samedi 20 avril 2013

De l'importance d'un rayon de soleil

Le vent dans les saules
Kenneth Grahame


Phébus, Libretto, 2011.

Ils sont quatre : quatre aventuriers plus ou moins pantouflards et ordinaires du monde animal à vivre l'aventure quotidienne de la vie. Il y a les deux amis, Rat et Taupe, le sage et bourru Blaireau et l'entêté, vaniteux et totalement irresponsable Crapaud par qui tout ou presque arrive. Ces quatre-là s'émerveillent, suivent les saisons, le cours de l'eau et racontent en un livre magique tout ce qui fait le prix de l'existence : peur, amitié, désir d'ailleurs, perte, abandon, espoir...

" J'envie le lecteur qui s'apprête à ouvrir ces pages pour la première fois ; il va pénétrer dans un pays accueillant où l'attendent des compagnons qui, de toute sa vie, ne le quitteront plus. " C'est après ces mots d'Alberto Manguel en préface que j'ai commencé les aventures de Mr Taupe, Mr Rat, Mr Crapaud et Mr Blaireau. Le vent dans les saules est un concentré de douceur, de tendresse, d'amitié et d'humour. Avec une écriture d'une grande simplicité, Kenneth Grahame nous parle de l'humanité toute entière, de ses émotions les plus pures. Les péripéties des quatre amis sont palpitantes, drôles et émouvantes. J'ai beaucoup ri des aventures de Mr Crapaud, cet animal orgueilleux mais attachant. L'amitié liant Mr Taupe et Mr Rat est touchante et j'ai été intimidée par le sage Mr Blaireau. Mais la force de ce roman est qu'au-delà de simples aventures d'animaux, Kenneth Grahame nous plonge dans un véritable hymne à la vie. C'est ce point précis qui a fait que Le vent dans les saules est un total coup de cœur. L'amour des petits riens de l'existence est ici à son apogée. Le plaisir d'un feu de cheminée, d'un pique-nique près d'une rivière, du bruit de l'eau, du chant des oiseaux, d'un lit douillet, d'une conversation entre amis. Un roman qui donne envie de vivre et de déguster ces petits riens de l'existence. Kenneth Grahame fait autant l'éloge de la vie en plein air, balade, pique-nique, découverte, curiosité, que de la joie que l'on peut ressentir dans son chez-soi, l'importance de créer un nid confortable, la sécurité, le réconfort. Sa conception de la vie, le bonheur de flâner au bord de l'eau tout comme la joie de rentrer chez soi, est tout ce en quoi je crois
Lorsque j'étais enfant, j'écoutais en boucle une cassette audio durant la période de Noël. Il s'agissait d'un rat et d'une taupe qui, ravis de rentrer chez eux un soir d'hiver, profitaient paisiblement de la chaleur du foyer et d'un bon repas. Je me souviens du bruit du feu de cheminée, des paroles réconfortantes du rat et de la chanson des petits mulots. Quelle joie, quelle émotion j'ai ressentie lorsqu'en lisant le chapitre 5, j'ai retrouvé cette belle histoire qui m'avait si souvent bercée enfant. 
Le vent dans les saules a le pouvoir de rendre les moments tendres de la vie magiques, inoubliables, indispensables. J'y ai retrouvé mes principes, ma conception de la vie, ce que je veux transmettre à mon fils. Le chaleur du foyer, la découverte, la curiosité, l'amour des petits riens ... 
Il est assez difficile de parler d'un roman aussi simple parlant de crapauds et de loutres, mais tellement indispensable, remuant notre coeur, nous plongeant dans une sorte d'extase béate ... 
... Un bijou!

" Un spectacle ravissant et tout à fait de saison s'offrit à leurs yeux quand ils ouvrirent toute grande la porte. Dans l'avant-cour, éclairés par les faibles rayons d'une lanterne, une dizaine de jeunes mulots, rangés en demi-cercle, tapaient des pieds pour se réchauffer. Un cache-nez d'épaisse laine rouge autour du cou et les pattes de devant enfoncées dans leurs poches, il se regardaient timidement, de leurs yeux brillants comme des billes, ricanaient un peu, reniflaient et ne cessaient de s'essuyer de la manche de leur manteau. Au moment où la porte s'ouvrit, l'un des plus âgés, qui portait la lanterne, disait à ses camarades : "Attention, un, deux, trois!". Aussitôt ils entonnèrent, de leurs petites voix aiguës  un de ces chants que leurs ancêtres avaient composés par un de ces hivers où les champs étaient en friche et à moitié gelés et que la neige les retenait près du feu de cheminée. "
(Le vent dans les saules, K. Grahame, Libretto, 2012, p92)



(Sources images : fantasybookreview et happymousemansion.wordpress.com)

6 commentaires:

Deuzenn a dit…

Le Vent dans les saules c'est juste magique...

Anonyme a dit…

Il faut vraiment que je me le procure !!!

Jeanne a dit…

Avec Le vent dans les saules, Matilda, Sans famille et Le gentil petit diable, je vois que nous avons les mêmes goûts... ou alors ces livres sont si sublimes qu'ils plaisent à tous. J'aimerais vous faire parvenir un exemplaire d'un roman publié dont je suis l'auteur, y a-t-il moyen d'obtenir une adresse postale à laquelle vous l'envoyer? Merci!

Titine a dit…

Je suis si contente de voir que c'est un coup de cœur pour toi aussi. Tu exprimes très bien le plaisir que l'on éprouve en le lisant. C'est un univers féérique, délicieux où j'aimerais aller me poser pour partager un pique-nique au bord de l'eau avec Mr Taupe et Mr Rat.

Lilly a dit…

Il faut absolument que je le lise, il a l'air tellement beau !

Cleanthe a dit…

J'ai adoré ce livre, délicieux et incomparable.