Ann Radcliffe publie en 1794 The Mysteries of Udolpho. Les romantiques anglais, et les Victoriens, lui ont voué un culte. En France, Balzac, Hugo, Nodier, Féval, Sue, se souvinrent d'elle. On ignore ce qui a pu pousser cette petite bourgeoise à la vie ordinaire à raconter des histoires terrifiantes, qu'on appelle « gothiques » en Angleterre et « noires » en France parce qu'elles cherchent à provoquer la crainte chez les lecteurs.
Émilie explore le château mystérieux, chandelle à la main, à minuit. La menace (surnaturelle?) est partout présente. Les séquestrations, les tortures ne sont pas loin. Quel est le dessein du maître des lieux? Quels sentiments éprouve la jeune fille pour son tuteur et geôlier? Qui épousera-t-elle, après cette quête de soi à travers les corridors du château, qui ressemblent à ceux de l'inconscient? Ce n'est pas pour rien qu'un chapitre porte en épigraphe ces mots de Shakespeare: « Je pourrais te dire une histoire dont le moindre mot te déchirerait le coeur. »
Etrangement, ce qui m'a le plus séduite dans cette oeuvre n'est pas l'ambiance gothique. J'ai même trouvé le livre II et la longue captivité d'Emilie à Udolphe parfois un peu ennuyants. Par contre, j'ai été envoûtée par le style doucement désuet, me rappelant mes lectures universitaires telles que La princesse de Clèves ou les oeuvres de Diderot. Ce roman est un classique à l'état pur et c'est en cela qu'il m'a ravie. J'ai littéralement été prise par les premières pages. Le livre I m'a tout simplement emmenée dans son univers. J'ai succombé aux belles scènes entre Emilie et Valancourt, mais surtout j'ai été bouleversée par la sublime poésie de ce livre. Un véritable hymne à la nature : "Il avait dit souvent que ce goût pour la nature ne pouvait exister dans une âme sans y supposer une grande pureté de coeur et d'imagination"(p87). Le livre I m'a captivée par son côté pastoral, puis le départ d'Emilie pour l'Italie m'a également ravie. Venise et sa vie légère, les paysages italiens et les hommes galants et romantiques. Les mystères d'Udolphe rentrait progressivement dans mes coups de coeur à vie lorsque mon attention s'est épuisée ...
Quand est arrivé le livre II ... ce fut long ... très long! Pourtant, je m'attendais à me régaler des peurs et de l'imagination tordue de cette Emilie trop sage et trop cul-cul. Et bien, non! J'ai apprécié, mais j'ai trouvé cela vraiment trop long. Ann Radcliffe a tellement pris son temps que ce n'est plus du suspence, c'est de l'ennui. Et comme c'est dommage! J'ai préféré les scènes gothiques se passant à l'extérieur que dans le château. Le livre II manque de nature. Elle est tellement présente et bien décrite dans tout le roman que son absence nous manque dans le second livre.
Mon attention n'est revenue qu'au troisième et dernier livre. J'ai retrouvé l'ambiance envoûtante du premier ... Et au moment du dénouement et de la mise en lumière des secrets et autres complots, mon attention était à son comble.
Au final, un très beau livre qu'il faut vraiment lire et que j'ai réellement apprécié, mais qui possède beaucoup (trop) de longueurs.
Les avis de Lilly , Morwenna , Nebelheim , ...
" La chute totale du jour ne l'éloignait pas de son platane favori ; il aimait ce moment où les dernières clartés s'éteignent, où les étoiles, l'une après l'autre, viennent briller dans l'espace et se réfléchir sur le miroir des eaux; moment touchant et doux, où l'âme dilatée s'ouvre aux plus tendres sentiments, aux contemplations les plus sublimes. Quand la lune, de ses rayons argentés, perçait l'épais feuillage, Saint-Aubert restait encore; et souvent il se faisait apportersous un arbre favori le laitage et les fruits qui composaient son souper."
(Les mystères d'Udolphe, Folio, p54)
(Source image : Illustration de Northanger Abbey de Jane Austen. mollandes.net)
6 commentaires:
Je l'avais adoré pour ma part. Comme tu dis, le style est absolument exquis !
J'ai lu "Le château d'Otrante" et je me rappelle avoir bien ri : c'est tellement too much !
Lilly : Je confirme!
Ys : Je note!!
Je le lirai peut-être pour le style... en me disant que je peux passer vite les longueurs!!
C'est les longueurs apaprenets qui, je l'avoue, me font peur...
Un jour peut-être !
Trouver quelqu'un qui a lu ce livre c'est juste ... je l'ai lu avant de lire Northanger Abbey pour les raisons que tu comprends aisément et ça avait été dur ... j'avais envie de claquer l'héroïne tout le temps, certains passages m'ont plu, notamment la fin mais ils ont été trop rare pour je garde une opinion positive sur ce livre. Je l'ai terminé parce que je ne laisse pas un livre en plan mais ce fut dur ...
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