Deux soeurs pour un roi
Philippa Gregory
" Je serai sombre, française, à la mode et difficile ; vous serez douce, ouverte, anglaise et belle. Quelle paire nous formerons ! Quel homme pourra nous résister ? " Tels sont les premiers mots prononcés par Anne Boleyn à l'endroit de sa soeur Marie quand elle la rejoint, en 1522, à la cour d'Angleterre. Introduite au palais de Westminster, à l'âge de 14 ans, Marie Boleyn séduit le roi Henri VIII auquel elle donnera deux enfants. D'abord éblouie par le souverain, elle comprend qu'elle sert d'appât au milieu des complots dynastiques. Quand l'intérêt du roi pour elle s'émousse, Anne est chargée de le séduire à son tour. Désir, haine, ambitions, trahisons. Se déroulant sur quinze ans, cette fresque historique, racontée à la première personne par Marie Boleyn, dépeint les rivalités au sein de la dynastie des Tudor. Une histoire qui se terminera dans le sang.
J'aime l'Histoire. J'ai toujours été passionnée par les récits historiques, les histoires de rois et de successions, de conquêtes, de bouleversements politiques et religieux. Je trouve impressionnant comment certains événements, à première vue sans importances, peuvent amener des changements considérables. Comment donc ne pas être fasciné par l'histoire d'Anne Boleyn d'Angleterre? Pour une histoire de désir non assouvi, l'Angleterre est devenue protestante. Certes, d'autres raisons rentrent en compte, mais pour cette femme, Anne Boleyn, Henri VIII rompra avec le pape et deviendra chef de l’église d'Angleterre. Je trouve cela incroyable.
Les romans historiques sont un passionnant outil pour apprendre l'Histoire. Ils nous transportent hors du temps et, d'une façon agréable, arrivent à nous apprendre des tas de choses. Merci Dumas, Tolstoï et tant d'autres.
Deux sœurs pour un roi est très romanesque. Il est avant tout fait pour se divertir et s'évader. Certains faits politiques ou personnages importants (Thomas More, Thomas Cromwell par exemple) sont un peu mis à la trappe au profit de scènes inventées, fantasmées. Philippa Gregory se penche sur la relation entre Marie et Anne Boleyn. Dans les faits, on ne sait que peu de choses sur Marie. On sait cependant qu'elle n'a pas eu l'importance que lui donne ici Philippa Gregory. Elle fut la maîtresse de Henri VIII, mais ce ne fut jamais officiel et jamais ses deux enfants n'ont été déclarés bâtards du roi. L'auteur se sert donc de l'Histoire et de Marie pour inventer le récit d'une jeune femme manipulée par les hommes et leurs ambitions.
Je me suis prise au jeu du roman. Le contexte est juste ainsi que l'atmosphère et les grandes lignes historiques et j'ai accepté le romanesque de l'histoire de Marie. Le style du roman, sans être particulièrement fascinant, est agréable. C'est un texte bien écrit et très prenant. J'ai été surprise par l'ambiance de la vie de cour très bien rendue et vivante. Une chose est sûre, je n'aurai jamais pu survivre là-bas. Tout comme Marie, je préfère une vie campagnarde simple et douce. Comment supporter ces complots, ces messes basses, ces luttes d'intérêt? Quelle horreur! Ce roman m'a vraiment terrifié. Jusqu'où les Hommes peuvent aller pour assouvir leur soif de pouvoir? Les dernières pages sont glaçantes. Tout comme la reine Anne, j'ai senti le vent tourner et ma chute arriver. Anne est un personnage égoïste, supérieur, terrible. Pourtant, quand arrive la fin, on ne peut qu'avoir pitié d'elle. Être à la merci des hommes et de leurs désirs était la seule voie envisageable pour une femme noble. En quelques années de règne seulement, Anne passe de femme aimée par son roi à reine déchue et abandonnée. Quelle pression ces pauvres femmes devaient-elles subir! Comment ne pas angoisser lorsqu'on voit son ventre rester plat et stérile? Quant on sait que notre vie dépend de la naissance d'un héritier? C'est aussi le tourment d'un autre personnage envoûtant, Catherine d'Aragon, première épouse du roi, femme imposante et bonne, qui sera elle aussi sacrifiée.
Ironie du sort, c'est la fille unique d'Anne qui deviendra une des plus grandes reines d'Angleterre, la reine Elizabeth Ier.
Un roman qui se lit vite et qui est prenant. Une vision très romanesque de l'Histoire, mais qui s'assume comme tel. Une partie de l'Histoire de l'Angleterre qui nous fascinera encore longtemps.
"- Anne, commença le roiElle se tourna vers lui.- L'on versa dans votre oreille mensonges et poisons contre moi, l'interrompit-elle en hâte. J'ai droit à meilleur traitement. Je vous fus bonne épouse, je vous aimai comme nulle autre femme.- Anne...- Certes , je ne portai point de mâle en son terme, mais ce n'est guère ma faute, poursuivit-elle avec passion. Catherine non plus. L'appelâtes-vous sorcière pour autant ?Un murmure réprobateur s'éleva; j'aperçu un poing se former, pouce entre l'index et le majeur, exécutant le signe de croix qui conjurait la sorcellerie.- Je vous ai donné une princesse, cria Anne, la plus belle qui fût jamais, avec vos cheveux, vos yeux. A sa naissance, vous affirmâtes qu'il était encore tôt encore et que nous avions le temps d'avoir des fils. Vous ne craigniez pas votre ombre alors, Henri !Elle avait à demi dévêtu Elizabeth, la tenant à bout de bras. Henri recula, bien que la petite appelât "papa!" en lui ouvrant les bras.- Sa peau est parfaite, sans marque d'aucune sorte ! Personne n'osera nier qu'il s'agit d'une enfant bénie de Dieu, qu'elle sera la plus grande princesse que ce pays ait jamais connue ! Pouvez-vous regarder votre fille sans savoir qu'elle aura des frères et des sœurs aussi forts et beaux qu'elle ?"
(Deux soeurs pour un roi, Philippa Gregory, Archipoche, p617)
3 commentaires:
Cela fait un moment que je me demande ce qu'il vaut et s'il pourrait me plaire. En te lisant je me dis que oui :)
Bises et bon dimanche !
Je n'ai pas du tout été convaincue par le film avec Natalie Portman et Scarlett Johanson. Du coup, je n'ai jamais eu envie de lire le roman. Ton billet me fait revenir sur mes positions.
J'avais plutôt apprécié le film, donc pourquoi pas découvrir le roman.
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