samedi 18 avril 2020

L'histoire d'une vie

David Copperfield
Charles Dickens



Livre de poche, Tome 1 et 2, 1965.

Lorsqu’en 1850 il publie David Copperfield, Charles Dickens offre à ses
lecteurs le premier roman qu’il ait écrit à la première personne, et, derrière l’histoire de son jeune héros, c’est aussi parfois la sienne qu’on peut lire. Mais ce que dessinent surtout les douloureuses premières années, le dur apprentissage de la vie dans une fabrique, puis la fuite et l’errance picaresque du jeune Copperfield, c’est un roman de formation où le personnage se fait son propre biographe. Il arrive alors qu’on ne sache pas si le réel évoqué est celui que l’enfant vécut au présent ou celui que l’adulte revisite au passé. Car, d’épreuve en épreuve, c’est une nouvelle image de soi que le narrateur peu à peu reconstruit, avant de devenir lui-même, à la fin du livre, un écrivain semblable à celui qui, dès le début, a pris la plume pour raconter sa vie – et nous offrir ce qui est encore aujourd’hui le plus grand roman anglais du xixe siècle.

Je n'avais absolument pas prévu de lire ce pavé de 1000 pages durant le confinement. Mais quand ma tendre amie UnlivreUnthé m'a proposée une lecture commune, j'ai dit oui sans hésiter. Nous n'avions que ce roman en commun dans notre bibliothèque, on a donc choisi de le lire ensemble. Et quel délice! Je ne remercierai jamais assez mon amie pour m'avoir invitée à le découvrir. Le confinement m'a offert le temps de lire et j'ai pris un plaisir monstre à m'immerger dans ce texte riche et passionnant.

Je commence à avoir plusieurs lectures de Dickens à mon actif. C'est la septième fois que je le lis (sans compter certaines nouvelles de Noël que j'ai grignotées une année). Je crois que David Copperfield se hisse au rang de "roman préféré" de Dickens, suivi de très très près par De grandes espérances
Ce roman est extrêmement riche et il va m'être difficile d'en parler. Durant toute ma lecture, j'ai repensé à la touchante biographie de Marie-Aude Murail sur Dickens et j'ai revu ce brave Charlie faire des lectures publiques de ses œuvres. Je donnerais cher pour vivre cela! 
David Copperfield est l'oeuvre la plus autobiographique de Dickens et la vie de David ressemble sur certains points aux différentes expériences de Charles (on le voit jusqu'aux initiales du héros : D.C, l'inverse de Charles Dickens, C.D). Ce texte est très riche et foisonnant. Je ne me suis pas ennuyée une minute et j'ai parcouru les pages de ce roman avec passion. Mes passages préférés restent ceux de l'enfance de David. J'ai très souvent eu le cœur serré en lisant toutes ses mésaventures. Un début qui m'a énormément fait penser à Jane Eyre (un de mes romans favoris) dans son traitement des enfants orphelins et abandonnés dans d'hostiles et lugubres écoles. Lorsque David est adulte, mon intérêt ne s'est absolument pas émoussé, je vous rassure. J'ai, tout le long de l'oeuvre, eu beaucoup d'empathie pour David, cet homme sincère, intelligent et juste. Chaque chapitre est palpitant, on tremble, on sourit, on pleure. Ce que j'aime le plus chez Dickens (et que je retrouve beaucoup chez Dumas aussi), c'est sa maîtrise des émotions. Il peut nous faire rire franchement, tout en étant capable de nous faire pleurer à chaudes larmes. Un génie! Que j'ai ri mon Dieu! ... Mais comme j'ai eu la gorge serré aussi! David Copperfield est un torrent d'émotions. 
Comme tout bon Dickens, les personnages sont très nombreux. Mais autant cela m'avait posé problème lors de ma lecture de La maison d'Âpre-vent, autant ici, rien n'est confus et je ne me suis pas du tout perdue. La galerie de personnages est époustouflante.  Ils sont tous fascinants, même les hypocrites, même les mièvres, même les cruels. Mention spéciale à la tante de David! Cette femme est un bijou que je ne suis pas prête d'oublier. Un personnage littéraire inoubliable, drôle, farfelu, émouvant! Je l'ai souvent imaginé en Maggie Smith, telle la comtesse douairière Violet de Downton abbey

Un énorme coup de cœur donc pour ce livre. Je ne peux que vous dire de ne pas être freinés par les presque 1000 pages de cette oeuvre, elles se dévorent, s'engloutissent, se dégustent. 
" Je me rappelle que je songeai à tous les lieux solitaires où j'avais dormi sous le ciel nocturne, et je priai Dieu de me faire la grâce de ne plus me trouver sans abri et de ne jamais oublier ceux qui n'ont pas d'abri. Je me rappelle qu'ensuite il me sembla que je flottais le long du mélancolique et lumineux chenal tracé sur la mer, pour me perdre dans le monde des rêves ".
(Photos : Romanza2020)

1 commentaire:

Lilly a dit…

Il ne me tentait pas vraiment, mais entre ton billet et le lien que tu fais avec la superbe biographie de Murail (lue l'été dernier), je devrais peut-être revoir ma copie.
J'ai "Bleak House", j'espère moins m'y perdre que toi.