Mildred Pierce
James M. Cain
Imaginaire Gallimard, 2009.
Mildred Pierce, petite femme aux yeux bleus limpides, décide de se séparer de son mari. Pour gagner sa vie, et celle de ses filles, elle vend les " pies " faits maison, travaille comme serveuse, puis, comme cela ne suffit pas aux yeux de sa fille aînée Véda, ouvre son propre restaurant. Mildred fait aussi la connaissance de Monty Beragon, un jeune et élégant oisif, devient sa maîtresse et, lorsqu'il est ruiné, l'entretient. Or, pendant ces années de lutte, Véda grandit et devient une rivale redoutable au caractère orgueilleux, cupide et méprisant... Mildred Pierce tient une place particulière dans l'oeuvre de James M. Cain : c'est un roman de moeurs, une critique sociale, et un portrait de femmes particulièrement réussi, émouvant et drôle.
(Edition vendue avec l’adaptation cinématographique de Michael Curtiz (1945) avec Joan Crawford.)
Voici un sublime roman, chers amis, et un gros coup de coeur. C'est dit!
Étoffons un peu cet avis certes spontané et sincère mais bien trop mince et ne rendant pas justice au bouleversant roman de James M. Cain.
Je deviens de plus en plus amoureuse de la littérature classique américaine. Je ne suis pas attirée par le territoire étasunien actuel et ce n'est que très récemment que l'Histoire et la société américaine m'ont intriguée et intéressée. En lisant Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur, Gatzby le magnifique, Le temps où nous chantions et d'autres textes, j'ai compris à quel point la littérature américaine possédait de vraies qualités et une véritable personnalité. Ma collection de romans étasuniens grandit de jour en jour et j'en suis ravie.
Je n'avais jamais entendu parlé de James M. Cain jusqu'au Salon du livre de mars dernier où une amie venant d'achever Mildred Pierce me le conseilla absolument. Elle m'a appris par la même qu'il était l'auteur du célèbre Le facteur sonne toujours deux fois. Je me suis laissée tenter et je l'ai ramené dans mes bagages.
Mildred Pierce est un roman cruel, violent, dur. Pourtant, il commence comme une comédie. Le ton dans les premières pages est assez drôle, ironique, distant. On n'imagine pas à quel point l'histoire de Mildred Pierce sera tragique. Le roman s'ouvre sur une dispute fatale entre Mr et Mrs Pierce. Le couple se sépare. Mildred devra travailler pour vivre et faire vivre ses deux filles, Véda et Ray. Alors que la cadette est douce et souriante, l'aînée est capricieuse, cruelle et égoïste. Toute la vie de Mildred tournera autour de Véda. Ses choix, ses ambitions, ses sacrifices, elle fera tout pour rendre sa fille aînée heureuse et fière. En vain ... Rien ne sera suffisant! Cupide et égocentrique, Véda ne sera jamais satisfaite. Mildred Pierce, c'est l'histoire d'un amour passionné. Mais là où James M. Cain se détache d'une simple histoire sentimentale, c'est qu'il prend non pas deux amants comme protagonistes, mais une mère et sa fille. La question de l'amour maternel et filial est posée. Peut-on aimer malgré tout? Peut-on pardonner, fermer les yeux sur les actes de nos enfants? Est-on responsable de leurs choix, leurs agissements? L'amour d'un enfant pour sa mère est-il une chose naturelle, acquise, instinctive? Ce roman fait mal car il touche l'univers familial, les émotions les plus primaires, ...
Mildred est profondément humaine. On s'attache à elle, on la prend en pitié malgré ses défauts évidents et ses multiples erreurs. Véda est une peste merveilleuse. La garce incarnée. Nellie Olson n'est rien comparée à elle. Ses tirades m'ont laissée sans voix, ses exigences m'ont sciée les jambes. J'ai eu envie de lui enfoncée très fort les pouces dans les yeux (oui, je sais, je suis cruelle ... mais elle le vaut bien).
Ce roman se dévore, s'avale, se gobe. On l'engloutit d'une traite. Ce n'est pas un pavé et pourtant, lorsqu'on le referme, on a la sensation d'avoir vécu des années auprès de Mildred. C'est un roman riche. Je pense qu'il y aurait mille choses à dire sur la psychologie des personnages, sur la satire sociale, ... mais honnêtement, je ne me sens pas à la hauteur. Avec une écriture d'une extrême simplicité et une intrigue très prenante, James M. Cain nous conte une histoire complexe, profonde et dure.
Avec Mildred Pierce, nous passons du rire ou larmes, de la rébellion à l'attendrissement, de la passion à la haine. Une sublime et tragique histoire. Inoubliable et géniale.
L'édition Gallimard accompagne ce roman de l'adaptation de Michael Curtiz de 1945. Je la regarde très rapidement et vous reviens avec un avis.
Pour vous donner encore plus l'eau à la bouche et l'envie de vous jeter sur ce roman, voilà les deux trailers de la nouvelle adaptation (2011) avec l'excellente Kate Winslet : ici et là. Il faut absolument que je mette la main dessus.
Mon avis sur les adaptations : celle de 1945 et celle de 2011.
" - Tu avais raison, chérie, et j'avais tort. Ne fais pas attention à ce que je dis, à ce que les autres disent, n'abandonne jamais cet orgueil, cette manière que tu as d'envisager les choses! Je souhaiterais tant l'avoir ... Ne l'abandonne jamais.
- Je n'y peux rien, maman. Je suis ainsi.
- Et puis, il y a autre chose ce soir.
- Raconte-moi.
- Rien à raconter. Seulement maintenant je sens, je sais qu'à partir de maintenant, tout va s'arranger pour nous. Nous aurons ce que nous voudrons. Peut-être ne serons-nous pas riches, mais ... nous réussirons. Et ce sera grâce à toi. Tout ce qui arrive d'heureux, c'est toujours grâce à toi, si maman avait assez de bon sens pour ne pas l'oublier.
-Oh, maman, je t'adore. C'est vrai, tu sais.
- Dis-le encore ... Dis-le, juste une fois .... "
(Mildred Pierce, James M.Cain, Imaginaire Gallimard, 2009, p122).
9 commentaires:
J'ai le DVD de l'adaptation avec Kate Winslet (une actrice que j'apprécie beaucoup), mais je ne l'ai pas encore regardé. Quant à la version avec Joan Crawford, je l'ai vue quand j'étais ado, et j'avais adoré !
J'adore également Kate Winslet! Tous ses rôles sont sublimes, elle ose, elle choque, elle bouleverse ... Elle a une façon de pleurer à l'écran qui est sublime!!!! Et son visage si particulier : une digne héritière des grandes légendes Hollywoodiennes!
Je regarde la version avec Joan Crawford aujourd'hui même. Je reviens en parler!
J'ai le facteur sonne toujours deux fois dans ma PAL depuis un moment... J'avoue que j'aimerai moi aussi découvrir davantage de classiques américains... PS : J'ai beaucoup aimé Ethan Frome !
Maggie, je suis heureuse qu'"Ethan Frome" t'ait plu ...
Je te conseille vraiment "Mildred Pierce"
Je crois que j'ai une version livre + DVD, achetée peu de temps avant mon déménagement, je ne sais plus trop où je les ai mis mais tu me donnes envie de les sortir de ma PAL !
Lou : Et je t' encourage grandement!
Je viens d'investir dans ce livre +DVD, je suis certaine que je vais être aussi conquise que toi.
Lilly : je l'espère en tout cas!
Hon sirop, je note avec grand intérêt.
Enregistrer un commentaire