Carrie
Stephen King
Challenge Gilmore girls
J'ai lu, 1978.
Une mère puritaine obsédée par le diable et le péché ; des camarades de classe dont elle est le souffre-douleur : Carrie est profondément malheureuse, laide, toujours perdante.
Mais à seize ans, ressurgit en elle le souvenir d'un "don" étrange qui avait marqué fugitivement son enfance : par sa seule volonté, elle pouvait déplacer les objets à distance. Et ce pouvoir réapparaît aujourd'hui, plus impétueux, plus impatient.
Une surprise bouleverse soudain la vie de Carrie : lorsqu'elle est invitée au bal de l'école par Tommy Ross, le boy-friend d'une de ses ennemies, n'est-ce pas un piège plus cruel encore que les autres ?
J'ai découvert tardivement Stephen
King il y a trois ans en lisant le célèbre ça, l'histoire du clown
cabriolant. Assez sceptique en l'ouvrant, je suis tombée dans un
univers hallucinant d'imagination qui m'a profondément marquée.
Bien sûr, il y a eu la peur, le frisson et l'horreur, mais il y a eu
surtout un magnifique talent de conteur, des personnages vivants et
profondément attachants, des images, des émotions qui chamboulent
là dans le fond du ventre et au final, une de ces lectures qui ne
nous quittent plus. Rien qu'à l'évocation du mot "ça", je plonge
dans un univers complet, total, un flot d'images m'envahit. Ce sont comme des souvenirs d'une vie vécue et non comme de
simples lignes lues dans les pages d'un livre. Vous comprendrez pourquoi en ouvrant Carrie, j'étais à la fois heureuse et nerveuse.
Je n'irai pas jusqu'à dire que Carrie
a la force de ça (le nombre de pages joue, plus de 1000 pages pour
ça, que 250 pour Carrie), mais j'y ai retrouvé tout ce qui m'avait plu.
J'ai dévoré ce roman une fois ouvert. Construit comme une enquête, un rapport de police, on suit pas à pas l'histoire tragique de Chamberlain, ville du Maine. On sait dès le début qu'un terrible désastre a frappé la ville et que l'étrange Carrie White en est responsable. Mais les détails, les précisions ne viennent qu'au fil du récit. La narration est entrecoupé de témoignages, d'extraits d'enquêtes ou de rapports. Tout se construit comme un puzzle. On est tenu en haleine.
J'ai tout de suite pris Carrie en pitié. Dans cette ambiance typiquement "clichés américains" où il faut être belle et capitaine des pom-pom girls de l'école pour être aimée et respectée, la pauvre Carrie est le mouton noir. Elle est sans cesse insultée. L'horreur atteint son paroxysme lorsque Carrie a ses premières règles dans les douches collectives. Sa mère l'ayant laissée dans l'ignorance, Carrie croit mourir d’hémorragie. Toutes les filles du vestiaire lui jettent des serviettes hygiéniques et des tampons au visage en lui criant des obscénités. Carrie, traumatisée, prend conscience d'une chose qui dort en elle depuis des années, la télékinésie.
J'ai aimé Susan qui essaie comme elle peut d'aider Carrie (mais n'est-elle pas indirectement responsable du désastre?). C'est la seule, avec le doux Tommy et Miss Desjardins, à ne pas juger Carrie sur son apparence ou son éducation et qui tente de la faire sortir de sa coquille. J'ai par contre eu envie plusieurs fois de griffer cette peste de Chris. Carrie n'est qu'une victime. Les responsables du désastre de Chamberlain sont ceux qui la briment depuis des années.
J'ai souvent entendu que Carrie n'était pas un roman qui faisait peur. C'est vrai que par rapport au clown psychopathe de ça, Carrie est assez gentillette, mais j'ai tout de même ressenti quelques frissons. L'image sanguinolente de Carrie détruisant par le feu sa ville et ses habitants ne me quittera pas de sitôt.
Tout comme pour ça, je retire de ce roman une histoire profondément humaine. A l'époque, c'est l'histoire d'amitié du Club des Ratés dans ça qui m'avait remuée les tripes, avec Carrie c'est la stupidité humaine, la méchanceté gratuite, le jugement aveugle. Carrie m'a bouleversée. Mon coeur s'est souvent serré pour elle.
Une très belle histoire, à la fois magnifique et terrifiante. Je n'aurai plus d'appréhension à ouvrir un Stephen King. Grâce à ces deux lectures, je sais que j'entrerai dans un monde humain, saisissant, imaginatif.
" /.../ Et alors les autres filles se sont moquées d'elle?
- Pire que ça. Elles poussaient des hurlements et lui jetaient des serviettes hygiéniques à la tête quand je suis entrée. Elles les lui lançaient ... comme des cacahuètes.
- Oh! Oh mon Dieu! Vous avez relevé des noms?
- Oui, mais pas tous. Quoiqu'il y aura sans doute des dénonciations. Il m'a semblé que Christine Hargensen était la meneuse ... comme d'habitude.
- Chris et sa bande de perruches, murmura Morton.
- Oui. Tina Blake, Rachel Spies, Helen Shyres, Donna Thibodeau, et sa soeur Mary Lila Grace, Jessica Upshaw. Et Sue Snell - Elle fronça les sourcils. Je ne me serais pas attendue à ça de la part de Sue. Jamais je ne l'ai vue tremper dans ce genre de chahut. "
(Carrie, S. King, J'ai lu, 1978, p 23)
(Source image : stephenking.wikia.com. Sissy Spacek dans Carrie au bal du diable)
3 commentaires:
J'ai beaucoup lu Stephen King lorsque j'étais ado, j'ai lu notamment Carrie qui m'avait vraiment touchée... Stephen King c'est un style très particulier, on dirait qu'il vous parle à l'oreille, et on y est vraiment... J'avais arrêté de longues années, plus le courage de me plonger dans cette atmosphère terrifiante et puis il n'y a pas longtemps j'ai lu " Sac d'os" et je l'ai vraiment beaucoup aimé, beaucoup moins horrifiant que d'habitude, et diverses thèmes très intéressants abordés. Je te le conseille fortement...
Je n'ai toujours pas lu Stephen King, mais j'ai vu le film il y a quelques années. C'est vraiment une "belle" histoire, bien que très très noire.
L'or des chambres : J'ai "Simetierre" et "Salem" dans ma bibliothèque. Je note "Sac d'os".
Lilly : J'ai trouvé le film, il faut que j'essaie de le voir!!
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