Le temps de l'innocence
Edith Wharton
J'ai lu, 1993.
Dans le New York flamboyant de la fin du XIXe siècle, Newland Archer est un jeune homme bien éduqué de la haute bourgeoisie. Promis à un avenir brillant, il est sur le point d'annoncer ses fiançailles avec la pure May Welland, quand, à l'Opéra, tous les regards se tournent vers une loge... L'apparition de la belle comtesse Olanska, la scandaleuse cousine de May qui a eu l'audace de quitter son mari et dont l'indépendance, en ce temps-là, est considérée comme impardonnable, va bouleverser sa vie. Comment, dans une société qui broie les êtres et sacrifie les amours, peut-on préserver l'innocence?
Après le terrible Chez les heureux du monde, le dramatique Ethan Frome et le pessimiste Été, Edith Wharton nous offre, avec Le temps de l'innocence, un roman tout en retenue et en délicatesse. Encore menée d'une main de maître, cette histoire humaine et bouleversante confirme tout l'amour que je ressens pour Edith Wharton.
Pas de tragédie, pas d'éclats de voix ou de larmes dans Le temps de l'innocence, mais des êtres qui tentent de contenir leurs émotions, de réussir à passer au-delà des convenances, sans jamais y arriver. Cette société, toujours très étouffante chez Wharton, devient une véritable prison pour Ellen et Newland. Incapables de résister à leurs sentiments, ils ne peuvent cependant devenir libres et restent enfermés dans leur cage dorée.
Le temps de l'innocence est un roman très complexe. Comme les trois autres romans de Wharton que j'ai lu, il nous offre une analyse fine de la psychologie humaine. Le trio Ellen/Newland/May mériterait une étude poussée. Entre la force de caractère et la maîtrise d'Ellen, la passion de Newland mais également son fort attachement à la bienséance et May, la vertueuse, la femme prévisible et parfaite, tout pourrait être analysé et décrypté. Les réactions des personnages, leurs attitudes, leurs paroles, ce qu'ils disent ... et surtout ce qu'ils taisent. Des scènes d'une beauté à couper le souffle, une tension sensuelle omniprésente, ... De la pure littérature.
C'est fin, beau, délicat, sans fioritures ni artifices. Edith Wharton écrit juste, écrit vrai. Ceux qui attendent de grandes scènes mélodramatiques, du sang et des larmes, passez votre chemin. Vous n'y trouverez que pudeur, délicatesse, réserve et silence.
" Ayant fait pour la centième fois le tour de cette âme succincte, il revint découragé à la pensée que cette pureté factice, si adroitement fabriquée par la conspiration des mères, des tantes, des grands-mères, jusqu’aux lointaines aïeules puritaines, n’existât que pour satisfaire ses goûtes personnels, pour qu’il pût exercer sur elle son droit de seigneur, et la briser comme une image de neige. Cette idée lui oppressait le cœur."
(Le temps de l'innocence, E. Wharton, J'ai lu, 1993)
(Source image : Mary Cassatt - Woman_with_a_Pearl_Necklace)
5 commentaires:
J'avais beaucoup aimé "les boucanières" et tu me donnes envie de lire ce titre également. Mis sur ma LAL ;-)
Et tant mieux!!!! J'ai noté Les boucanières il y a un moment aussi!
Je sens que je vais retrouver le charme " noir" de cet écrivain. J'avais beaucoup aimé E. Frome et Chez les heureux du monde ! J'ai hâte de retrouver son écriture
Je l'ai lu ado... mais je l'ai remis dans ma pile depuis... pour le relire!
Comme j'aime Edith Wharton et comme j'aime ce roman. C'est le premier d'elle que j'ai lu et j'ai depuis une admiration sans borne pour elle et son talent si fin et délicat dont tu parles si bien. Je te conseille l'adaptation de Scorsese qui respecte merveilleusement l'atmosphère du roman et qui est somptueux.
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