vendredi 25 mai 2012

Attrapée ... comme une débutante ...

Ethan Frome
Edith Wharton

Imaginaire Gallimard, 1996.

Ethan Frome, dans une petite ferme du Massachusettes, est sous la domination de sa femme Zenobia, une mègère hypocondriaque qui dépense tout l'argent du ménage à soigner des maladies imaginaires. L'arrivée de Mattie Silver, une cousine de Zenobia, illumine la vie d'Ethan en lui apportant de la douceur et de la compréhension.
Edith Wharton, grande romancière, la meilleure disciple d'Henry James, a écrit avec cette tragique histoire l'oeuvre la plus représentative de la littérature régionaliste de la Nouvelle-Angleterre. 

J'ai découvert Edith Wharton avec Chez les heureux du monde il y a quelques temps et j'avais été éblouie par la plume vive et émotionnellement saisissante de cette grande dame de la littérature. Après la lecture d'Ethan Frome, je peux ajouter Edith Wharton à mon panthéon livresque. J'ai été bouleversée (pas moins) par cette si sublime et terrible histoire. J'ai tourné la dernière page ce matin et depuis impossible de me détacher de l'image d'Ethan et Mattie. 
Edith Wharton nous emmène dans un pays de neige et de glace. Un pays froid où les coeurs tentent de se réchauffer comme ils peuvent. Après la solitude de Lily dans Chez les heureux du monde, on rencontre Ethan, perdu, noyé, enseveli ... Nous ne sommes plus dans le monde de la richesse et des apparences comme dans Chez les heureux du monde. Nous sommes dans les émotions humaines les plus pures. Pourtant, on retrouve les même désillusions, les mêmes souffrances, les même sacrifices. Les romans d'Edith Wharton ne sont pas gais. En tout cas, c'est deux là ne le sont pas. C'est assez déprimant, disons-le! Mais quelle beauté mon Dieu! Quelle poésie! Ethan Frome est un long et douloureux poème. Comment Edith Wharton a t-elle pu imaginer une histoire aussi dure, aussi terrible? La chute finale et tout ce qu'elle implique pour Ethan, Mattie et Zenobia me hante. Je les vois devant moi ... avec leur douleur, leurs regrets ... Une seule question! Pourquoi? J'en rage ... 
Je ne remercierai jamais assez les blogueurs qui ayant lu Ethan Frome ont prévenu de ne surtout pas lire la 4ème de couverture de l'édition Imaginaire Gallimard. Merci mille fois! Je fais d'ailleurs comme eux : NE LISEZ PAS LA 4EME DE COUVERTURE! Je l'ai lu une fois le roman terminé et j'ai été scandalisée. Ils font un résumé entier du livre tuant tout suspense. De plus, ce résumé est si vulgaire et mauvais qu'il ne donne même pas envie d'ouvrir cette si bouleversante histoire. Alors surtout, ne lisez pas le dos de votre livre! Vous risquerez de passer à côté de cette oeuvre. Bien que l'intérêt d'Ethan Frome de réside pas que dans l'attente de ce qui va se passer, l'émotion est si forte, on n'y croit tellement pas, on imagine tellement de choses, que connaître la fin de l'histoire d'Ethan, Zenobia et Mattie avant la lecture est un sacrilège.  
Un GROS coup de coeur! Des personnages profonds et terriblement complexes, des émotions pures qui serrent la gorge, des paysages et une ambiance glacée mais envoûtante ... Une merveille! 
A lire absolument ... sans oublier de ne surtout pas lire la quatrième de couverture!!!!! 

"  Quand vint la fin, ce fut elle qui dut lui dire d'atteler et d'aller chercher l'entrepreneur des pompes funèbres, et elle trouva "drôle" qu'il n'eût pas décidé d'avance à qui devaient aller les vêtements et la machine à coudre de sa mère. Après l'enterrement, quand il vit qu'elle se préparait à partir, il fut saisi d'une crainte irraisonnée de rester seul à la ferme; et avant de savoir ce qu'il faisait, il lui demanda de rester avec lui. Il pensa souvent ensuite que cela ne serait pas arrivé i sa mère était morte au printemps au lieu de mourir en hiver ... "
(Ethan Frome, Edith Wharton, Imaginaire Gallimard, 1996, p86) 


(Source image : livegallerie.com. Maryze Wenger)

10 commentaires:

Shelbylee a dit…

Bon promis, je n’oublierai pas de ne pas lire la 4e de couv. Ca fait longtemps que je n'ai pas lu du Edith Wharton, mais ton billet me donne envie. J'avais ADORE le temps de l'innocence.

Suzanne a dit…

Un coup de coeur pour moi que cet excellent roman. Très beau billet dame Romanza.

Romanza a dit…

Shelbylee : Fonce ma belle! Tu découvriras un univers différent de celui mondain que Wharton aime décrire, mais c'est un roman tout autant envoûtant ...

Suzanne : Merci!!!! Je me souviens que c'est par toi que j'ai connu ce roman ...

maggie a dit…

Je viens d'emprunter libre et légère hier à la médiathèque et pour la prochaine fois je note ce titre que je veux lire depuis un moment... Je ne compte pas lire la quatrième de couverture : le nom de Wharton me suffit !!!!

Romanza a dit…

Maggie : Et tu as bien raison! Wharton se suffit à elle même ... Régale-toi bien avec ce roman. Plus de 24h après la dernière page, je suis toujours envoûtée

Karine:) a dit…

Aaaaah, il me le faut, après un tel billet. Dire que j'ai 3 romans de l'auteur dans ma pile.. mais pas celui-ci. La vie est dure!

Romanza a dit…

Karine : Tu sais tous les romans de cette grande dame ont l'air délicieux! Tu seras, je pense, comblée avec n'importe quel titre!!!!! Mais je comprends que tu veilles lire "Ethan Frome", une merveille!

Lou a dit…

Je n'avais pas été aussi conquise que toi par "Chez les heureux de ce monde" même si j'avais bien aimé, j'ai été plus sensible à mes premières lectures de nouvelles (chroniquées sur mon blog sauf un recueil, si ça peut te tenter). J'ai beaucoup de ses textes dans ma PAL et envisage toujours une lecture d'une grande partie de son oeuvre. Très joli billet, tu donnes vraiment envie de lire ce texte-ci:)

Lilly a dit…

C'est en effet un très beau roman, et ton billet me fait revivre certaines choses éprouvées à sa lecture.

Romanza a dit…

Lilly : C'est tout à fait ça! L'évocation de ce texte fait monter une vague d'émotions ....