samedi 14 décembre 2019

Par ma queue de coton, je n'en crois pas mes yeux!

Watership down
Richard Adams
Monsieur Toussaint louverture, 2016.

" La terre tout entière sera ton ennemie. Chaque fois qu'ils t'attraperont, ils te tueront. Mais d'abord, ils devront t'attraper ..."
Dans la garenne de Sandleford, Fyveer, un jeune lapin qui possède des dons de voyance, a une vision effrayante relative à la destruction imminente de sa garenne. Son frère Hazel et lui ne parviennent pas à convaincre leur Maître Lapin de la nécessité de fuir, ils se mettent alors en route de leur propre chef avec un petit groupe de onze lapins pour chercher un nouveau foyer, et échappent de justesse à la Hourda, la caste militaire de la garenne.

Cela fait plusieurs mois que je lorgne sur ce roman. J'ai mis du temps à le lire, mais uniquement parce que je manquais de temps. J'ai aimé ce livre, j'ai aimé gambader sur la colline et braver les dangers.

Watership down est célèbre dans le monde littéraire. Ecrit dans les années 70, ce texte raconte l'histoire d'un groupe de lapins qui cherchent à créer une nouvelle garenne. Richard Adams a créé tout un monde à la manière des auteurs de fantasy. Dès les premières pages, c'est au lecteur de faire son choix. Vais-je embarquer ou rester au seuil de cette histoire absurde? Le choix a été vite fait pour ma part. M'imaginer en lapin bondissant ne fut pas une tâche difficile. 
Je suis épatée par l'univers créé par Adams. Nous plongeons dans un monde à la frontière du naturalisme et du fantastique. J'ai appris beaucoup de choses sur le mode de vie des lapins, tout en embarquant totalement dans cette cosmogonie incroyable imaginée par l'auteur. Richard Adams invente une religion, une langue, une philosophie "lapines", bluffantes de complexité. Ce roman est écrit dans une langue simple et facile pourtant il est infiniment fouillé et riche. Il y aurait tant à dire sur Watership down qu'un article de blog sans prétention n'en arriverait pas à bout. Je pourrais parler du rapport à l'Homme, le lien avec la nature, des sublimes comparaisons avec la société humaine, des relations entre êtres vivants, ... bref, Watership down est un monument. Je suis bien embêtée de ne pas avoir quelqu'un en face de moi avec qui en discuter. J'aimerais discuter d'Effrefa, mais également de la première et si glaçante garenne que nos compagnons croisent, parler d'Hazel, de Bigwig ou de Fyvver. 
Je n'irai pas jusqu'à dire que ce texte est une révélation ou un coup de cœur. Cependant, c'est une expérience littéraire unique, un roman qui aborde des sujets essentiels, un livre que l'on n'oublie pas, auquel on pense et repense. Durant toute ma lecture de cette oeuvre et pendant mes longs trajets quotidiens au milieu des bois, j'ai pensé à mes petits héros à la queue de coton. J'imaginais la suite de leurs aventures, tremblais pour eux lorsque je croisais un renard sur la route, songeais à leur fourrure toute mouillée les jours de pluie ... C'est un roman qui fait rêver ... N'est-ce pas la définition même d'un bon livre? 
Watership down est un GRAND livre
" Les hommes n'ont pas conscience que le jour n'est pas celui qui chasse la nuit. Pour eux, même lorsqu'elle est voilée de nuages, la présence du soleil est l'état naturel de la terre et du ciel. Quand ils pensent aux collines, ils ne les imaginent pas dans l'obscurité, de même qu'ils ne se représentent jamais un lapin sans fourrure. Ils oublient le squelette sous la chair, ils oublient le clair de lune et prennent le jour pour acquis, alors que celui-ci ne fait pas partie des collines. Le clair de lune est inconstant, il décroît puis croît à nouveau. Les nuages peuvent l'obscurcir bien plus qu'ils n'obscurcissent le soleil. On ne peut vivre sans eau, mais on peut se passer de cascades. Elles sont jolies, elles sont un luxe. On a besoin du jour, il est donc utile, mais pas du clair de lune. Quand il descend, il ne satisfait aucun besoin. Il transforme. Il se pose dans les vallons et sur les prairies, et distingue la longue tige de la voisine ; d'un seul monceau de feuilles couvertes de givre, il fait une myriade d'éclats étincelants ; il file son trait tremblant le long des branches humides comme si la lumière elle-même était malléable. "
(Watership down, R. Adams)
(Photos : Romanza2019)

2 commentaires:

FondantGrignote a dit…

Heureuse que tu aies aimé ! j'avais été conquise aussi :-) Belles fêtes de fin d'année !

Anonyme a dit…

Je savais que c'était un livre pour toi ;-)