1, rue des petits-pas
Nathalie Hug
Le livre de poche, 2015.
Voilà un roman qui m'a énormément frustrée. Je l'ai lu assez rapidement. J'étais prise dans cette histoire et plutôt heureuse de l'ouvrir. Pourtant, sur certains points, j'ai été exaspérée par ce livre. J'en veux un peu à l'auteure qui, en voulant trop en faire, a tué une histoire qui aurait pu être sublime.
Nathalie Hug écrit bien, a des talents indéniables pour conter et faire vivre ses personnages. Quel dommage que 1, rue des petits-pas soit si ambitieux. Il y a BEAUCOUP trop de choses dans ces 400 pages : Secrets de famille, témoignage sur la 1ère guerre mondiale, vie des sages-femmes, traumatismes de guerre, survie d'un déserteur, kidnapping, reconstruction après un viol, sorcellerie, médecine illicite, ... et j'en oublie! Cette masse de thèmes m'a noyée. J'aurai tellement aimé que Nathalie Hug se contente de nous narrer l'histoire de Louise et d'Anne comme sages-femmes au lendemain de la guerre. Au fil de ma lecture, dès qu'une nouvelle intrigue apparaissait, j'avais envie de dire "Stop! Fais des choix et arrête-toi!" ... Ou alors, il aurait fallu que cette histoire soit un gros pavé de 1000 pages, plus fouillé, plus travaillé.
Je ne déconseille pas pour autant ce roman. Il est, dans un sens, agréable à lire (attention cependant aux âmes sensibles, c'est un roman très cru), très prenant et certaines tirades de Louise sont magnifiques. Il est également instructif et j'ai appris beaucoup de choses sur les sages-femmes et la médecine. J'aurai aimé, de tout cœur, que l'auteur se concentre sur ce thème et ne parte pas dans tous les sens.
"- J'ai entendu dire que vous aviez pratiqué un avortement dans un village voisin, et que vous proposiez à vos patientes des méthodes de contraception. Vous savez que l’Église condamne ce genre de pratiques.- Nous n'avons avorté personne, m'irritai-je, mais sauvé de la mort une femme dont l'enfant était condamné. Nous devions la laisser agoniser, c'est ça ? Au nom de quoi ?- Mais l'enfant à naître est une créature de Dieu, vous n'avez pas le droit de...- Bien sûr, m'esclaffai-je, j'ai le droit de regarder mourir une patiente les bras croisés !- Louise, vous ne me comprenez pas bien . Donner la mort ou empêcher la vie ne sont pas des prérogatives humaines.- Allez dire à cette femme qu'elle devait mourir au nom de Dieu ! Et aux filles violées par leur père, ou par des déments, qu'elles doivent se réjouir d'être enceintes ! Et tant que vous y êtes, allez expliquer aux putains qu'elles ne doivent pas se prémunir d'une grossesse ! Ou mieux, pauvre curé que vous êtes, ajoutai-je folle de rage, demandez donc à votre Dieu qu'il s'incarne pour le leur dire lui-même ! Et quand il l'aura fait, alors seulement j'irai me confesser !"(1, rue des Petits-pas, Nathalie Hug, Livre de poche, 2015)
(Photos : Romanza2017)
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