Les heures
Michael Cunningham
Clarissa est éditrice à New York à la fin du XXe siècle ; Virginia est écrivain en 1923 dans la banlieue de Londres ; Laura est mère au foyer à Los Angeles en 1949. Tandis que s'écoulent les heures d'une journée particulière, un réseau de résonances subtiles apparaît peu à peu entre ces trois femmes en quête de bonheur, jusqu'à la révélation finale, bouleversante. Sous la plume de Michael Cunningham, d'une grâce presque irréelle, les sentiments les plus furtifs, les émotions les plus impalpables ont la fragilité et l'amertume des occasions perdues, de la douleur de vivre.
Véritable coup de coeur!
J'ai dégusté chaque mot, chaque sensation, chaque ambiance. J'ai pris le temps de comprendre, de savourer. Ouvrir ce roman fut pour moi comme une immersion totale dans un autre monde. J'y ai trouvé le bonheur des instants simples de la vie, mais aussi la tristesse, la morsure du temps et de la maladie, la douleur, l'envie de crier.
Nous suivons une journée dans la vie de trois femmes qu'en apparence tout sépare. Elles viennent de trois lieux différents et vivent dans trois époques différentes. Mais une chose les rapproche : un roman. Plus exactement Mrs Dalloway. Dans les années 20, Virginia Woolf l'écrit. Dans les années 40, Mrs Brown le lit. A notre époque, une éditrice de 50 ans porte le même prénom que l'héroïne du roman, Clarissa. Son plus proche ami l'appelle affectueusement Mrs Dalloway. On suit ces trois femmes dans cette journée à la fois étrange et banale. Mrs Woolf obéit à son mari tout en luttant contre les démons qui la ronge. Mrs Brown tente de résister à son envie de lire et prépare un gâteau pour l'anniversaire de son époux. Clarissa organise une réception en l'honneur de son vieil ami Richard.
Ce roman m'a énormément touchée. Déjà par sa plume douce, subtile, comme un écho à la plume de Virginia Woolf. J'ai aimé suivre Clarissa dans les rues, Mrs Brown dans sa cuisine et Virginia sur sa table de travail. Ce roman, malgré les drames et la tristesse qui s'en dégage, à quelque chose de calme et d'apaisant. On voit les personnages évoluer devant nos yeux, on a envie de crier comme eux, de s'arracher à cette dépendance affective qui les paralyse et pourtant, les font aussi vivre.
Lorsqu'arrive la fin, on retourne en arrière pour trouver des signes, des explications, pour comprendre.
Un roman puissant, beau, tragique et éblouissant. Rien à jeter, tout à déguster. Une magnifique découverte.
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Le titre de mon billet est la première phrase du roman Mrs Dalloway de Virginia Woolf.
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" Elle a su qu'elle aurait du mal à avoir confiance en elle, chez elle, dans les pièces de sa maison, et lorsqu'elle a regardé ce nouveau livre sur sa table de chevet, posé sur celui qu'elle avait terminé la veille au soir, elle a tendu machinalement la main vers lui, comme si la lecture était la première obligation du jour, unique et évidente, le seul moyen viable de surmonter le passage du sommeil aux tâches obligées. "
(Les heures, M. Cunningham, 10/18, 2004, p44)
(Source image : flickriver.com)
7 commentaires:
Il ne te reste plus maintenant qu'à découvrir la très fidèle adaptation ciné.
Si je comprends bien ,'est plus un roman d'ambiance... Je n'ai jamais lu cet auteur, ni même Virginia Woolf et je pourrais peut-être commencer par l'une pour poursuivre par l'autre.
J'ai vu le très beau film, j'ai lu Mrs Dalloway et j'ai ce livre dans ma PAL. Maintenant, yapluka !
In Cold Blog : Oui, il faut que je la déniche! Je veux trop la voir!
Ys : C'est un roman d'ambiance, mais pas que ....
Restling : Yapluka comme tu dis!
Bon, ben voilà un livre de plus dans ma Liste à Lire. Merci Romanza.
Sublime souvenir pour moi aussi... j'ai d'ailleurs tout fait à l'envers : j'ai vu le film, puis le lu roman, pour terminer sur "Mrs Dalloway". Je me souviens encore de l'année où j'ai lu celui-ci, c'était en 2004 et mes deux romans préférés ont été celui-ci ainsi que "La Conjuration des Imbéciles" :)
Je l'ai vraiment beaucoup aimé moi aussi!!! Mais j'aime Virginia Woolf également!
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