Les brumes de l'apparence
Frédéric Deghelt
Babel, Actes Sud, 2015.
Quand un notaire de province lui annonce qu’elle hérite d’une masure au milieu de nulle part dans l’isolement d’une forêt, décidée dans l’instant à s’en débarrasser, Gabrielle (parisienne, quarante ans) s’élance sur les routes de France pour rejoindre l’inattendu lieu-dit, signer sans état d’âme actes de propriété et autres mandats de mise en vente, agir avec rigueur et efficacité.
Un paysage, un enchevêtrement d’arbres et de ronces à l’abandon, où se trouve blottie depuis des décennies une maison dont une seule pièce demeure à l’abri du ciel, dix hectares alentour, traversés par le bruissement d’une rivière et d’une nature dévorante. Tel est le territoire que découvre Gabrielle, insensible à la beauté étrange, voire menaçante, des lieux, après des heures de route.
Contrainte de passer la nuit sur place, isolée, sans réseau téléphonique, Gabrielle s’endort sans avoir peur. Mais son sommeil est peuplé de rêves, d’odeurs de fleurs blanches et de présences.
Dans les jours qui suivent, toutes sortes de circonstances vont l’obliger à admettre ce qu’elle refuse de croire : certains lieux, certaines personnes peuvent entretenir avec l’au-delà une relation particulière.
Tout comme pour La grand-mère de Jade me voilà bien embêtée.
Bien que plongée dans ce roman assez prenant, je ne vous cache avoir été souvent énervée par le style et l'écriture de Frédérique Deghelt.
Mon amour des classiques anglais m'a fait apprécier la lecture de cette étrange histoire gothique, pleine de bruits, de cris, de sangs et de secrets inavoués. J'ai toujours ouvert mon roman avec bonheur, emmitouflée sous ma couette. Frédéric Deghelt nous embarque dans l'histoire de Gabrielle, femme mûre, rationnelle et citadine. Etant amoureuse de la simplicité et de la beauté de la campagne, j'ai aimé voir Gabrielle se laisser convaincre par la magie de la nature. Sa belle masure me tendait les bras et j'ai bien eu envie de la rejoindre entre ces quatre murs douillets et réconfortants. Le roman est captivant, certaines scènes font froid dans le dos, d'autres font sourire ou serrent le cœur.
Pourtant, l'écriture ne m'a pas convaincue. Le temps employé rend le texte parfois superficiel. Je n'ai pas aimé l'emploi permanent du présent. Le texte manque de naturel. On aurait pu avoir la sensation que Gabrielle nous conte en direct son histoire, mais ça ne marche pas. L'emploi du présent nécessite selon moi une grande maîtrise de l'esprit humain, des émotions, un talent particulier pour avoir le mot juste. J'étais parfois à côté des émotions de l'héroïne.
L'ensemble de l'intrigue est trop téléphoné, trop rapide, peu crédible aussi dans les sentiments et dans les actes des personnages. J'ai trouvé la fin assez ridicule et sans lien avec le reste du texte. A croire que Frédérique Deghelt ne savait pas comment conclure. Les grandes tirades "masturbatrices" de Richard, assommantes et peu compréhensibles, ne m'ont pas passionnée. Quant au chapitre final, il aurait pu être beau, mais il est en décalage avec le reste du roman. Il est collé là, sans raison.
L'ensemble de l'intrigue est trop téléphoné, trop rapide, peu crédible aussi dans les sentiments et dans les actes des personnages. J'ai trouvé la fin assez ridicule et sans lien avec le reste du texte. A croire que Frédérique Deghelt ne savait pas comment conclure. Les grandes tirades "masturbatrices" de Richard, assommantes et peu compréhensibles, ne m'ont pas passionnée. Quant au chapitre final, il aurait pu être beau, mais il est en décalage avec le reste du roman. Il est collé là, sans raison.
Je suis bien triste d'être aussi dure avec un roman que j'ai pourtant lu avec plaisir et qui m'a transportée. Mais certains aspects de l'écriture m'ont agacée.
Un texte assez palpitant à lire, un univers envoûtant, original et agréable, mais, en ce qui me concerne, j'ai été gênée par la faiblesse du style et de l'écriture.
Un texte assez palpitant à lire, un univers envoûtant, original et agréable, mais, en ce qui me concerne, j'ai été gênée par la faiblesse du style et de l'écriture.
" Il y a un an, je ne connaissais ni cet endroit, ni Jean-Pierre, ni Richard. J'ai passé la soirée de mes trente-neuf ans dans un restaurant chic et branché avec quelques amis qui n'étaient pas les miens, mais ceux de Stan. Est-ce que je me rendais compte de ce ça peut être, offrir à quelqu'un quelque chose qui est réellement pour lui, une surprise à laquelle on a pensé en se demandant ce qui va pouvoir vraiment lui donner du bonheur ? "(Les brumes de l'apparence, Deghelt, abel, 2015, p290-291)
2 commentaires:
J'avais aussi beaucoup aimé l'ambiance de ce livre surprenant ! mais comme toi, la fin m'a laissée sur ma... faim. Par contre, je ne me rappelle pas avoir été gênée par l'usage du présent. Bon dimanche !
Mince... j'attendais ton avis avec impatience et espérais que tu me donnerais encore plus envie de le sortir de ma PAL mais je crains de partager tes réserves... je pensais le lire cet été, voyons voyons...
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