samedi 17 août 2019

" Qu'était-il dans ce monde d'ambitions? "

Illusions perdues
Honoré de Balzac

Folio, 2013.

Illusions perdues raconte le destin de deux amis, l'imprimeur David Séchard et le poète Lucien de Rubempré. L'un restera à Angoulême, l'autre partira pour Paris à la recherche de la gloire. Comédie des mœurs provinciales et parisiennes, fresque sur les milieux de la librairie, du théâtre et du journalisme à Paris aux alentours de 1820, ce roman est plus qu'un roman. Il est tous les romans possibles. En lui coexistent l'épopée des ambitions déçues, le poème lyrique des espérances trompées, l'encyclopédie de tous les savoirs. Avec Illusions perdues, Balzac nous donne le premier roman total, réflexion métaphysique sur le sens d'une société et d'une époque placées, entre cynisme et mélancolie, sous le signe de la perte et de la désillusion.

Je pense que je devrais principalement accuser mon manque de disponibilité comme seul responsable de cette lecture en demie-teinte. Cependant, je pense sincèrement que ce n’est pas le seul.
Je suis une habituée de Balzac. Je l’ai lu 17 fois, je l’aime passionnément et les pavés ne me font pas peur. Au contraire, j’en suis friande. Pourtant, même si j’ai aimé Illusions perdues (que je guettais depuis tant d’années), je ne peux pas vous dire que j’ai adoré … et mon esprit occupé de ces derniers mois n’est pas seul en cause.
Illusions perdues nous offre des pages sublimes typiquement balzaciennes. Croiser les différents personnages de La comédie humaine est littéralement un régal et ne donne qu’une envie, se précipiter sur les autres titres. J’ai aimé, comme toujours, la plume d’Honoré toujours juste et sublime. L’histoire m’a également touchée et je compte bien retrouver les personnages du roman dans la suite, Splendeurs et misères des courtisanes. Mais voilà … je le confesse j’ai trouvé l’ensemble très long et trop bavard. Oui, vous pouvez me flageller en place de Grève, que voulez-vous c’est ainsi ! J’en suis bien meurtrie. Je soutiens que mon manque de disponibilité a fait que j’ai eu une lecture hachée de ce texte. Ce qui n’a forcément pas aidé à rentrer complètement dans le roman. Mais il faut dire aussi que le monde dépeint par Balzac est complexe. Certaines pages sur le monde de l’édition et du journalisme m’ont perdue. La dernière partie fut vraiment difficile à lire. Quel dommage lorsque l'on voit avec quel plaisir j’ai lu la première partie du roman! Même si je ne me suis pas attachée à Lucien, bien trop inconstant pour moi, j’ai aimé le suivre dans Paris, ses mésaventures, ses amitiés et ses amours. J'ai été en colère comme lui, j'ai aimé et j'ai souffert. Mais la dernière et bien trop longue partie fut franchement difficile. Peut-être n'ai-je pas été à la hauteur de Balzac cette fois? Je le reconnais sans honte (enfin ... peut-être un peu!). 
Illusions perdues ne sera pas un de mes Balzac préféré. Je ne renierai jamais cet auteur que j'aime profondément. Honoré m'a une nouvelle fois prouvé son immense talent, mais ce roman est bien trop long. Quoi qu'il en soit je retrouverai Balzac avec plaisir ... comme toujours.
Vous croyez aux amis. Nous sommes tous amis ou ennemis selon les circonstances. Nous nous frappons les premiers avec l’arme qui devrait ne nous servir qu’à frapper les autres. Vous vous apercevrez avant peu que vous n’obtiendrez rien par les beaux sentiments. Si vous êtes bon, faites-vous méchant. Soyez hargneux par calcul. Si personne ne vous a dit cette loi suprême, je vous la confie et je ne vous aurai pas fait une médiocre confidence. Pour être aimé, ne quittez jamais votre maîtresse sans l’avoir fait pleurer un peu ; pour faire fortune en littérature, blessez toujours tout le monde, même vos amis, faites pleurer les amours-propres : tout le monde vous caressera. 
Illusions perdues, Balzac.

(Photos : Romanza2019)

Aucun commentaire: