lundi 20 mai 2013

N'oubliez pas que vous aussi, un jour, vous serez jugés ...

Le cavalier suédois
Léo Perutz
Libretto, 2011.

Aux confins de l’Europe centrale, sur les frontières de l’ancien empire germanique, entre Silésie, Bohême et Pologne, à une époque (le début du XVIIIe siècle) marquée par la guerre, les dévastations et les pillages, sur une terre de désespoir et de misère, livrée aux ravages des armées, aux brigandages et à la famine, un voleur aux abois, un réprouvé perdu au milieu de nulle part, grâce à un hasard ambigu, choisit de changer de peau, de prendre la place d’un autre.
(étrangeslectures.fr)

Dans la pure tradition des romans d'aventure, Le cavalier suédois nous offre 200 pages pleines de fougue, de mouvements et de complots. Ce roman de Léo Perutz tient toutes ses promesses. Et même un peu plus. On y croise des revenants, des anges et les héros ont des prémonitions pour le moins inquiétantes. Il n'y a pas de pages de trop, pas de superflus. Un petit roman où il fait bon de se nicher et qui se lit tout seul. Dans la même veine que Le maître de Ballantrae de Stevenson, Le cavalier suédois est bourré de charme. 
Je n'ai pas réussi à haïr le voleur. Et je ne pense pas d'ailleurs que Léo Perutz désire que l'on le prenne en grippe. On a pitié de lui. Je l'ai aimé et je l'ai plains. Une belle histoire au bout du compte. 
J'ai entendu parler de "suspense haletant" au sujet de ce roman. Je ne partage pas cet avis. Je parlerai plus d'une intrigue captivante et extrêmement bien menée. J'ouvrais toujours Le cavalier suédois avec intérêt et bonheur, mais le suspense n'est pas haletant au point de ne plus pouvoir le poser une fois commencé. Tout s'emboîte, tout est logique sans pour autant être téléphoné. Une affaire rondement menée. Tout est bien dosé.  
J'ai adoré l'introduction et ses échos lors du dénouement. Le début et la fin sont pour moi les instants les mieux réussis, les mieux pensés. 
Pour moi, Le cavalier suédois est un petit bonbon délicieusement aventureux qu'il faut absolument lire. Je rêverai de le voir adapté au cinéma. Un scénario sublime, une plume captivante et intelligente. Un roman plein de charme.

"Mais parfois, lorsque le Cavalier suédois chevauchait à travers champs et mesurait de regard l'étendus de ses terres, une ombre passait sur son âme, tel le vent froid de la nuit : il avait le sentiment que ce qu'il nommait son bien, les champs, les pâtures, les prairies où les bouleaux jetaient leur note claire, les blés qui levaient, la rivière serpentant à travers les herbages et, là-bas, la maison, le domaine, la femme qu'il aimait et l'enfant pour lequel il tremblait - tout cela ne lui appartenait pas en propre : on le lui avait confié pour un temps... et il devrait le rendre. Et plus le soleil rayonnait alentour, plus la nuit s'épaississait en lui". 
(Le cavalier suédois, L. Perutz, Libretto, Phébus, 2011)

(Source image : l.ha.free.fr Aivazovsky, Moulin à vent sur le rivage)

2 commentaires:

Lilly a dit…

Je l'avais commencé il y a des années, et j'avais trouvé ça assez atroce comme histoire donc je ne l'ai jamais terminé. Mais ça viendra, depuis j'ai lu d'autres avis comme le tien.

Matilda a dit…

Je lis ton billet, et je suis tentée. Quelques temps après je vais chez mon libraire et sur quoi je tombe ? La vieille édition 10/18 du roman ! Du coup je l'ai pris sans hésiter, merci pour la découverte :)