Bibliothèque Marabout, 1957.
Élevée au moulin de Dorlcote, dans les paysages verdoyants du Lincolnshire, la toute jeune et idéaliste Maggie Tulliver forme avec son frère Tom un couple lié par un amour indestructible.Ce lien est pourtant mis à mal après la mort de leur père, que la faillite a contraint à vendre son moulin. Maggie se morfond dans sa nouvelle vie et se rapproche un peu plus de Philip Wakem, un jeune homme sensible et cultivé, issu d’une famille rivale. Au grand dam de Tom, qui a dû abandonner ses études pour subvenir aux besoins des siens, au prix d’un labeur acharné…C'est ma première lecture de George Eliot. Je possède Middlemarch depuis 3 siècles dans ma bibliothèque mais je n'ose toujours pas l'ouvrir. Finalement, j'ai commencé par Le moulin sur la Floss (largement influencée par Lilly) et je ne regrette pas. Ce roman fait partie de ces textes qui hantent. Fait assez propre aux gros pavés, nous passons tellement de temps dans l'univers du texte et près des personnages qu'on se sent presque orphelins quand sonne la fin du texte.
Nous suivons un couple de frère et sœur, l'attachante Maggie et le tyrannique Tom. J'ai autant adoré le personnage de Maggie que détesté celui de Tom. Bien sûr, j'ai revu mon jugement dans les dernières pages. J'ai compris la dureté de Tom. Je ne l'ai pas excusé pour tout … Je n'ai pas pu. C'est un vrai despote envers sa sœur et il m'a souvent retourné le cœur. Quant à Maggie, quel personnage ! Cette femme m'a remuée. Bien sûr, le propos de George Eliot est sans ambiguïté. La condition des femmes est terrifiante. Aucune possibilité de choix ou d'opinions. Maggie sera soumise toute sa vie à la dictature des hommes, mais également celle des femmes plus âgées. Trop vive, trop spontanée, elle n'aura de cesse d'être brimée et rabaissée. Son histoire m'a fendue le cœur.
De l'enfance à l'âge adulte, nous suivons les tourments et les luttes de Maggie et Tom. Parfois drôle, souvent touchant, ce roman aux nombreux personnages n'ennuie jamais son lecteur. C'est beau, c'est tragique. C'est le cœur bien serré que j'ai lu les dernières lignes de cet épais roman.
Je suis moins effrayée par Middlemarch désormais. Je compte bien le découvrir plus vite que prévu. George Eliot a une plume efficace et sensible, à la fois terriblement maîtrisée et d'une grande spontanéité.
- (...) J'aimerais bien savoir comment tu as manifesté cet amour, dont tu parles beaucoup, soit pour moi, soit pour mon père ? En nous désobéissant et en nous trompant. Moi, ma manière de montrer mon affection est différente.
- Parce que tu es un homme, Tom, que tu en as les moyens et que tu peux agir dans le monde.
- Eh bien, si tu ne peux rien faire, soumets-toi à ceux qui le peuvent.
- Alors, je me soumettrai à ce que je reconnaîtrai, à ce que je sentirai comme juste. Je me soumettrai même à ce qui est déraisonnable chez mon père, mais pas chez toi. Tu te vantes de tes vertus, comme si elles t'avaient acquis le droit d'être cruel et lâche comme tu l'es aujourd'hui. (...)
1 commentaire:
Je suis heureuse de lire ce si beau billet. Comme tu dis, ce livre montre bien à quel point être une femme est compliqué. Entre les hommes et les femmes plus âgées, chaque choix est un mauvais choix...
"Middlemarch" est beaucoup plus long, mais plus fluide et moins éprouvant.
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