Par une chaude matinée de juillet la sultane et sa fille sont doncparties pour l'hôpital. Selma a passé la journée à confectionner des petits paquets pour les blessés. Une kalfa a préparé des mouchoirs de gaze rose, dans chacun, on a mis un paquet de tabac, des friandises et quelques pièces d'argent, puis on l'a fermé avec un beau ruban de satin
bleu. Il y en a des centaines, emplissant à ras bord les profonds paniers ornés de volants. C'est du plus bel effet, et Selma ne se tient pas de joie à l'idée d'une expédition aussi inhabituelle. "
(De la part de la princesse morte, K. Mourad, Livre de poche, 2006, p48.)
(Source image : galerie-com.com Femme au tambourin)
4 commentaires:
Tu me donne très envie de le lire (je le note donc dans mon carnet). De toute façon dés que je tombe sur le mot princesse c'est le coup de foudre ! Le tire a vraiment la classe en plus.
Matilda : Il est vraiment bien d'où mon profond trouble face au négationnisme de l'auteur ... je ne sais plus qu'en penser!
Je l'ai lu il y a 5 ou 6 ans, j'avais adoré ce roman! Le suite n'est pas aussi merveilleuse, mais se lit quand même avec grand plaisir : "Le jardin de Badalpour".
Bonsoir, j'ai lu ce très beau roman (plutôt autobiographique) lors de sa parution, en 1987. Je rêve de voir un jour une adaptation ciné mais cela risque d'être onéreux. Roman magnifique à conseiller. Bonne soirée.
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