lundi 27 avril 2009

"Qu'il est difficile de faire le bien! Il n'y a que le mal de facile à faire."

Paul et Virginie
Bernardin de Saint-Pierre
Librio, 1995.

Deux cabanes au bord de l'eau, sur le rivage de l'île de France, aujourd'hui l'île Maurice ... C'est là qu'ont grandi Paul et Virginie. Leurs mères, rejetées par la société, ont jadis trouvé refuge en ce paradis. Depuis ce jour, ils vivent ici le plus simplement du monde, en parfaite harmonie avec la nature qui les entoure.
Ils se nourrissent de mangues, de papayes, de goyaves, s'offrent des bouquets exotiques et se reposent à l'ombre du lilas de Perse ... Ils n'ont qu'à tendre les mains pour cueillir le bonheur. Pourquoi conquérir ailleurs ce qui leur est ici offert?
Mais l'horizon s'assombrit ... Leur amour est menacé. L'hypocrisie, la jalousie, la cupidité du monde civilisé les rattrapent. Tels de nouveaux Adam et Eve, les voilà chassés de ce merveilleux Eden. Arrachés l'un à l'autre ... Séparés à jamais par les flots d'un océan déchaîné ...

C'est vrai que ce roman est plein de bons sentiments. Tout le monde est beau, jeune et bon, sauf les très très gros méchants qui sont vraiment très méchants. Bernardin de Saint-Pierre m'a un peu exaspérée en répétant je ne sais combien de fois que Paul et Virginie vivaient en harmonie avec la nature, qu'ils étaient heureux, qu'ils s'aimaient, aimaient leurs mères, aimaient la vie, aimaient les oiseaux, le soleil, les arbres, .... Une fois, deux fois, trois fois ... ça passe! Mais dix-neuf fois ... ça commence à peser! Et pourtant, c'est bien ce qui m'a séduite dans ce livre (J'en suis sûre que vous ne me suivez plus là! Je me trompe?). Je m'explique. J'aime ces romans du XVIIIème siècle un peu désuets, au style élégant et précieux. Oui, les héros vivent dans une île tellement utopique que ça en devient rageant. Oui, ils pleurent d'émotion toutes les cinq secondes juste parce qu'un oiseau s'est posé sur une branche. Oui, mille fois oui! Mais j'aime bien. ça me touche (et ça me fait sourire aussi!!). Je m'imagine telle une femme du XVIIIème pleurant le soir près du feu de cheminée sur la triste histoire de Paul et de Virginie.
Ce roman m'a rappelée La princesse de Clèves, Manon Lescault, Les lettres portugaises, tous ces romans un peu "démodés" mais qui apportent un je-ne-sais-quoi de douceur, de bonté dans mon petit monde littéraire. Comme une sorte de pause, d'immersion dans un monde parallèle avec d'autres senteurs, d'autres émotions, d'autres couleurs.
Cependant, j'ai regretté la mise en place trop longue de l'intrigue (oui, on sait ils sont beaux et heureux!!) et la fin trop précipitée. J'aurai aimé en savoir plus sur la vie de Virginie en Europe. J'aurai aimé une fin plus détaillée.
A part cela, ma foi, j'ai passé un bon petit moment, assez nunuche par moment (je dois l'admettre), mais agréable. Je continuerai, de temps à autre, à lire un petit roman de cet époque avec grand plaisir.

"Vous autres Européens, dont l'esprit se remplit dès l'enfance de tant de préjugés contraires au bonheur, vous ne pouvez concevoir que la nature puisse donner tant de lumières et de plaisirs. Votre âme, circonscrite dans une petite sphère de connaissances humaines atteint bientôt le terme de ses jouissances artificielles : mais la nature et le coeur sont inépuisables. Paul et Virginie n'avaient ni horloges, ni almanachs, ni livres de chronologie d'histoire, et de philosophie. Les périodes de leur vie se réglaient sur celles de le nature. Ils connaissaient les heures du jour par l'ombre des arbres; les saisons, par le temps où ils donnent leurs fleurs ou leurs fruits; et les années, par leur nombre de leurs récoltes. "
(Paul et Virginie, librio, 1995, p35)



(Source image : cano.lagravure.com)

10 commentaires:

Lilly a dit…

Je l'ai acheté hier, avec "La princesse de Clèves" et "Manon Lescault". Ton avis tombe bien, j'avais peur que ce soit la déception assurée.

Romanza a dit…

Lilly : Et bien si comme moi tu aimes les classiques, tu n'as pas de soucis à te faire!

kali a dit…

Je suis ravie de cette phrase : "J'aime ces romans du XVIIIème siècle un peu désuets, au style élégant et précieux." C'est un peu ce que je ressens en lisant certains romans du XVIIIe ou même XIXe. C'est terriblement suranné mais c'est ça qui est chouette!

Praline a dit…

J'en ai un souvenir un peu gnangnan mais agréable. Mais ce qu'elle pouvait m'agacer cette virginie !

Romanza a dit…

Kali : Ah! Dans mes bras ma soeur ... hihihi! ;)

Praline : Et oui, c'est vrai! Bien d'accord!

Karine :) a dit…

Je pense qu'à toutes les fois où je verrai le nom de bernardin de st-pierre, je me reverrai en train de chercher frénétiquement sa tombe au Père Lachaise à Books!!! Lire le livre... je ne sais pas trop, par contre!

Ofelia a dit…

Même avis que toi: c'est exaspérant à lire mais j'avais adoré. Je l'ai relu il y a 3 ans, juste avant de m'envoler pour l'île Maurice (autrefois île de France) le lieu de l'histoire. Bon, pour la défense de ces pauvres coeurs purs: le paysage donne en effet très envie d'aimer tout le monde, les arbres, le ciel et les oiseaux :p

Lou a dit…

ça ne me tente pas mais je le lirai normalement un jour, pour me "kulturer" un peu :)Je n'ai pas du tout aimé Tristan et sa chère Iseult que j'associe bêtement à ce livre mais bon.

Romanza a dit…

Karine : Tu as lu autre chose de lui???

Ofelia : Merci de ce bel avis!!

Lou : Qu'est ce que j'apprends? Tu n'as pas aimé Tristan et Yseult?? Ohhh!!
Mais bon, je t'aime bien comme même!
Vu que Paul et Virginie est totalement différent de Tristan et Yseult ... Lis le tu aimeras peut-être!!

Anonyme a dit…

Paul et Virginie, je l'ai lu aussi plusieurs fois et je pense à peu près comme vous. Alors le style, les mots, la façon d'écrire, c'est ce qui me plait. J'aime. L'histoire, romantique bien sûr, mais quand même "désuet" oui mais ce n'est le terme exact pour moi, parce que même au temps de Viginie....Préférer se noyer que se déshabiller ! J'ai bien aimé vous lire sur ce livre. Mathy