vendredi 18 septembre 2009

La magie est en chacun de nous ...

Le coeur cousu
Carole Martinez
Nouvelle revue française, Gallimard, 2007.

Frasquita Carasco a dans son village du sud de l'Espagne une réputation de magicienne, ou de sorcière. Ses dons se transmettent aux vêtements qu'elle coud, aux objets qu'elle brode : les fleurs de tissu créées pour une robe de mariée sont tellement vivantes qu'elles faneront sous le regard jaloux des villageoises ; un éventail reproduit avec une telle perfection les ailes d'un papillon qu'il s'envolera par la fenêtre ; le coeur de soie qu'elle cache son le vêtement de la Madone menée en procession semble palpiter miraculeusement …
Frasquita a été jouée et perdue par son mari lors d'un combat de coqs. Réprouvée par le village pour cet adultère, la voilà condamnée à l'errance à travers l'Andalousie que les révoltes paysannes mettent à feu et à sang, suivie de ses marmots aux aussi pourvus -ou accablés- de dons surnaturels …
Le roman fait alterner les passages lyriques et les anecdotes cocasses ou cruelles. Le merveilleux ici n'est jamais forcé : il s'inscrit naturellement dans le cycle tragique de la vie.

Une merveille!
Je viens de faire un sublime voyage dans l'univers de Carole Martinez. Lorsqu'on ouvre ce roman, un vent violent du désert, un chant lointain espagnol, un souffle de vieilles légendes viennent se lover au creux de notre cou et nous murmurent des histoires inoubliables.
Je ressors bouleversée de ce livre. J'ai ri parfois, mais j'ai surtout été profondément émue, remuée, retournée. Un récit rempli de contes et d'histoires merveilleuses, un récit où l'on croise un homme-locomotive, une femme qui brille, un ogre terrifiant, un homme recousu et tant d'autres personnes toutes aussi inoubliables. Je me suis attachée, au point de ne plus vouloir les quitter, aux personnages de ce sublime roman. J'ai été bouleversée par Anita la muette, Angela la femme oiseau, Pedro l'artiste aux cheveux rouges, Martirio la messagère de la Mort, Clara l'enfant lumière et Soledad l'éternelle solitaire.
Chacun des courts chapitres de ce roman apporte son lot de légendes, de magie, de poésie. Un livre dur traitant de sujets parfois violents, mais également un roman magnifique sur les femmes, sur leur combat, leur solitude, leur malheur.
Un roman sublime!

« Mon nom est Soledad. Je suis née, dans ce pays où les corps sèchent, avec des bras morts incapables d'enlacer et de grandes mains inutiles. Ma mère a avalé tant de sable, avant de trouver un mur derrière lequel accoucher, qu'il m'est passé dans le sang. Ma peau masque un long sablier impuissant à se tarir. Nue sous le soleil peut-être verrait-on par transparence l'écoulement sableux qui me traverse. LA TRAVERSEE. Il faudra bien que tout ce sable retourne un jour au désert. » (Le coeur cousu, C. Martinez, NRF, 2009, p9)

(Source image : Petite femme espagnole, livegallerie.com)

7 commentaires:

Anonyme a dit…

Je l'ai sur ma liste de livres à acheter depuis un moment mais je n'arrivais pas à me décider, j'avais peur d'être déçue. Maintenant je suis on ne peut plus rassurée !

Praline a dit…

Je l'ai offert sans l'avoir lu et ton avis me conforte dans l'idée que je ne me suis pas trompée.

Romanza a dit…

Matilda : Fonce!!

Praline : Je te confirme!

Restling a dit…

Je l'ai lu récemment et je suis une des rares à ne pas avoir été touchée par la beauté de l'écriture... Je me suis même ennuyée par moments. :-|

Romanza a dit…

Restling : Ah! Les goûts et les couleurs!!

Karine:) a dit…

Une merveille... ce terme me va pour parler de ce roman!!

dasola a dit…

Bonjour Romanza, c'est grâce à une blogueuse que j'ai lu Le coeur cousu, je l'en ai remercié. C'est en effet un très beau premier roman. La première partie m'a particulièrement enthousiamée. Sinon, Du domaine des murmures qui vient de recevoir le Goncourt des Lycéens est aussi très bien. Une auteure à suivre. Bonne après-midi.